I.. steak haché sans bœuf et des lardons sans cochon, mais à base de protéines végétales ! Et tandis que la Californie inaugure une école 100% végétalienne, la France s’interroge, sous l’égide du député UDI Yves Jégo qui veut rendre obligatoire un menu végétarien dans les cantines scolaires. Désormais, les labels écologiques sont rattrapés par des marques traditionnelles qui déclinent leurs gammes en grande surface. Parallèlement au lancement d’ice tea ou de biscuits sans sucre qui surgissent ici ou là, le « gluten free » tient lieu de locomotive. Il bénéficie même de rayons entièrement dédiés. « Selon nos chiffres, ce marché va atteindre 7 milliards de dollars en 2019 dans le monde. Au regard de l’agroalimentaire qui représente 180 milliards d’euros rien qu’en France, c’est une niche. Mais le secteur connaît une croissance mondiale de 10% par an, comme le bio au départ, et l’offre explose », constate Sophie Reynal. Surtout aux états-Unis qui détiennent, loin devant les autres pays, près de 60% du marché sans gluten. « C’est parce qu’ils sont allés très loin dans le « no limit » que les Américains sont aujourd’hui les précurseurs du veggie et du sans gluten », avance Noélie Viallet, auteure du Guide des USA à Paris (éd. du Chêne) et rédactrice en chef du site Paris New York TV. De retour d’un séjour à New York, cette consultante pour une so- < 2% de malades cœliaques (intolérants au gluten) dans le monde (source : Nutrimarketing). Of the world population has celiac disease (gluten intolerance) (source : Nutrimarketing). aLain WacQUier/fotoLia 78 - paris WorldWide novembre/décembre november/december 2015 ciété indépendante qui conseille des enseignes de grande distribution, a devancé la poussée de fièvre hexagonale : « Quand je leur ai suggéré de se pencher sur la question du gluten, ils m’ont répondu que c’était trop anecdotique. Sauf qu’en deux ans, ça a poussé partout à Paris ! » Un marché juteux, au regard des prix pratiqués par les marques. Selon l’enquête menée pour le magazine UFC-Que choisir, les produits sans gluten coûtent en effet deux à cinq fois plus cher que les autres. à cela, plusieurs raisons objectives : d’abord, parce que les substituts, comme la farine de riz contre celle de blé, ont un coût de production bien supérieur à ce qu’ils remplacent, ensuite parce qu’il faut ouvrir des usines spécifiques pour éviter les contaminations croisées (que des résidus de farine de blé ne se retrouvent dans celle de riz, par exemple). Toutefois, certains segments restent embryonnaires à l’instar des crèmes ou dentifrices dénués de paraben, et plus encore des écoute-bébés sans ondes comme des vêtements et téléphones sans fil antiradiations. Les choses évoluent progressivement – trop lentement pour certains – dans tous les secteurs. Ils permettent à chacun de prendre conscience de l’intérêt du discours des « sans », rattrapés par ceux qui prônent le « moins ». Une autre tendance à ne pas négliger. Le retour à l’essentiel pourrait bien être la devise de l’année. 0 4% C’est la prévalence de l’allergie aux fruits à coques chez les enfants de 1 à 3 ans en France (source : Ciriha). The prevalence of nut allergies in children between the ages of one and three in France (source : CIRIHA). iMaGeMore/GettyiMaGes |