Nice-Matin n°2015-03-01 dimanche
Nice-Matin n°2015-03-01 dimanche
  • Prix facial : 1,50 €

  • Parution : n°2015-03-01 de dimanche

  • Périodicité : quotidien

  • Editeur : SCIC Nice-Matin

  • Format : (277 x 395) mm

  • Nombre de pages : 48

  • Taille du fichier PDF : 64,5 Mo

  • Dans ce numéro : il y a deux cents ans, Napoléon Bonaparte refoulait le sol français.

  • Prix de vente (PDF) : 1 €

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l’Histoire Dimanche 1er mars 2015 RÉCIT Ilyadeux cents ans, le 1er mars 1815, Napoléon débarquait à Golfe-Juan au retour de l’Île d’Elbe. Au cœur de cet événement, qui est largement célébré ces jours-ci, se situe un épisode moins connu : lerefus fait au général Cambronne par le maire de Cannes de rencontrer Napoléon. Le maire s’appelait François Poulle. Il avait été nommé en 1812 par l’Empereur.Lequel désignait lui-même, àl’époque, les maires des principales agglomérations françaises. C’est donc chez le maire Poulle qu’au milieu de l’après-midi du 1er mars 1815, se présente un impressionnant personnage. « Jesuis le Général Cambronne, dit-il. L’Empereur Napoléon est de retour… Il adébarqué ce matin àGolfe-Juan. Je vous demande de venir l’y saluer ». Le maire deCannes n’en croit pas ses oreilles. Il hasarde une réponse. « Mais, mon Général, je ne peux pas quitter ma ville àl’improviste, en pleine journée... » Puis, se ressaisissant : « Detoutes façons, j’ai fait allégeance au roi Louis XVIII. Aller saluer l’Empereur serait trahir le roi. Je ne peux renier mon souverain. Pour moi l’Empereur n’existe plus… » « Bon, commente, dépité, le général Cambronne qui a toujours aimé les répliques brèves. J’ai toutefois deux choses àvous demander. La première : ilmefaut un passeport pour mon aide de camp ici présent, André Pons de l’Hérault, afin qu’il se rende àToulon et àMarseille pour rallier ànotre cause le général Masséna, commandant de la région militaire. La deuxième chose est qu’il me faut des victuailles pour faire manger l’armée de Napoléon. Car, que vous le vouliez ou non, mille deux cents hommes seront àCannes d’ici quelques heures. Ils ont faim. Il faut les nourrir. » 1er mars 1815 : lemairedeCannes De retour de l’Île d’Elbe, l’empereur venait de débarquer à Golfe-Juan. Le maire refuse de le saluer mais le laisse bivouaquer près de la Croisette avec ses 1200 hommes. Napoléon se vengera. Le maire deCannes accepte de ravitailler l’armée. Il convoque les bouchers de la ville, fait tuer trois bœufs, envoie douze agents pour réquisitionner du pain dans les boulangeries. En quelques heures, mille trois cent rations de nourrituresont prêtes. « De toutes façons, j’ai fait allégeance au roi Louis XVIII. Aller saluer l’Empereur serait trahir le roi. Je ne peux renier mon souverain. Pour moi l’Empereur n’existe plus ! » Le maire de Cannes François Poulle au général Cambronne venu le chercher ❶ ❷ - RoL. NAPuLLoN r 1:11J à 9,4(2 ; (r ; i}...'77- LL La diligencedufutur prince deMonaco arrêtée Napoléon et ses mille deux cents hommes, partis vers 20 heures de Golfe Juan, arrivent àCannes par la Croisette. Ils s’installent vers minuit dans un bivouac aménagé sur la grève près de la chapelle Notre-Dame de Bon-Voyage, désaffectée depuis la Révolution et occupée par un tonnelier nommé Tournaire. Napoléon campe sur l’emplacement