au détriment de la santé des utilisateurs. Son rejet tient à la découverte que des produits cachés peuvent être dangereux. C’est la conséquence des informations données au grand public », explique-t-elle. Une expérience menée sur un échantillon de personnes par Michael Witthöft, chercheur à l’Université Johannes Gutenberg en Allemagne, a montré les effets anxiogènes de l’avalanche de données déversées sur le Net et dans les médias. Au départ de cette étude, une interrogation : « Les mises en garde des médias sur les effets nocifs de la vie moderne sont-elles autoréalisatrices ? » Pour y répondre, des volontaires ont été placés devant un reportage télé alarmiste diffusé sur la BBC, puis on leur a demandé de tester un nouveau type d’antenne – en réalité inerte – en appuyant sur un bouton marqué Wi-Fi. Résultat, ils ont ressenti des douleurs plus vives que ceux qui n’avaient pas vu le film. Quand l’éthique prime Alors, tous individualistes ? Il arrive que d’autres motivations, plus collectives, entrent en jeu. Pour certains végétariens, par exemple, ne pas manger de viande n’est pas seulement un choix personnel, c’est d’abord une question éthique. Critiques vis-àvis de l’élevage et de l’abattage industriels, ceux-là défendent le bien-être animal et vont jusqu’à refuser d’instaurer une hiérarchie entre les hommes et les bêtes. Aux états-Unis, le philosophe Peter Singer fait partie des fondateurs de l’antispécisme, qui prône l’égalité entre toutes les espèces. En février 2015, il publiait dans The Guardian une tribune dans laquelle il rappelait que « dans les années 1970, pour être végétarien, il fallait être excentrique ». Quarante ans plus tard, le regard sur les végétariens a beaucoup changé. Pour preuve, le New York Times titrait récemment « Les vegan deviennent glamour ». On ne peut pas en dire autant des détracteurs de l’huile de palme utilisée dans le Nutella. Mais ce combat s’ap parente lui aussi à une croisade écologique. « Le sans huile de palme est une démarche très franco-française, liée au scandale de la déforestation en Indonésie révélé par Greenpeace. Quasiment tous les autres pays sont passés en huile de palme durable », affirme Sophie de Reynal, directrice marketing chez Nutrimarketing. « Les militants ne représentent qu’un petit courant », nuance toutefois Pascale Hébel. Alors pourquoi un Français sur trois annonce-t-il vouloir diminuer sa consommation de viande d’ici à six mois ? « La raison première est liée au prix de cette denrée. Le fairevaloir écolo – « c’est meilleur pour la planète » – Les mises en garde des médias sont-elles autoréalisatrices ? Are the media’s warnings selffulfilling ? 76 - paris Worldwide novembre/décembre november/december 2015 n’arrive qu’après », suggère-t-elle. C’est un peu pareil pour les « sans voiture », très présents dans les grandes villes françaises. Que 60% des Parisiens ne possèdent pas de véhicule et que de nombreux jeunes ne passent plus le permis ne traduit pas forcément un choix éthique. « Si ces tendances se diffusent et durent, c’est parce qu’elles touchent par-delà le courant écologique, résume Pascale Hébel. La crise économique a fait émerger de nouvelles valeurs : le ras-le-bol de la surconsommation et le retour à plus de simplicité. » S’adapter aux besoins des « sans » Dans un tel contexte, de nouvelles agences de conseil éclosent, les rayons s’étoffent et se spécialisent, des restaurants proposent des menus adaptés, des boulangeries fabriquent du pain sans farine de blé. Et la première boucherie sans viande de France vient même d’ouvrir dans le 12 e arrondissement de Paris. Dans la vitrine, du le clan des déconnectés THE TRIBE OF THE DISCONNECTED Des zones sans téléphone portable ni tablette ? C’est l’idée qui a germé dans l’esprit de l’artiste Ivan Cash. Agacé par le spectacle quotidien de tant d’yeux rivés sur leurs écrans, il a installé dans plusieurs lieux publics de San Francisco des panneaux « No Tech-Zone » qui menacent – pour de faux – les contrevenants d’une amende de 300 dollars. De quoi faire réfléchir les accros aux nouvelles technologies. Alors que le burn-out guette, une partie de la population mondiale a choisi de s’en passer. Un mouvement qui fait des émules, au point que l’on voit fleurir des stages de sevrage en pleine nature, tandis que des hôtels et centres de thalasso se mettent à l’heure de la digital detox. Et si on débranchait ? Mobile phone and tablet-free areas ? This is the idea that came to artist Ivan Cash. Annoyed by the spectacle of people riveted to their screens, he installed « No-Tech Zone » panels in several public places in San Francisco, threatening offenders with an imaginary $300 fine. Food for thought for technology addicts. With total burn out looming, a portion of the world population has decided to do without. There are « withdrawal courses » offered in natural settings, or hotels and spas with « digital detox » packages. What if we allunplugged ? |