Monaco À2ans de la retraite, le facteur Giuseppe Boffa aappris par le directeur de la Poste Monaco qu’il allait être « remis àladisposition de la Poste française », entre choc et incompréhension A près son service, aujourd’hui, il doit libérer son casier, rendreses badges professionnels et ses clés. La fin de 37 ans de carrière àMonaco pour Giuseppe Boffa, 57 ans, que le directeur de la Poste Monaco Jean- Luc Delcroix remet àladisposi- tion de la Poste française. Le facteur est nommé àCap-d’Ail àpartir du 1er décembre. Àdeux ans de la retraite, pour lui, c’est le choc. Àl’Union des Syndicats de Monaco, il est aux côtés de sa compagne et d’Olivier Cardot, secrétaire général adjoint. Pourquoi une telle situation ? Il explique. L’élément déclencheur pourrait êtreunévénement qui s’est produit le 16 septembre. Ce jour-là, à 6h30, au tri général, il est question de tâches supplémentaires non payées. Et puis un collègue ne se sent pas bien. Giuseppe Boffa l’accompagne dehors quelques minutes avec d’autres collègues. L’ambiance se calme très vite et tout le monde reprend le travail… Aujourd’hui, le directeur de La Poste Monaco dit lui-même qu’il s’agit d’un « non-événement », donc sans lien avec sa décision de le muter àlaposte de Cap-d’Ail à partir du 1er décembre. « Sanction disproportionnée » Pourtant, Giuseppe Boffa explique qu’à partir de ce moment-là, son directeur l’« accuse de tous les maux, [le] mets plus bas que terre » lorsqu’il est convoqué dans son CORRECTIONNELLE Un an de prisonferme pour 300000 euros de chèque sans provision Un stylo et un carnet de chèques en bois pour avoir de l’argent facilement. Grâce à cette combine astucieuse, Antonio a « acheté », de novembre 2013 à mars 2014, 300000 € de bijoux auprès de commerçants sans le moindre débours ! Puis il a mis ces joyaux en gage au Mont-de-Piété afin de récupérer divers prêts consentis. Mais la roue de la fortune tourne. Cet Italien devait comparaître il y a quelques jours devant le tribunal correctionnel. Absent à la barre,il a écopé d’un an de prison ferme, lancement d’un mandat d’arrêt international et versement de S’il retourne en France, Giuseppe Boffa perd 12% de salaire, son treizième mois et n’aura pas de tournée fixe. Lui estime que c’est injuste, son directeur assure que « cen’est pas une sanction ». (Photo J.D.) bureau. « Ilm’a dit que ça allait être fini pour moi », assurelefacteur,ensanglots. C’est Olivier Cardot, secrétaire général adjoint de l’Union des Syndicats de Monaco, qui poursuit. « S’il part à Cap-d’Ail, il n’aura pas de tournée fixe, perdra 12% de salaire et son 13 e mois. Après 37 ans sans aucun avertissement, c’est tout simplement inhumain. C’est une sanction. Et une sanction totalement disproportionnée ! Les salariés sont tétanisés par le directeur de La Poste Monaco. Son autorité est exclusive. » 50000 € aux victimes en attendant l’audience civile du 26 janvier prochain pour quantifier le montant des intérêts. Cela ne fait aucun doute : le prévenu était en Principauté pour mener la grande vie. Il ne se refusait rien et il arborait d’une manière des plus ostentatoires son goût prononcé pour les montres de grand luxe. Rusé, habile et subtil, cet homme « mettait en confiance les négoces de bijoux, a rappelé le président Jérôme Fougeras Lavergnolle, en jouant le bon client… » Coté plaignants, ils expriment leur empathie quand ce Avec un brin d’ironie, Olivier Cardot tient àreprendreune citation du livredeJean-Luc Delcroix, « Le management stratégique, d’abord humain ». « Pour Jean-Luc Delcroix, un manager moderne n’impose pas ses décisions, il fait des choix en créant un espace de confiance à renforcer,grâce à son savoir-être et son savoir-faire. Pour cela, il évite l’autoritarisme qui enferme et réduit la communication. (...) » Bien sûr,Jean-Luc Delcroix n’a pas la même analyse de la situation. D’ailleurs, pour lui, la remise à la disposition de la Poste française de client leur « parlait de sa mère et des bijoux destinés à son épouse. Il nous demandait de retarder l’échéance par des chèques antidatés. On avait confiance, car il habitait Monaco et on arrive toujours àse faire payer avec l’aide des policiers. On lui a même prêté des bijoux avec un contrat de garantie.Leclient signe un formulaire de dépôt… Il ne peut rien nous arriver ici… » Les avocats des parties civiles demandent d’obliger ce collectionneur d’objets de luxe à outrance de rembourser leurs clients plus les provisions. Mais pour M e Arnaud Cheynut, « ces bijoux ne sont plus négociables au tarif de Giuseppe Boffa « n’est pas une sanction. » « C’est un électron libre » Par ailleurs, le directeur de La Poste Monaco souligne que la décision aété prise de façon « collégiale, suite à la réunion d’un comité exécutif de La Poste Monaco. Cette solution est la plus simple. » Mais comment expliquer une telle décision si l’épisode du 16 septembre est un « non-événement » de l’avis des deux parties ? Jean-Luc Delcroix affirme : « L’ensemble de l’encadrement dit qu’il est difficile Une audience civile doit se tenir le 26 janvier prochain. (Photo archives M. A.) nice-matin Samedi 28 novembre 2015 37 ans en posteàMonaco, il doit retourner en France de travailler avec Monsieur Boffa. Lui dit qu’il y a des problèmes alors qu’il n’y en apas. En 2013, Giuseppe Boffa aété évalué par son supérieur comme un « agent devant gérer son self-control en cas de désaccord avec ses collègues ou sa hiérarchie ». En 2014, une nouvelle évaluation précise qu’il « doit continuerson effortpour avoir un meilleur relationnel et ne pas hésiter à faire des propositions en vue de facilité le travail d’équipe » ». « Monsieur Boffa a démontré une fois de plus qu’il ne faisait plus confiance àson encadrement. Il a démontré qu’il a porté sur la place publique une situation dans l’unique but de défendre ses intérêts propres. Il ne respecte pas l’autorité. Il pense toujours détenir la vérité. C’est un électron libre. C’est toutefois quelqu’un qui fait correctement son travail. Mais il aun comportement qui fait que, pour ses collègues, c’est difficile. Il parle négativement de sa hiérarchie. Je suis là pour assurer la paix sociale. La remise à disposition de Monsieur Boffa est une mesure qui va lui permettre de quitter un environnement professionnel qu’il ne supporte plus et dans lequel il n’a aucune confiance. À Cap-d’Ail ça ira mieux. » Ca n’ira certainement pas mieux à partir du 1er décembre. Hier, Giuseppe Boffa a craqué. Le médecin l’a mis en arrêt maladie pour quinze jours. JOELLE DEVIRAS l’époque. Les cours de l’or se sont effondrés depuis… » Alors les sommes à verser par le prévenu varient entre 36500 €, 125000 € et 7500 €. Le procureur Alexia Brianti remarquera finement : « Le prévenu brille par son absence : ilaquitté précipitamment la Principauté ! Son passage aura été douloureux pour des commerçants et des institutions administratives avec le non-paiement des cotisations sociales. C’est un professionnel de la délinquance financière qui a également sévi en Italie et en Belgique. Une peine ferme de six mois. » Le tribunal doublera la mise. J.-M. F. |