Détente S on père, le Professeur Choron, cofondateur de Hara-Kiri et de Charlie Hebdo,était l’emblème de tout ce que Daesh prétend éliminer. Liberté, gaudriole et picole. Entre autres spécialités bien françaises dont on se réclamera, ou non : àchacun d’en décider selon sa sensibilité. Michèle Bernier défend cette possibilité comme elle pourfend, sur scène, des préjugés bienancrés. Drôle, lucide. Elle ade qui tenir. Pardon d’être rabat-joie, mais la période est-elle propiceaurire ? Comme tout le monde,je suis effondrée. Chaque jour,étant Parisienne,j’apprends la mort de quelqu’un que je connais ou dont j’ai entendu parler.C’est terrible. Vous avez longtemps joué tout près de là, au Théâtre Antoine… Oui, où mon fils Enzo travaille en ce moment même. Quant àma fille,elle joue au Théâtre de Paris. On est en tension permanente, mais bon, il faut bien continuer à avancer. La viecontinue,malgré tout. Et c’est tant mieux. Votre père était un concentré de ce que les terroristes haïssent ? Mon père, oui, et notre pays qui aime la liberté,la gaudriole,la déconnade. Qui aime penser, aussi. Où il arrive même que l’on s’énerve entre nous. Mais calmement. Pour cette pièce, un gros budget fleuriste ? Je suis fleuriste. Par conséquent, le spectacle est très fleuri. Et les fleurs,c’est une façon de contribuer à adoucir les mœurs. Comme pour le maillot du Tour de France, les blanches à pois rouges ont votre préférence ? Toujours. Mais ce sont surtout celles de Frédéric Diefenthal, carlemeilleur grimpeur,c’est lui ! (rires). Finalement, est-il plutôt question d’amour ou d’amitié ? L’amitié et l’amour,au-delà des préjugés… On est dans l’actualité:laisser l’autre être ce qu’il est. On n’apas de jugement à porter sur la vie d’autrui. C’est ce qui est beau, dans cette pièce. Seuls comptent les sentiments. Valentin vous trouve sympa, généreuse, inventive. Du vécu ? Ah ben oui, tout le temps ! En même temps,je préfère entendre ça que : « Jetetrouve conne, idioteetpas intéressante. » (rires). Mais mon passage favori vient juste après. C’est quand Valentin ajoute : « Etsexy » ! TOUS LES DIMANCHES Elle en pince pour lui. A-t-elle raison d’oser le lui avouer ? Vu comment Laurent Ruquier a écrit la pièce, je pense que oui. De toute façon, il vaut mieux dire les choses. Après, on s’arrange avec la réponse… Vous chantez,aussi… Oui, Laurent m’a fait un beau cadeau. C’était beaucoup de travail,mais très chouette. Chanter, j’adoreça. C’est le petit côté fleur bleue de mon personnage,et ça donne de la poésie et de l’originalité àlapièce. Sa pièce la plus personnelle, dit Ruquier.À l’heure du mariage pour tous, l’amour universel ? Oui, je crois. Pour dire aussi que ce n’est jamais simple,d’aimer. Que l’on soit gay ou hétéro. Sur ce point, le mariage pour tous amis tout le monde au même niveau. Votre cahier les sports dans votre journal MichèleBernier : « Liberté, gaudriole et déconnade » Interview Elle partage la scène avec Frédéric Diefenthal, àl’affiche de Je préfère qu’on reste amis, le6décembre prochain au Cannet. Toujours prête pour le rire, l’émotion et le partage « Cen’est jamais simple, d’aimer. Que l’on soit gay ouhétéro »,rappelle Michèle Bernier. Qui s’y connaît en matière de solidarité : la recette delasoirée sera intégralement reversée aux sinistrés des intempéries du mois dernier. (DR) « On est dans l’actualité : laisser l’autre être ce qu’il est. » Amoureuse ? Pasune interview sans que l’on ne parle àMichèle Bernier de son union avec Bruno Gaccio. Laquelle s’est terminée il yavingt ans. Agacement ? « Non, carj’estime avoir eu beaucoup de chance. Nous avons vécu une belle et grande histoired’amour.Aujourd’hui, tout va bien : nous sommes devenus amis. Et nous avons deux magnifiques enfants. » Ce parcours est exactement l’inverse de celui que décrit la pièce. « Oui, mais dans notre cas,c’est très bien comme ça. D’abord, les enfants, çales rassure d’avoir des parents qui s’entendent toujours bien. On se fait confiance, on est toujours là pour eux, et ensemble. C’est une grande victoire, pour une famille. » Seulement, on aimerait la savoir de nouveau amoureuse. Elle n’esquive pas : « Alors, écoutez : jesuis sur un dossier (rires), quand l’affairesera conclue, je vous rappelle ! » Promis ? Bientôt ? « Oh, j’espère bien ! Sivous saviez comme je le souhaite… » gl J Àvoir Je préfère qu’on reste amis Dimanche 6décembre, à18heures. La Palestre (LeCannet). Tarif:25 €.Points de vente habituels. La recette sera reversée aux sinistrés des intempéries...11 Serait-ce l’explication du succès decespectacle ? On est heureux comme tout. Déjà 360 représentations,etcette deuxième tournée. On fait même l’Olympia en janvier : c’est une première. On savoure chaque jour. Et avec Frédéric Diefenthal ? Comme partenaire, je le conseille à tout le monde ! Il a beaucoup de talent et c’est un amour de mec. Protecteur,délicieux. Le rêve. Avec Frédo,c’est àlavie,à la mort. PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr |