nice-matin Grand Sud Vendredi 27 novembre 2015 Douanier abattuàToulon : le suspectécroué Nicolas Philippe aété mis en examen mercredi pour assassinat et tentatives d’assassinat et ne s’explique pas. Lundi, le douanier Pascal Robinson aété atteint par sept balles Certains risquent de la prison ferme, principalement Jean-Claude Mas, le fondateur et dirigeant historique de PIP, considéré comme instigateur de la fraude aux implants mammaires, contre qui quatre ans de prison ferme ont été requis. C’est aussi la peine maximale prévue par la loi, dans le cas d’une tromperie aggravée. Mercredi, au huitième jour d’audience, le mot de la fin était donné àla défense, qui a tenté de renverser les perspectives, en plaidant la relaxe pour deux d’entre eux, et l’absence de circonstance aggravante pour tous. « Nous condamner au maléfice dudoute » Les plaidoiries ont débuté avec l’analyse scrupuleuse par M e Boudot des rapports sanitaires qui ont suivi la révélation du scandale. « Les prothèses PIP rompentelles davantage ? Le gel transsude-t-il (passe-t-il la barrièredel’enveloppe) ? » Cela « méritait aminima qu’on fasse des études scientifiques à ce sujet ». Elles n’y sont pas. Des rapports ne Le meurtrier présumé a été incarcéré sans s’expliquer sur les faits. Il fera l’objet d’une prochaine convocation devant la juge chargée de l’instruction ouverte avant-hier. (Photo Laurent Martinat) O n est dans l’irrationnel », commente l’un de ses deux avocats. « Comment ce garçon sans problème affectif, ni familial, sans antécédent psychiatrique ou judiciaire, sans addiction, en est-il arrivé là ? C’est la question cardinale que tout le monde se pose. » Une question toujours sans réponse. Après 48 heures de garde à vue, Nicolas Philippe, 27 ans, aété mis en examen mercredi pour « assassinat et tentatives d’assassinats de personnes dépositaires de l’autorité publique », aindiqué Xavier Tarabeux, procureur de la République àToulon. Devant les enquêteurs de la police judiciaire, le Toulonnais jusque-là sans histoires avait fait valoir son droit à garder le silence. Le jeune homme aurait observé le même mutisme avant-hier après-midi dans le bureau de la juge d’instruction avant d’être placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet. « Il souhaite un délai pour préparer sa défense, commente l’un de ses deux Procès PIP:décision rendue le 2mai relèvent pas de différence significative entre les PIP et les autres marques d’implants. Jean Boudot, défenseur de la directrice qualité, conclut : « Onvous demande de nous condamner au maléfice du doute ». De Hannelore Font, rentrée àl’âge de 22 ans comme stagiaire à PIP, il parle de « la succession de petits renoncements » qui ont été les siens, de « la terrible apparence de normalité » qui régnait à PIP.Elle, qui est « rongée de honte, de remords, de culpabilité ». Les ruptures précoces des implants PIP ? « Leur durée de vie s’établit à6,3 ans », dans la moyenne des autres marques testées, poursuit M e Hélène Bourdelois, qui a plaidé la relaxe pour le directeur recherche et développement. L’avocate va même beaucoup plus loin. « Iln’y apas de scandale PIP,ons’en rend compte. Mais en réalité, c’est le scandale des implants mammaires pré-remplis de silicone ». Sur Thierry Brinon : « La seule chose qu’il a faite, ce sont des tests sur le gel PIP, des tests comparatifs, peutêtre imparfaits. Mais il les a faits pour essayer de convaincre Jean-Claude Mas ». D’abandonner son gel, soidisant le meilleur du monde. La défense du directeur production, M e Roland Rodriguez désigne les trois cadres assis sur le banc des prévenus : « Vous avez choisi d’en faire des boucs émissaires. Ils supportent individuellement une faute collective ». En faveur de Loïc Gossart, il plaide une relaxe. « Ils’est battu pour que PIP passe au gel Nusil (homologué). Il est allé dans le bon sens ».L’avocat questionne la cour : « Pouvez-vous écrire qu’il a un rôle central dans la pérennisation de la fraude ? Et que son intention était une pérennisation de la fraude ? » « Lerôle particulier » deCouty M e Dominique Stephan décrit « lerôle particulier » de Claude Couty, le directeur général, qui n’a « aucune connaissance scientifique », mais un rôle financier et de gestion. Même représentant légal, il n’a pas pu exercer la pleine direction de PIP, « Chacun doit prendre ses responsabilités », a plaidé avant-hier,Maître Haddad, défenseur de Jean-Claude Mas. (Photo Dominique Leriche) parce que Jean-Claude Mas s’est toujours imposé. En premièreinstance, l’avocate estime que les prévenus « ont été condamnés sur le doute de la circonstance aggravante, etcela, ce n’est pas possible ». « Pas de solidarité entre les prévenus » Dernier à prendre la parole, le défenseur de Jean-Claude Mas doit remonter la pente défenseurs M e Jean-Claude Guidicelli, il n’est pas encore en mesure de s’exprimer clairement. » L’autopsie pratiquée mardi àl’institut médico-légal de Marseille arévélé que Pascal Robinson a été atteint par sept projectiles. Ce douanier âgé de 42 ans, père d’un enfant, a raide, après que les co-prévenus lui aient tous fait porter le poids de la fraude. « Il n’y apas de solidarité entre les prévenus, ironise Me Yves Haddad en prenant la parole. Mais par contre, chacun doit prendre ses responsabilités ». Avec verve, il tente de retourner le capital d’antipathie qu’inspire le fondateur de PIP. « Il n’est pas sympathique Mas, lance-t-il. Mais il été abattu dans l’exercice de ses fonctions. Il participait à une opération judiciaire visant le Toulonnais qui avait commandé via Internet une pièce d’armement aux USA. Des vêtements militaires saisis Après avoir exécuté Pascal Robinson et blessé son équipier, le tireur en fuite, retranché derrière des roseaux dans un parc, aégalement ouvertlefeu, àplusieurs reprises, avec un fusil à lunette (la réplique d’un M-16) sur un policierentenue, touché au bras gauche. Outre lepistolet et le fusil successivement utilisés par le tireur qui portait un gilet pareballes, des vêtements militaires et des fumigènes ont été saisis au domicile du meurtrier présumé. Mais « ce n’est pas un maniaque des armes ou des jeux vidéo », balaie son avocat. ERIC MARMOTTANSemarmottans@nicematin.fr est possible aussi qu’il dise la vérité ». Et cettevérité serait de natureàapaiser les victimes : « Aucun risque significatif pour la santé humaine n’a été mis en évidence ». Alors, « tromperie, bien sûr que oui. Tromperie aggravée, bien sûr que non. » L’arrêt de la cour sera rendu le 2 mai 2016 à 14 heures. SONIA BONNIN sbonnin@nicematin.fr |