Comment es-tu devenu pilote de bobsleigh ? J'ai commencé le bobsleigh en 2011. J'ai été recruté pour rentrer dans l'équipe de France de bobsleigh en tant que pousseur. Trois ans après ma première course, mon équipe s'est qualifiée pour les JO de Sotchi. En 2015, j'ai changé de cap en voulant apprendre à piloter. Dans cette discipline, la plupart des compétiteurs comme moi sont des semi-professionnels. Je passe 42,5% de mon temps dans une activité professionnelle. Le statut est amateur mais on a une vraie approche professionnelle avec un calendrier sportif très précis : en compétition et en entrainement d'octobre à mars et en préparation physique l'été. En tant que pousseur tu m'as dit qu'il fallait pousser fort et courir vite, tu nous expliques ? La phase de poussée dure 5 secondes sur 50 mètres, il faut donc être explosif ! C'est comme un sprint. Les qualités d'un pousseur sont la capacité à savoir déplacer des charges lourdes et à être rapide. Pour un pousseur de 100kg, je cours vite le 100 mètres, avec un record de 11 secondes 20. K La première fois que j’ai dépassé les 149km/h, j'avais l'impression de voler IN Et en tant que pilote, quel est son rôle ? Il y a 15 à 20 virages dans une piste olympique. Une descente dure environ un minute, poussée et descente comprises. Le bobsleigh descend en moyenne à 130km/h avec des pics possibles à 150km/h. Une fois dedans, toute l'équipe doit tenir les trajectoires, mais c'est à moi de gérer les virages avec une commande précise des deux patins avants. L'objectif : maximiser 36# INFOSNEWS/PARADISKI + DE SPORTS Romain Heinrich PORTRAIT Jeune pilote de bobsleigh français, Romain Heinrich représente la France et La Plagne sur les circuits mondiaux depuis 2011. À l'origine sportif de haut niveau en lancé de poids, c'est en tant que pousseur qu'il rentre dans la grande famille du bobsleigh, pour finalement passer aux commandes en tant que pilote ! les trajectoires pour aller le plus vite possible sans se renverser... Quelles sont tes qualités requises à ce poste ? Faire preuve de sang-froid. Un pilote a une à deux secondes pour prendre une décision dans un environnement très extrême. En 4 secondes on passe de 50km/h à 130km/h. La force centrifuge de l'engin peut atteindre 6G. Par exemple sur un bob à 4 qui pèse 210kg, la force centrifuge lui fait peser le poids de 630kg. Au début je suis explosif pour la poussée, puis dès que je suis aux commandes du bobsleigh il faut immédiatement se calmer pour piloter précisément. Qu'est-ce qu'une bonne course en bobsleigh ? Pour réussir une course il y a trois facteurs : la poussée, le pilotage et l'aérodynamisme du bobsleigh. La poussée représente 30% de la victoire. Le matériel est aussi primordial. Au niveau mondial, entre la 1 e équipe et la 13 e il n'y a qu'environ 1,60 seconde d'écart en moyenne après 4 fois une minute de descente. Chaque seconde gagnée en poussée et en trajectoire est donc un pas vers la victoire. Quels souvenirs ont marqué ta jeune carrière ? Notre 9 e place au championnat d'Europe à Igles en Autriche. Ce jour-là on a fait de très belles performances sur les dernières courses et à l'arrivée je savais qu'avec ce résultat on se qualifiait d'office pour les JO de Pyeongchang. J'ai aussi un souvenir d'une émotion très forte la première fois que j'ai dépassé les 149 km/h, c'était au Canada sur la piste de Whistler. Toutes les transitions se passaient à merveille, j'avais l'impression de voler. Parle-nous de tes podiums. Quels sont tes objectifs cet hiver ? Depuis mes débuts dans ce sport, j'ai décroché 8 médailles en circuit Coupe Europe, 5 en tant que pilote, 3 en tant que pousseur. Mes bons résultats en circuit Coupe de Monde de 2017 m'ont permis de me qualifier pour le JO de Pyeongchang, où notre duo avec le pousseur Dorian Hauterville a fini 13e. Pour les prochaines années, les objectifs sont bien sûr olympiques : se qualifier et grimper sur un podium serait une belle récompense ! (M.O.) |