Paradiski Infosnews n°112 avr/mai/jun 2018
Paradiski Infosnews n°112 avr/mai/jun 2018
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°112 de avr/mai/jun 2018

  • Périodicité : irrégulier

  • Editeur : Sarl SDGB

  • Format : (170 x 245) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 25,5 Mo

  • Dans ce numéro : le printemps du ski.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
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14 Paradiski Infosnews Dans les yeux de.. I.i 4 Jean-François Grognet Jean-François en tenue LES ARCS Né au village de Montrigon, petit hameau situé sur les hauteurs de Bourg Saint Maurice desservi par son funiculaire, Jean-François revient pour nous sur son enfance et sa carrière de moniteur à l'ESF d'Arc 1800. Un récit passionnant porté par un regard bienveillant sur une vie passée en montagne. Montrigonais pure souche, racontez-nous votre enfance dans ce hameau. Mes parents étaient paysans, mon père a travaillé sur le barrage de Tignes et aux remontées mécaniques des Arcs. Il a d'ailleurs fini sa carrière au téléphérique qui reliait Bourg Saint Maurice à Arc 1600 avant qu'il ne soit remplacé par le funiculaire à la fin des années 1980. Ma mère, quant à elle, a décidé de monter aux Granges (petit hameau situé juste au-dessus du nôtre) en 1960-61 pour ouvrir le bar restaurant des Deux Têtes à l'intermédiaire du télésiège reliant Bourg Saint Maurice à Courbaton. C'était le premier bistrot sur les pistes dans cette aventure que fut Les Arcs. Comment était la vie autrefois ? Il n'y avait pas de route jusqu'à ce hameau des Granges. Pour que les gens se rendent chez nous ou pour monter la nourriture, il n'y avait que le télésiège et/ou le ski, jusqu'en 1969 quand fut construite la route des Arcs. Moi j'avais 6-7 ans et j'aidais mes parents. On avait toujours les bêtes qui produisaient le lait et les œufs que l'on vendait aux vacanciers, ma mère préparait les légumes de son jardin au restaurant. Les gens étaient autonomes autrefois. Hormis le sel et le sucre, mes parents produisaient presque tout ce dont ils avaient besoin  : en nourriture, comme en matériaux pour leur maison... Jean-François en tenue de moniteur à ses débuts Plus tard, vous êtes devenu moniteur de ski ? Au collège, je faisais partie du ski club l'Arbalette. Passionné de ski, j'ai obtenu mon monitorat après deux saisons passées comme perchiste, et j'ai intégré l'ESF d'Arc 1800 à 20 ans. Voilà 42 ans cette année que j'enseigne le ski. Et comme beaucoup de personnes ici, je pratique une double activité le reste de l'année. Pendant longtemps, j'ai été "aide familial" pour mes parents puis je suis ensuite devenu artisan dans la rénovation, avec une spécialité pour le bois. J'ai d'ailleurs rénové une vieille grange à Montrigon avec mon père et mon frère, « la maison de chez Jean », l'ancien propriétaire... c'est comme ça qu'on appelait les maisons avant, du nom de leur propriétaire. C'est aujourd'hui ici que nous vivons avec ma femme. Quel regard portez-vous sur les bouleversements économiques et touristiques que vous avez connus dans la région ? Ici, avant l'avènement des stations de ski, nous avons vécu une petite révolution lorsqu'a été construit le barrage de Tignes. Ça a créé de l'emploi, des gens venaient travailler chez nous, mes parents louaient une partie de la maison pour les ouvriers qui travaillaient sur le barrage. Ce fut une véritable manne financière et un frein à l'exode des jeunes. Puis, il y a eu la création des Arcs qui a changé le visage de notre vallée.
Mars 1973 B A eux LE TÉTÉS-ter TÉT-..., tirOder ""ellterte Ur.4 Bar des Deux Têtes, années 1990 ‘.1 Bar des Deux Têtes, années 1990 Jean-François Bar des Deux Têtes, avril 1970 Bar des Deux Têtes, avril 1970 Justement que diriez-vous de la construction des Arcs, de ce que cela a apporté à votre vallée ? La création d'une station c'est une énorme machine qui se met en route, qui crée de l'emploi et attire du monde. De la vie que je menais, je constate que nous avons un peu perdu la maîtrise de nos relations. Tous les corps de métiers  : pisteurs, perchistes, moniteurs... se retrouvaient au bar de ma mère. Il y avait un parfum d'aventure qui s'est petit à petit transformé au profit d'un cadre de vie plus aisé, plus facile avec certainement plus d'opportunités. De petits villages, nous sommes passés à de petites villes en hiver et les gens du pays se sont un peu dilués dans la masse. Ce qui est sûr aujourd'hui, c'est que nous sommes probablement un peu déphasés dans notre région par rapport à la vie normale  : c'est plus facile ici, il y a du travail, on côtoie des gens en vacances, on bénéficie d'outils fantastiques comme le funiculaire, je peux descendre chaque soir chez moi en ski... De chacune de ces vies, d'hier et d'aujourd'hui, de bonnes choses sont à retenir. Et que penser de l'évolution du matériel de ski, justement dans votre métier... Que ce soit sur les pistes damées, au niveau des remontées mécaniques ou dans le matériel que l'on a aux pieds, le progrès est considérable. La conséquence  : contrairement à avant où les gens pouvaient rester sur des ateliers d'initiation en bas des pistes pendant plusieurs jours, ces mêmes vacanciers veulent directement monter au sommet aujourd'hui, sans forcément savoir skier ! Une anecdote de votre enfance à partager ? Lorsque nous habitions à Montrigon, la classe était donnée aux Granges. J'avais 6 ans et nous montions à pied pour redescendre le soir en luge jusqu'à la maison avec les copains. Ce sont des souvenirs de gosse qui m'ont marqué, et qui seraient impensables aujourd'hui. en tenue de moniteur Jean-François en tenue de moniteur Et parmi tout ce que vous avez à nous raconter sur les skis, quel souvenir vous vient à l'esprit ? J'étais avec mon collègue Damien, c'était un jour de cours où la météo était mauvaise, et toutes les remontées étaient fermées. Nous sommes descendus d'Arc 1800 à Arc 1600 avec notre groupe par la piste du Golet pour essayer ensuite de descendre aux Granges. Mais la neige etait tellement humide et abondante qu'il était impossible de skier. Alors avec Damien, nous avons fait la trace à pied pour notre groupe de débutants... Ça faisait une bonne trotte et on s'enfonçait sérieusement dans la neige, mais que de franches rigolades en arrivant au bar avec le groupe. Et cette fois où mon groupe avait loué des skis évolutifs dans plusieurs shops de la station. Ces skis avaient la particularité d'être exactement les mêmes. Pour rejoindre Arc 1800 nous avons pris une navette et mis tous les skis à l'arrière. En arrivant chacun est reparti avec une paire qui n'était pas forcément la sienne ! J'ai dû faire le tour des magasins pour récupérer les numéros de chaque paire de skis afin qu'elles soient ramenés à bon port ! (J.B.) Through the eyes of... Jean-François Grognet Born in the village of Montrigon, a small hamlet situated on the heights of Bourg Saint Maurice, accessible via the funicular, Jean François Grognet had an exceptional childhood. He went to school in the hamlet Les Granges. He left home on foot in the morning and sledged home in the evening. Jean François became a ski instructor at the ESF ski school of Arc 1800 at the age of 20. In winter, Jean François still works as a ski instructor and in summer he is a craftsman specialised in renovations. Paradiski Infosnews 15



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