SPÉCIAL COP21 Mer ou montagne : le tourisme doit s’acclimater Àpartir de 2050, les températures pourraient être trop élevées pour faire fonctionner les canons àneige ou permettre de bronzer sur la plage et se baigner sans désagréments Le dernier rapportdu GIEC amis en évidence plusieurs scénarios. Tous s’accordent sur le fait qu’en été, le réchauffement va se poursuivre jusqu’aux années 2050 et au-delà. Mais le plus pessimistedetous,qui risque d’arriver si aucune politique climatique n’est mise en œuvre, prédit une haussedes températures estivales de 6°CenPACA, àl’horizon 2071-2100. Dans le même temps,les précipitations,bien que difficilement modélisables jusqu’à la fin du siècle,seraient selon certains scénarios moins importantes. Dans les stations de ski de basse altitude, entreautres dans le Mercantour,la neige risque de se transformer plus souvent en pluie. Même si le volume de précipitations était le même,les flocons manqueraient cruellement à l’économie locale. U ne chaleur suffocante, accompagnée d’une hausse de l’humidité en bord de mer, ce n’est pas forcément bon pour le tourisme. Marie Lootvoet est l’animatrice du GREC-PACA, groupe régional d’experts sur le climat. Il y a quelques semaines, il a sorti un rapport détaillant les risques que fait peser le changement climatique sur la région. « Nous avons voulu diffuser les travaux des chercheurs pour alerter et montrer qu’il yades actions à mener à tous les échelons : la région, les départements, les commu nes, les agglomérations, le particulier,les entreprises. Il faut réfléchir àdes modes de vie et de consommation qui permettent d’utiliser moins de ressources, que ce soit de l’eau, de l’espace ou de l’énergie et ce, tout en conservant un confort de vie », explique-t-elle. Et de citer en exemple : l’économie circulaire qu’il faudrait développer.Pas de panique, même si la situation paraît grave, il n’y apas de raison de désespérer. Denouveaux équilibres sont possibles qui passent certes par la phase « adaptation. » Quels sont les impacts envisagés de la hausse des températures sur le tourisme en bord de mer ? Lescanicules risquent d’êtreplus fréquentes sur la côte.Cela peut rendre le tourisme moins attractif àcause des problèmes de confort et de santéque cela peut générer. Comme cela va se réchaufferpartout, on peut imaginer que des vacanciers venus d’Europe du nord préféreront rester chez eux pour profiter de ces nouvelles bonnes conditions climatiques. On sait que le niveau de la mer monte. Certaines plages sont donc menacées de disparition. La baignade pourrait être gênée par les méduses. Il y en a toujours eu, mais avec la hausse des températures,elles seront plus nombreuses et plus souvent présentes. Et en montagne ? Dans la partie alpine des Alpes- Maritimes,les stations situées en dessous de 1500 mètres,voire 1800 mètres,selon le versant, risquent d’avoir un enneigement insuffisant pour la pratique du ski dès 2050. Elles doivent, d’icilà, adapter leurs activités. L’enneigement peut êtrebon certains hivers,puis mauvais plusieurs années de suite et mettre en péril la rentabilité de la station. Lescanons àneige ne seront pas une solution. Avec les températures élevées,ils ne fonctionneront pas. Cet enneigement artificiel se heurte ° a aussi àlanécessitéderéduirela consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre. L’alpinisme glaciaireneserapeutêtreplus possible. Le manque d’eau peut-il avoir des conséquences ? Il y aura des tensions plus fortes sur la ressource en eau. Le niveau des cours d’eau, en étépour la pratique du rafting par exemple, ne serapeut-êtrepas suffisant. Cetteeau devraêtrepartagée et des priorités d’usage seront définies. En hiver,pour faire fonctionner les canons à neige,il faudrait créer des bassins de rétention d’eau qui auront un impact sur l’environnement. r 71 111ke-* âme Les températures plus chaudes pourraient profiter àl’arrièrepays du Var etdes Alpes-Maritimes. Les camping-caristes, ici dans le golfe deSaint-Tropez, s’arrêteront dans des endroits plus frais. (Photo Luc Boutria) « Valberg est une station de montagne,pas que de sports d’hiver » « Dire qu’il n’y aura plus de neige, c’est une chanson qu’en tant que président de l’Association nationale des maires des stations de montagne, je ne peux entendre. » Charles-Ange Ginésy,qui est aussi mairedePéone- Valberg, ne nie pas le réchauffement climatique, mais doute de ses effets sur le court terme. L’an dernier en novembre, les températures s’accrochaient tellement en haut du thermomètre que les canons àneige n’ont pas pu produire leursflocons àbasse altitude. Pourtant en 2013, l’enneigement a été exceptionnel. « Les températures augmentent sur le long terme, le manteau de neige ne va pas disparaître du jour au lendemain », explique-t-il. Des voitures électriques en auto-partage Néanmoins, mieux vaut prévenir que guérir. « Nous sommes une station de La station de Valberg a accueilli la neige avec bonheur ces derniers jours. (Photo Franck Fernandes) montagne, pas que de sports d’hiver », prévient-il : « Valberg a commencé sa diversification il yaplusieurs années ». VTT,sentier trail, randonnée, cinéma, piscine couverte et chauffée, etc., sont au programme de cette station située à1700 mdans le parc du Mercantour.Ses pistes grimpent jusqu’à 2066 md’altitude. Elle fêtera ses 80 ans l’an prochain. Il y a huit ans, elle a signé la charte nationale en faveur du développement durable en 2007. Elle ose éteindreles lampadaires entre 23 heures et 6 heures dans les zones périphériques. On peut lever les yeux et voir ànouveau les étoiles autrement que sur son sentier planétairequi offreune balade en raquettes de 9,6 km sur les thèmes de l’astronomie, avec une reconstitution du système solaireet des planètes. Les chauves-souris et autres oiseaux nocturnes sont ravis d’avoir retrouvé l’obscurité. Des véhicules électriques, équipés de pneus neige et porte-skis, sont en auto-partage en douze points de la station. Ce qui a rendu d’autant plus attractifs les billets de bus aller et retour à3 € depuis Nice. nice-matin Jeudi 26 novembre2015 Quelles sont les raisons de ne pas désespérer ? Les touristes qui veulent éviter les canicules en bord de mer, préféreront venir au printemps ou à l’automne. Ils pourront aussi opter pour le tourisme estival en montagne et profiter de la fraîcheur des stations. En réalité, la natureaplus à perdre que le tourisme,qui lui peut s’adapter,sous réserve d’accompagner le changement plutôt que de l’ignorer. Il a encore le temps. La qualité de l’offre et la valorisation du patrimoine continueront de faire duVar ou des Alpes- Maritimes des destinations attractives. Le dico de Pt’it Louis VIII L’économie circulaire c’est quoi ? C’est prévoir,dès la conception d’un produit, son recyclage, donc son utilisation en tant que déchet dans la fabrication d’un produit. Mais c’est aussi consommer sans posséder,enayant par exemple recours à l’auto-partage ou au vélo en libre-service. |