SPÉCIAL COP21 Viticulture : àVidauban le rosé apprend àrésister « Une hausse de seulement 2°C aura des conséquences sur les vignes et sur les millésimes » annoncesans détours Gilles Masson, directeur du Centrederecherche sur le vin rosé àVidauban dans le Var. Récoltes plus précoces,baisse de la production, augmentation du nombre de degrés d’alcool avec la chaleur, changement des arômes, moins d’aciditésont les premiers symptômes. La riposte s’organise : étude sur de nouveaux cépages plus adaptés, désalcoolisation en cave, ele ; =e ; àiiia>, e-e di,ie. - ve.ap - irrigation tant qu’il n’y a pas de pénurie d’eau, pulvérisation de produits naturels afin de limiter la transpiration des feuilles et donc le stress hydrique. Mais aussi modification des techniques de taille de la vigne en laissant suffisamment de feuilles pour qu’elles fassent de l’ombreauraisin, etc. Le centre du rosé déploie les grands moyens pour parer à toute éventualité. Mais si le réchauffement climatique dépassait largement les 2°C,leVar àlafin du XXI e siècle pourrait voir déménager son vignoble vers le nord. Qu’il soit en coteaux varois, côtes de Provence, Bandol, et autres appellations, le rosé fait l’objet de recherches pour passer le cap duréchauffement climatique. (Photo Régine Meunier) Le moustique tigre est pour l’instant surtout gênant pour ses piqûres. (Photo DR) Santé:denouveaux risques L’augmentation de la température en mer et sur terre en est responsable. Les coups de chaud sont àredouter D es virus et bactéries d’origine marine vivent sur le littoral ycompris celui du Var, des Alpes-Maritimes, de l’Hérault, etc. « L’augmentation de la température des eaux côtières de 0,5 °C, dynamise leur reproduction. Ils sont donc de plus en plus présents dans la chaîne alimentaire de l’homme par l’intermédiaire des coquillages et des poissons », explique Jean-François Guégan, directeur de recherche l’IRD de Montpellier, qui aprésidé la partie santé du Plan national d’adaptation au changement climatique. « Des cas de gastro-entérites ont été observés sur la côte Atlantique, chez des gens qui avaient consommé des fruits de mer. Mais il yaeuaussi des cas d’infection dus àdes blessures survenues en ouvrant des huîtres. » Après avoir fait son apparition il yaune dizaine d’années sur les côtes du Var etdes Alpes-Maritimes, le moustique L’augmentation de la température des eaux côtières dynamise le cycle de virus et bactéries qui se retrouvent dans la chaîne alimentaire de l’homme, notamment dans les poissons et coquillages. (Photo François Vignola) Alerte aux tiques La piqûredes tiques peut provoquer la maladie de Lyme entraînant des problèmes dermatologiques et neurologiques. Cet arthropode est sous surveillance car le changement climatique peut modifier sa zone de vie. Il aurait tendance às’étendre àtravers la France et le changement climatique contribuerait àcette évolution. Les agents du parcnational de Port-Cros et Porquerolles sont invités à signaler saprésence dès qu’ils en repèrent. Attention aux coups de chaud Humidex. Ce n’est pas le nom d’un produit qui absorbe l’humidité ou d’un médicament. C’est un indice qui permet de mesurer leressenti de la chaleur. Celui-ci est amplifié par l’humidité. « C’est exactement le même principe que le vent, qui en hiver, donne la sensation qu’il fait plus froid que ce que le thermomètre indique », explique Nicolas Martin, maître tigre est àprésent arrivé en banlieue parisienne. Peu àpeu il se disperse. Mais comment ? Unmoustique de ce type est à peine capable de parcourir 500 mà2km et encore plus aidé par les vents. S’il est allé si vite c’est parce qu’il se fait transporter en utilisant les moyens de locomotion de l’homme, les camions notamment. De la même façon qu’il était arrivé par bateau en Italie, avant de passer la frontière etde s’installer àNice, puis à Toulon, etc. Le réchauffement climatique –+0,5 °C à1,3 °C ces cent dernières années – crée-t-il les conditions favorables àsareproduction ? Et du coup présentet-il un risque dans la transmission de la dengue et du chikungunya, deux maladies infectieuses d’origine tropicale ? nice-matin Jeudi 26 novembre2015 de conférence àl’Université de Nice Sophia-Antipolis. Sur la Croisette àCannes, par exemple, en plein été, les estivants pourraient avoir la sensation de se trouver en plein milieu du Sahara. Il pourrait faire 32 °C de température maximale en moyenne (projection pessimiste pour la fin du siècle) avec 70% d’humidité relative (humidité fréquente en bord de mer). Dans le Sahara il fait 45 °C et 10% d’humidité relative. Dans un cas comme dans l’autre, l’indice Humidex est de 45. Cette sensation sera une gêne plus ou moins forte selon les individus, avec des répercussions sur la santé. Or, les étés caniculaires vont se multiplier,estime le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Et les coups de chaleur aussi. D’autant qu’ils seront associés à d’autres phénomènes, estime Rémy Slama, responsable de l’équipe Épidémiologie environnementale à l’université de Grenoble : « par exemple l’émission de particules en suspension lors des incendies, dont les effets sanitaires s’ajoutent àceux de la canicule. De tels événements risquent d’être plus fréquents. Les épisodes de canicule surviennent parfois en même temps que les pics d’ozone, un gaz irritant pour les poumons. » Fièvres, malaises, déshydratation, problèmes cardio-vasculaires et décès font partie des conséquences des vagues de chaleur, en particulier sur les individus les plus fragiles, parmi lesquels les personnes âgées. Toutefois relativise Rémy Slama : « une température de 30 °C tue moins aujourd’hui que dans les années 1970 car il yaun phénomène d’adaptation des sujets et de la société à la canicule. Cela s’explique probablement par divers mécanismes qui se mettent en place : lasolidarité, l’acquisition de certains réflexes pour se rafraîchir,l’aménagement de l’habitat, etc. » Le moustique tigre:la menace Vigilance « Ilyaforcément une part de changement climatique dans l’installation du moustique tigre mais dans quelle proportion ? Et cela ne veut pas dire qu’il yaura une épidémie de dengue ou de chikungunya ! Des études sont en cours pour déterminer le rôle des différents facteurs dans le risque épidémiologique de ces maladies, indique Jean-François Guégan. On manque de connaissance et de suivis. Par exemple, si le moustique n’est pas porteur mais qu’il pique une personne malade, quelle est la probabilité pour que la chaîne d’infection se produise ? Il yaeudes cas àMarseille et Nice. Des autochtones qui ne se sont pas déplacés dans des pays infectés et qui ont pourtant eu ces maladies. » Selon le chercheur, « les médecins et services de santé qui font les diagnostics de fièvre doivent désormais prendre en compte ces maladies tropicales. Mais pour l’instant le moustique est surtout responsable de la gêne occasionnée par ses piqûres. » Dossier réalisé par Régine Meunierrmeunier@nicematin.fr XII |