Nice COP21 : lavision de l’enquêteur DavidLescot Avec sa pièce « Les Glaciers Grondants » qui aété jouée au TNN, l’auteur, metteur en scène et comédien donne la parole àtous, s’évertue àposer les bonnes questions, s’engage et s’émeut La COP21 adébutéhier àParis et s’achèverale11décembre. D’où le fil conducteur de ce feuilleton qui aborderadifférents aspects de cet enjeu planétaireetaussi très local.Depuis une semaine,le Centredramatique de Nicese penche sur la planète avec le festival « Réveillons-nous », impulsé par Irina Brook et ses équipes. Le coup d’envoi a été donné jeudi dernier par la pièce à la fois puissante et poétique de David Lescot. S’il faut classifier,il s’agit bien de théâtre documentaire... inspiré. David Lescot pour créer son spectacle a parcouru livres et journaux, a interrogé les spécialistes les plus éminents du climat. « Les Glaciers Grondants » jouée deux soirs au TNN aborde sans langue de bois le climat et tente la carte de la prédiction de l’issue de la COP21. Sans négliger les entrelacs poétiques et shakespeariens avec « Le conte d’hiver ». Comment avez-vous conçu Les Glaciers Grondants ? Pour comprendre, j’ai commencé àrassembler les premiers éléments documentaires il y a deux ans et demi. J’avais été marqué par le sommet de Copenhague en 2009. C’était terriblement déprimant, cetaveu d’échec des chefs d’État face au monde ! Sur le sujet du climat il y a une dimension scientifique, physique mais aussi historique. Enfin il y a évidemment la dimension politique. J’en ai tiré l’idée de la forme du spectacle en mélangeant différentes dimensions. Égratignez-vous les scientifiques ? Marché virtuelle pour le climant hier matin sur la Prom’. (Photo Frantz Bouton) Le feuilleton DavidLescot aconstruit un spectacle rythmé par le temps où les questions essentielles sont portées par les mots, la musique, le jeu du corps, lapoésie et aussi le silence, la sidération. (Photo Jean-François Ottonello) Il n’yapas une critique de ma part. Bien sûr les scientifiques doivent êtrespécialisés,c’est le prix de leur exactitude et la valeur de ce qu’ils font. Mais certains sont conscients qu’ils doivent mettre leur action en conformitéavec leur recherche. On en rencontre deux dans le spectacle qui l’affirment avec force. Finalement,y a-t-il des solutions pour le climat ? Elles existent, en tout cas,on connaît la marche à suivre. Mais au niveau politique,étatique,on n’imagine pas que le monde va immédiatement se convertiràla juste chose. On le fera lorsqu’on sera durement impactés, comme toujours. Le vrai Jean Jouzel, le climatologue et glaciologue, lorsqu’on lui pose la question ça va marcher la COP21 ? Répond J’aimerais bien ! J’y perçois une inquiétude. Peut-on, malgré tout, être optimiste ? Je ne sais pas si êtreoptimiste c’est êtrepersuadé que les choses vont bien tourner ou bien être prêt à se battre pour limiter le pire. Soyons pessimistes de bonne volonté et combatifs ! Quel aété sur vous l’effet de cette longue enquête ? Quand on s’intéresse à un sujet, ça nous transforme. Je ne suis pas devenu un spécialiste mais j’en sais un peu plus. On prend davantage conscience des implications,des connexions de tous les domaines,des différentes options politiques qui dominent. On saisit l’importance de l’inertie physique,redoublée Prom’ : une marche virtuelle Le lancement àParis de la COP21 a animé, hier, un collectif d’associations soutenu par des formations politiques et des citoyens (1).Pour se faufiler àtravers l’interdiction de manifester,les participants avaient organisé une marche virtuelle, sur la promenade des Anglais à hauteur du Quai des États-Unis. Des manifestants, il n’y avait que des paires de chaussures alignées. Tout autour,des pancartes et des panneaux rappelaient « L’urgence, c’est le climat », « Nous n’avons plus le temps, la transition, c’est maintenant ! » ou développaient des slogans plus politiques sur les effets du capitalisme. Sur place, les manifestants avouaient être choqués. « Avec les perquisitions, l’assignation à domicile dont nous avons eu connaissance aujourd’hui, on constate que l’état d’urgence est liberticide pour des gens comme nous »,soulignait une militante EELV. Un pèredefamille, mon militant, Nicolas qui avait fait halte avec ses deux enfants découvrait l’événement soulignait : « C’est une sorte de marche des fantômes, mais cette action de sensibilisation est intéressante ! » Un rassemblement sur la plage puis place Masséna avait été également prévu par les manifestants. 1.Alternatiba,Alternative etAutogestion,Artisans du Monde, ATTAC06, Avaaz, Greenpeace, Habitat et citoyenneté, Pom’Ecolo,EELV, Ensemble !, NouvelleDonne,PartideGauche. nice-matin Lundi 30 novembre 2015 par l’inertie politique.Par exemple,même si l’on arrête aujourd’hui de consommer des énergies fossiles,la fonte des glaciers qui est engagée,ne va pas cesser.C’est à l’image des conversions qu’on devrait opérer dans nos pratiques. Elles n’auront pas lieu du jour au lendemain. Il est d’autant plus urgent d’y penser concrètement. Le théâtre peut-il aider à cette prise de conscience ? Il est toujours difficile de mesurer l’impact. On doit surprendre, ne pas servir quelque chose d’attendu. Avec ce sujet du climat, on touche un public, une audiencequi ne sont pas ceux qui étaient prévus. Votre pièce aborde aussi le vendredi 13 novembre avec une terrible suspension. Pourquoi ? La pièceest basée sur un décompte chronologique sur un an qui se développe jusqu’au présent de chaque représentation. Nous l’avons jouée à Nice pour la première fois après les attentats. On s’est posé beaucoup de questions et on a décidé d’une manière d’évoquer notreréaction d’effroi. C’est le silence qui passe dans le spectacle. La tonalitédelafin en aété changée. Mais cette pièce, nous continuerons aussi de la jouer jusqu’au 11 décembre, jusqu’à l’issue de la COP21. Il yaune attente. RECUEILLI PAR RÉMY DONCARLI Festival Réveillonsnous ! Le Festival porté par le TNN entame sa deuxième semaine avec trois spectacles « Le Voyage de Miriam Schult e » (1er décembre, 19 heures), « Bien sûr, les choses tournent mal » (2 décembre, 21 heures), « « Lesâmes offensées » (le 2 et 4 décembreà20h30). Àretenir aussi l’incroyable programme du prochain week-end, et le dimanche 6décembre, une rencontreavecVandana Shiva, emblème de la révolution écologique. (www.tnn.fr) |