16 societe « Face à la liberté, l'efficacité apparente et l'extrême réactivité du monde numérique, l'immersion dans le monde de l'entreprise est un choc pour le digital native, qui découvre des notions quasiment absentes sur le net : la hiérarchie, les process, le contrôle, les interdictions (utilisations de MP3, du mobile, Facebook et chat), la division des tâches, leur exclusivité professionnelle… ». Voilà le genre de constat désormais répandu dans les enquêtes sur les jeunes de la génération Y, nés entre 1978 et 1990, après la génération X (les 35- 50 ans) et les papyboomers. L’entreprise, lieu de l’arbitraire ? ` ` La génération Y en question La génération Y c’est vous, les jeunes adultes nés dans les années 80. Selon de multiples enquêtes, vous vous différenciez sensiblement de vos aînés : plus individualistes, vous seriez rétifs à la hiérarchie et très impatients. Rébellion, égotisme, ou incapacité d’adaptation ? Dans la même étude réalisée par l’institut BVA (Gene- Tic publiée en juillet 2010), on découvre que, pour ces mêmes jeunes « l'entreprise, déjà suspecte de s'accaparer la richesse produite par ses salariés, devient le lieu de tous les arbitraires : un cadre horaire imposé ou inflexible, des exigences de reporting* trop fréquent, des décisions arbitraires sans explication de leurs motifs, des écarts du droit du travail sans compensations (horaires ou financement), des humiliations publiques (critiques négatives non constructives, réprimandes devant les collègues, ton impératif…) ». Résultat, toujours selon BVA, mais dans une autre enquête pour le compte de l’AFPA 1, 54% des DRH/chefs d'entreprises disent avoir « rencontré des difficultés particulières liées à l'intégration dans [leur] entreprise d'un jeune de moins de 30 ans ». Plus récemment, en février dernier, c’est le baromètre Ipsos sur le moral des salariés qui est revenu sur le sujet : « Il y a aujourd'hui un choc générationnel de plus en plus EPICURE Œdipe N°18 - ÉTÉ 2011 important au sein du monde du travail sur le sujet des jeunes (…) Presque six salariés sur dix considèrent que les jeunes ont du mal à s'insérer dans l'entreprise et à respecter une hiérarchie (58%). » Principaux reproches : ils s’attendent à ce que l’entreprise s’adapte à eux et non l’inverse. Du coup, ils donnent parfois l’impression d’être de passage et, effectivement, hésitent moins que leurs aînés à quitter l’entreprise qui ne leur donnerait pas satisfaction. Une grille réductrice « Ils sont plus de 40% à dire qu'ils ne respectent pas la hiérarchie et qu'ils ont un esprit contestataire », observe de son côté le laboratoire de recherche en management de l'université de Tours, le Cermat, dans une enquête publiée en décembre dernier. Et de poursuivre : « la génération Y estime être différente de ses * Néologisme signifiant compte rendu |