14 Paradiski Infosnews Dans les yeux de.. I.i 4 Jean-François Grognet Jean-François en tenue LES ARCS Né au village de Montrigon, petit hameau situé sur les hauteurs de Bourg Saint Maurice desservi par son funiculaire, Jean-François revient pour nous sur son enfance et sa carrière de moniteur à l'ESF d'Arc 1800. Un récit passionnant porté par un regard bienveillant sur une vie passée en montagne. Montrigonais pure souche, racontez-nous votre enfance dans ce hameau. Mes parents étaient paysans, mon père a travaillé sur le barrage de Tignes et aux remontées mécaniques des Arcs. Il a d'ailleurs fini sa carrière au téléphérique qui reliait Bourg Saint Maurice à Arc 1600 avant qu'il ne soit remplacé par le funiculaire à la fin des années 1980. Ma mère, quant à elle, a décidé de monter aux Granges (petit hameau situé juste au-dessus du nôtre) en 1960-61 pour ouvrir le bar restaurant des Deux Têtes à l'intermédiaire du télésiège reliant Bourg Saint Maurice à Courbaton. C'était le premier bistrot sur les pistes dans cette aventure que fut Les Arcs. Comment était la vie autrefois ? Il n'y avait pas de route jusqu'à ce hameau des Granges. Pour que les gens se rendent chez nous ou pour monter la nourriture, il n'y avait que le télésiège et/ou le ski, jusqu'en 1969 quand fut construite la route des Arcs. Moi j'avais 6-7 ans et j'aidais mes parents. On avait toujours les bêtes qui produisaient le lait et les œufs que l'on vendait aux vacanciers, ma mère préparait les légumes de son jardin au restaurant. Les gens étaient autonomes autrefois. Hormis le sel et le sucre, mes parents produisaient presque tout ce dont ils avaient besoin : en nourriture, comme en matériaux pour leur maison... Jean-François en tenue de moniteur à ses débuts Plus tard, vous êtes devenu moniteur de ski ? Au collège, je faisais partie du ski club l'Arbalette. Passionné de ski, j'ai obtenu mon monitorat après deux saisons passées comme perchiste, et j'ai intégré l'ESF d'Arc 1800 à 20 ans. Voilà 42 ans cette année que j'enseigne le ski. Et comme beaucoup de personnes ici, je pratique une double activité le reste de l'année. Pendant longtemps, j'ai été "aide familial" pour mes parents puis je suis ensuite devenu artisan dans la rénovation, avec une spécialité pour le bois. J'ai d'ailleurs rénové une vieille grange à Montrigon avec mon père et mon frère, « la maison de chez Jean », l'ancien propriétaire... c'est comme ça qu'on appelait les maisons avant, du nom de leur propriétaire. C'est aujourd'hui ici que nous vivons avec ma femme. Quel regard portez-vous sur les bouleversements économiques et touristiques que vous avez connus dans la région ? Ici, avant l'avènement des stations de ski, nous avons vécu une petite révolution lorsqu'a été construit le barrage de Tignes. Ça a créé de l'emploi, des gens venaient travailler chez nous, mes parents louaient une partie de la maison pour les ouvriers qui travaillaient sur le barrage. Ce fut une véritable manne financière et un frein à l'exode des jeunes. Puis, il y a eu la création des Arcs qui a changé le visage de notre vallée. |