18 orientation Après l'incitation, le « bâton » ? Après les appels à projets Promouvoir l'égalité des chances à l'université lancés en 2005 et les Cordées de la réussite instaurées en 2008 dans le cadre du Plan espoir banlieues – deux programmes assortis de subventions données à des établissements qui engagent des partenariats avec des lycées ou collèges – le ministère a passé un cran en annonçant, le 8 juin dernier, la mise en place dès 2011 d'un indicateur de performance sociale des écoles et universités. Des subventions seront attribuées aux établissements en fonction des moyens déployés et des progrès réalisés en vue de l'ouverture sociale (accueil, réussite et insertion professionnelle des étudiants boursiers). Reste à préciser les modalités d'application, car en termes de moyens, on peut faire apparaître beaucoup de choses, pas toujours efficaces à l’arrivée. À suivre... activités méthodologiques ou d'ouverture culturelle. Parmi les derniers à s'être lancés, Saint-Cyr, grande école de l'armée qui forme au commandement, et l'université Paris Dauphine : cette dernière s'inspire du programme de l'ESSEC « Une grande école : pourquoi pas moi ? » en offrant un accompagnement aux meilleurs élèves de 9 lycées de Seine-Saint-Denis situés en zone sensible (information sur les possibilités d'études à Dauphine, cours de soutien et examen particulier de leurs dossiers). Le prestigieux lycée Henri IV a ouvert de son côté des classes de mise à niveau pour les bons élèves d'établissements situés dans des zones en difficulté pour démocratiser l'accès aux CPGE 2. Des prépas gratuites dédiées aux plus modestes Difficile de juger pour l’instant de l'efficacité de ces initiatives. Pour certaines, il suffit de lire ce qui est proposé pour voir qu'il y a plus d'effet « publicité » que de volonté réelle de s'ouvrir. Mais quelques établissements, qui proposent davantage que des visites des locaux et du soutien, affichent des résultats positifs. C'est le cas des cinq IEP 3 de France, pionniers depuis 2006, et qui ont poussé leur offre jusqu'à proposer des préparations gratuites à leurs concours. Ainsi à Lille, 30% des élèves de ce programme, bacheliers en 2009, ont intégré un IEP, et 40% poursuivent leur scolarité en CPGE. Même taux d'accès en classe prépa sur les 151 lycéens suivis à Toulouse, dont 10% ont réussi au concours d’entrée à l'IEP. Les résultats sont néanmoins à nuancer. À Toulouse par exemple, les élèves n'étaient pas nécessairement issus de quartiers défavorisés mais de N°14 - Juin-Juillet 2010 zones rurales. Reste que c'est un public aussi important à viser, car même avec un bon niveau scolaire, les études montrent que l'accès à l'information en matière d'orientation diffère selon l'implantation géographique. « Le lycée de Mirepoix [en Ariège, NDLR] avait un pourcentage normal de réussite au bac, mais jusqu'à présent aucun n'avait intégré de CPGE », constate le directeur de l'IEP, Philippe Raimbault. Depuis, une partie a rejoint des classes prépa et l'IEP. Le mécanisme d'identification fonctionne À Nantes, le programme BRIO (Bond pour la réussite par l'initiative et l'ouverture) commun à l’école de commerce Audencia, à l'École Centrale (école d’ingénieurs) et à Oniris (école vétérinaire), a bénéficié à plus de 220 lycéens de quartiers défavorisés depuis fin 2006. Résultat, sur les 52 lycéens de terminale en 2009, 14 sont en CPGE, 3 en écoles à recrutement post-bac sélectif (architecture, arts graphiques, Polytech Nantes), et 18 en faculté. Centrale Paris aurait de son côté réussi à faire passer son quota de boursiers de 11% en 2007 à 17% en 2009 grâce aux élèves tuteurs dans le cadre des Cordées de la réussite. Cette année, c'est l’université de Cergy-Pontoise qui a proposé une prépa post-bac physique-chimie à une ving- |