actuel de l’immeuble n°15 de la rue des Belges, non loin Le « Vol de l’aigle » Le retour de Napoléon de l’île d’Elbe est appelé le « Vol de l’Aigle » àlasuitedela phrase lancée par l’Empereur lors du débarquement à Golfe-Juan : « L’Aigle va voler de clocher en clocher jusqu’aux tours de Notre-Dame ! » Notre-Dame de Paris, bien sûr ! En fait, faute de clocher sur la plage de Golfe-Juan, qui n’était qu’un groupement de cabanes de pêcheurs,le premier clocher que l’Aigle trouva sur son chemin et d’où il prit sont envolfut celui de Cannes. T. Une fois le débarquement àGolfe-Juan effectué dans la matinée du 1er mars 1815 (photo ❶), Napoléon envoie en éclaireur son fidèle général Cambronne auprès du maire deCannes. C’est dans cette cité, qui ne compte àl’époque que 3500 habitants (photo ❹)que l’Empereur va installer son premier bivouac dans : 77 la nuit du 1er au 2mars. ❸ SYNDICAT D NI T1ATIVE DE CANNES I Une plaque sur la façade Nord ROUTE NAPOLEON de l’Eglise Bon Voyage commémorel’événement ICI NAPOLÉON FIT UNE HALTE (photo ❷). L’empereur repartira DANS LA MATINEE DU 2 TYPAS 1815 I le 2mars en direction du nord AVANT DE SE DIRIGER en passant par Mouans- Sartoux où une plaque atteste SUR LE PLATEAU DE ROC CAVIGNO\son'passage.(Photo ❸). (DR) EN CONTOURNANT GRASSE ❹ de l’actuel Palais des Festivals, où se trouvaient à l’époque des dunes et des marais. De grands feux sont allumés. Les hommes s’endorment, enveloppés dans des couvertures àl’endroit appelé aujourd’hui, fort à propos, rueduBivouac Napoléon. Pendant ce temps, le général Cambronne monte la garde avec un petit bataillon d’hommes aux environs de la ville. Sur la route en provenance de l’Estérel, ils arrêtent une diligence en provenance de Fréjus, qui arrive sous belle escorte. Le mot de Cambronne Pierre Cambronne (ci-dessus), général qui a commencé son ascension militaire dans l’Armée des Alpes sous les ordres de Masséna, a toujours été un fidèle parmi les fidèles de Napoléon. C’est àlui que l’Empereur aconfié le rôle d’ouvrir son chemin en se tenant àl’avant-garde lors de son retour de l’Ile d’Elbe à Paris. Mais si le général Cambronne est resté célèbre dans l’histoire, c’est pour avoir répondu « Merde ! » au général britannique Colville qui le sommait de se rendre à la bataille de Waterloo.Le « mot de Cambronne » …
l’Histoire Dimanche 1er mars 2015 refuse de rencontrer Napoléon Le témoignage écrit d’un Cannois Nous devons ànotre consoeur de Nice-Matin, Aurore Busser, untémoignage sur le bivouac de Napoléon à Cannes, dû à son grand-oncle Léandre Sardou, grammairien qui vécut au Cannet, qui a sa rue à Cannes, et qui est le père de l’écrivain Victorien Sardou. Il avait 12 ans lors de l’événement. « C’est sur la plus belle des deux plages, àmi-chemin entre laCroisette etCannes, non loin d’une vieille chapelle ruinée autour de laquelle j’ai beaucoup gaminé, que Napoléon bivouaqua au retour de l’Île d’Elbe. Mon père est le témoin survivant du fait… Il était àl’école sur le Cours,àcôtédel’ancienne mairie. Il était quatreheures. La classe tirait àsafin, le maître autableau expliquait la division et les écoliers baillaient. Tout àcoup, regardant ducôté de la fenêtre etdelasortie… mon père voit dans la rue des bonnets àpoil. Ilpousse du coude un camarade, gagne la porte et dégringole l’escalier suivi detoute