24 parole d’expert ‘ Entretien d’embauche Des astuces contre les questions discriminantes Fabienne Margotteau est directrice du cabinet Auréane Conseil, membre de l’Association À Compétence Égale. Elle donne quelques conseils pour se préparer aux questions discriminantes les plus fréquentes en entretien. La discrimination est-elle un phénomène important ? Paradoxalement, même si les plaintes augmentent peutêtre par le fait de la création de la Halde * , je pense que les entreprises ont fait du chemin et ouvert la porte à la diversité, soit par peur soit par prise de conscience. La plupart des candidats n’ont pas non plus toujours conscience qu’ils peuvent être sujets à discrimination. Du coup, ça n’est pas utile de se mettre ça dans la tête. Mieux vaut se centrer sur un message positif : quels que soient le sexe, l’âge, l’origine, on a des compétences à vendre et c’est ça qui va vraiment faire la différence. Quels sont les principaux motifs de discrimination en embauche ? Même s’il y a 16 critères au plan légal, les causes les plus fréquentes qui conduisent certains recruteurs à écarter un candidat sont l’âge – celui qui manque d’expérience ou le senior –, le sexe et l’origine supposée ou réelle : des études ont prouvé que quelqu’un qui porte un nom tel que Robert est plus souvent contacté qu’un autre baptisé Mohamed. Comment fait-on face à quelqu’un qui demande une personne expérimentée ? Il faut poser les questions pour savoir sur quels aspects le recruteur attend que l’on soit expérimenté et démontrer que l’on a les caractéristiques même si on ne rentre pas dans la grille de départ : ce que l’on a appris, sait faire et de quelles façons cela peut servir à l’employeur. À l’entretien, ce sont les qualités personnelles qui feront la différence avec un autre candidat. En revanche, se vendre n’est pas se survendre : on ne peut pas répondre à tous les critères. « Si vous avez des fortes envies d’enfant, n’en parlez pas » Comment contourne-t-on des tentatives de discrimination qui portent sur l’origine ? Le patronyme arrive souvent N°12 - Décembre 2009/Janvier 2010 en tête des motifs de discrimination. Un nom anglophone passe mieux qu’un nom africain. L’anonymat ou la modification du patronyme sur le CV sont des solutions. Après, il faut pouvoir se justifier à l’entretien, simplement : « Je suis très content d’être là, je ne mets pas mon nom sur mon CV mais cela ne change rien, j’ai les compétences et c’est ce qui compte pour vous ». Et surtout « cela n’est pas pour vous tromper personnellement mais pour accéder plus facilement à un entretien ». Car c’est la tromperie qui peut gêner le recruteur. Ces explications, quelqu’un d’intelligent peut les comprendre. Et concernant les questions « sexistes » ? Cela concerne peu les jeunes. Mais dès que la femme atteint la trentaine, des questions sont souvent posées alors qu’elles sont absolument interdites. Mieux vaut ne pas voler dans les plumes du recruteur même si c’est extrêmement déplacé mais chercher à savoir, encore, ce qu’il y a comme représenta- |