laclasse et du maître lui-même, sa craie àlamain. Les bonnets àpoil étaient trente grenadiers, commandés par Cambronne. Cambronne sorti, la petite troupe se mit en marche vers l’auberge qui était àl’entrée duvillage. Les gamins suivaient, les curieux aussi ; parmi eux, un petit vieillard, ancien garde-marine et royaliste enragé qui, poudré, orné d’un gilet blanc semé de fleurs de lis et la badine àlamain, menaçait les brigadiers et les traitait de « Brigands » … « Qui êtes-vous ? » « Jesuis Honoré Grimaldi, duc de Valentinois, futur prince de Monaco ! » « Très honoré » répond Cambronne qui adelaréplique ! Le général Cambronne n’imaginait pas faire une pareille rencontre. Il estime aussitôt que, malgré l’heure tardive, une rencontre intéressante est àorganiser entre ce personnage et Napoléon. A cette époque, la Principauté de Monaco vient d’être restituée à la famille Grimaldi après avoir été rattachée à la France pendant la Révolution. Honoré IV, fils du prince Honoré III guillotiné en 1795, aété installé sur le trône quelques mois plus tôt et se sent dépassé par sa tâche. Aussi a-t-il décidé de confier les rênes du pouvoir àson fils, appelé Honoré comme son père et son grand-père. C’est la raison pour laquelle celui-ci se rend en Principauté. Le futur prince Honoré Vconnaît bien l’armée napoléonienne. Il en alui-même fait partie. Il s’est engagé à20ans dans la cavalerie française. Devenu officier, il a été employé comme aide de camp par le général Grouchy puis, à partir de 1807 par Joachim Murat, beau-frère deNapoléon, qu’il asuivi en Espagne. Il acombattu à Eylau et Friedland, et a été premier écuyer de l’impératrice Joséphine. C’est donc avec plaisir qu’il accepte la proposition du général Cambronne de rencontrer l’Empereur. nu ft rLI 8} LE : <1'igiï)1Q0, scJ%'1,C0-, 4e 1/471‘),M..-F 1)i.5 1 t f La « RouteNapoléon » est jalonnée de monuments témoignant du passage de l’Empereur dans notre région, comme ici, placedelaFoux, Selon les dires du maire deCannes, l’entretien durera deux heures. On n’en ajamais su la teneur. Sicen’est cet échange rapporté par des chroniqueurs de l’époque : « Venez-vous avec nous, Monsieur de Monaco ? » interroge Napoléon. « Mais, Sire jevais chez moi, en Principauté » « Ehbien moi aussi, je vais chez moi, àParis, répond Napoléon ! … Je serai sur mon trône avant la fin du mois ! » Cette nuit-là, on prétend que l’Empereur n’a pas fermé l’œil. A5heures du matin, il ordonne àsatroupe de partir pour Grasse. C’en est fini du séjour de Napoléon àCannes. En définitive, le maire ne l’aura pas rencontré. Et cela, Napoléon ne l’oubliera pas ! Une fois revenu au pouvoir,ilfera emprisonner François Poulle à Antibes le 6 avril en prétextant le mauvais accueil fait àson ami le général Louis On attribue au général François Mireur, chezlamèredequi se rendit Napoléon dans le village d’Escragnolles,lefait d’avoir étélepremier àfairechanter àMarseille,àses troupes,en1792, l’hymne national français qui, devint, ainsi la « Marseillaise ». (DR) Chez la mère de son ancien ami, à Escragnolles Après Cannes,Napoléon traversa Mougins puis Mouans-Sartoux dans la matinée du 2 mars, arrive à Grasse vers midi. Il repart à pieds avec sa troupe vers la montagne,arrive à Saint-Vallier vers 16 heures,franchit le col du Pilon. A 18 heures,Napoléon rend visite à Escragnolles à la mère de son ancien compagnon le général François Mireur,natif de ce village,tué lors de la campagne d’Égypte. Il franchit ensuite le col de Valferrière pour installer vers 22 heures son bivouac à Séranon. Victorien Sardou, le célèbre auteur de « Madame Sans Gêne », areçu de son pèreLéandre Sardou, qui vivait au Cannet, un témoignage directdupassage du de Napoléon àCannes. (DR) egsree..'-, IfIbl111. : 4 0,.- 11. le.1.111,13 DE f:1,4\P-9U/ii, ? _..-'l'è a, , 1 P.- - : =- -, -le-ii.ittqApc-i.f.lip.fflelia. Imilate i as sol iilife u'lel Un iniffle : 1 : If u léj rie.12 *ta g 1 PSIuiÈ Inskeetria5 t4 " 11- ee, it I LI.r..not.116.1'I 1, - -'4te àGrasse. (DR) « Ici débarqua Napoléon en 1815 » : tout acommencéici,sur le portde Golfe-Juan. (DR) 4y, Abbé, commandant de la place de Toulon, lors d’un déplacement àCannes. Cette arrestation n’est pas du goût des royalistes cannois qui en viennent aux mains avec les bonapartistes. Les émeutes dureront jusqu’au 7mai. Elles seront matées par l’armée. Entretemps, Napoléon ainstallé un certain Joseph Michel Hibert sur le fauteuil de maire de Cannes. Mais arrive le 18 juin et le désastredeWaterloo. (« La garde meurt mais ne se rend pas ! ») Revenu au pouvoir,Napoléon trouvera un prétexte pour faire emprisonner François Poulle, le 6 avril, àAntibes. Golfe-Juan plutôt que Saint-Raphaël Après avoir abdiqué le 6 avril 1814, Napoléon s’embarqua le 28 avril, à Saint-Raphaël pour l’Ile d’Elbe. En vertu dutraité deFontainebleau, il gardait son titre d’Empereur mais ne gouvernait que sur l’Ile. Pour son retour,il avait envisagé de débarquer à nouveau à Saint-Raphaël puis y avait renoncé et avait choisi Golfe-Juan, ne voulant pas se retrouver dans une partie de la région où il avait été conspué au voyage aller.Encertains endroits,il avait été obligé de se déguiser pour ne pas êtrelynché ! Louis XVIII étant revenu sur le trône de France, François Poulle est rétabli àson poste de maire le 7 juillet. Ce sera de courte durée. Car des soulèvements populaires fomentés par Hibertobligent François Poulle à démissionner.Il s’enfuit à Grasse. Le préfet du Var(dont Cannes dépend à l’époque) réintrônise Hibert maire le 26 juillet. La population mettra du temps à se calmer. Une chose est sûre : enmatière d’agitation publique, de fâcheries politiques et d’événement historique, Napoléon, lors de son retour de l’Ile d’Elbe, aura fait àCannes un vrai festival ! ANDRÉ PEYREGNE Le futur princedeMonacoHonoré V, qui avait fait partie dans sa jeunesse de l’armée napoléonienne,arencontré l’Empereur àCannes dans la nuit du 1er au 2mars àCannes. On ne saura jamais ce qu’ils se sont dits. (DR) Un mot d’excuse pour le Prince de Monaco ! François Poulle écrivit un… mot d’excuse pour prince héréditaire de Monaco : « Je soussigné, Maire de la commune de Cannes,3e arrondissement de Grasse, certifie que Monsieur le prince héréditaire de Monaco, a été arrêté hier à Cannes par le premier poste de troupes de l’île d’Elbe, qu’il n’a cessé d’avoir auprès de lui un caporal dans son appartementetque sur les 2heures du matin, il aété forcédese rendre près le commandant desdites troupes,en foi de quoi j’ai fait le présent certificat, pour servir à ce que de besoin, à Cannes, le 2 mars 1815. Signé : Poulle. »



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