la santé Hôpitaux, spécialités, où vont les jeunes médecins ? Actu Plébiscité pour l’oncologie et la dermatologie, 13 e hôpital universitaire le plus prisé dans le classement du magazine What’s UpDoc, leCHU de Nice devrait fournir de bons médecins S erez-vous bien soigné dans la région en 2020 ? Pour répondre àcette question, le magazine What’sUpDoc,fondé et dirigé par un jeune chirurgien urologue niçois, le D r Matthieu Durand, a mené l’enquête et établi le classement des CHU en 2020. Pour cela, il s’est appuyé sur le choix des nouveaux internes en médecine àl’issue des épreuves classantes nationales (ECN). Les Hospices civils de Lyon arrivent ainsi toujours en tête, suivis des centres hospitaliers universitaires (CHU) de Nantes, Grenoble, Toulouse et Montpellier-Nîmes. On note une légère préférence pour la moitié sud de la France. Autres faits notables : Paris n’arrive qu’en 8 e position et Marseille en 17e. Pour le D r Matthieu Durand, « ces choix pourraient paraître anodins ; pourtant, ils dessinent les grandes lignes des évolutions àvenir du paysage hospitalier français… » On sait, en effet, qu’une majorité des internes qui commencent leur formation dans un CHU sont enclins às’installer dans la région alentour àl’issue de leurs études. « En spéculant sur le potentiel des futurs médecins –sur la base de leurs résultats de concours –, on devrait avoir une idée assez précise du futur paysage sanitaire dans une région donnée. » Chute libre pour la médecine du travail L’ophtalmologie reste laspécialité laplus choisie par les jeunes internes. (Photo Ph. Arnassan) Méthodologie L’ensemble des choix des jeunes médecins aux épreuves classantes nationales de 2014 aété analysé. Ces8304 étudiants ont dû choisir, en fonction de leur placedans le classement national,parmi 30 spécialités et 28 CHU. On adistingué d’une partles établissements plus ou moins prisés,d’autrepartles spécialités plus ou moins choisies. Parmi les principaux enseignements de ce nouveau classement, on note le rang très médiocre del’AP-HP (Assistance publique -Hôpitaux de Paris) et de l’AP-Hôpitaux de Marseille dans la spécialité « médecine générale ». Alors que les jeunes médecins généralistes représentent presque la moitié des internes, ces deux CHU, parmi les plus grands français, se placent respectivement 18 e et 26 e dans cette spécialité. Nice s’en tire beaucoup mieux, en campant là aussi en 13 e position. L’éclairage du D r Matthieu Durand, directeur de la rédaction de What’s Up Doc : « Ilparaît évident que les hôpitaux franciliens n’apportent pas satisfaction aux jeunes médecins généralistes. Si la qualité de vie est àprendre en compte, nous avons identifié des causes bien plus préoccupantes pour ce CHU : pénurie de l’encadrement pour la formation, rares stages Située àla13 e place du tableau, Nice n’a pas à rougir.Créée en 1973, c’est, en effet, une des plus jeunes facultés de médecine de France. Le CHU de Nice doit par ailleurs supporter la proximité de l’Assistance publique -Hôpitaux de Marseille, qui emploie près de deux fois plus de salariés et dispose d’une capacité de 3500 lits (contre 1602 à Nice). « Au regard des résultats –Marseille occupe la 17 e place –, je trouve ça plutôt élogieux d’être compétitif et proche dans le classement, alors que nous avons cent ans d’écart et une taille bien plus réduite ! »,note le D r Durand. Ànoter que certaines spécialités du CHU de Nice sont très prisées, comme l’oncologie (3 e choix des internes qui se tournent vers cette discipline), la dermatologie (5 e), l’anatomopathologie (5 e), l’ophtalmologie (7 e), ou encorelapsychiatrie(7 e). Àl’opposé, les hôpitaux azuréens pèchent en néphrologie (21 e), santé publique (22 e et dernier) et médecine du travail, où la chute est vertigineuse (4 e l’an dernier,20 e cette année). Les chiffres pourraient révéler un manque d’attractivité pour ces spécialités dans ce CHU. Mais, selon le D r Durand, « ilfaut relativiser et attendre l’évolution du classement au fil des années ». Rendez-vous est pris pour l’an prochain. NANCY CATTANncattan@nicematin.fr Un dossier spécial àretrouver dans son intégralité, ville par ville,CHU par CHU,spécialité par spécialité, sur le site www.whatsupdoc-lemag.fr au cœur de Paris, horaires tardifs, maquette de formation trop rigide et mauvais aménagement des emplois du temps. » Des critiques inquiétantes, alors que l’on évoquait récemment la situation de « désert médical » progressif de l’Île-de-France. Concernant l’AP-HM, c’est un peu la même situation, mais les causes pourraient être liées àl’image dégradée de la cité phocéenne. Selon le P r Guy Moulin, président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HM, « siles internes en médecine se détournent de la médecine générale, c’est àcause des phénomènes de violence qui sont souvent associés àlaville ». nice-matin Samedi 7mars 2015 Les spécialités qui attirent Concernant le classement des spécialités, latendance est au maintien entre 2013 et 2014 : l’ophtalmologie tient toujours le haut du panier en étant la spécialité laplus choisie, suivie par la dermatologie, la cardiologie, lanéphrologie et la radiologie. Ànoter une nette progression d’une spécialité oùles manques sont importants : l’anesthésieréanimation gagne trois places pour arriver au 10 e rang. Autre fait marquant, le désintérêt pour la gynécologie obstétrique, qui perd cinq places pour arriver au 21 e rang tandis que la gynécologie médicale en gagne cinq et se classe 16e.Ainsi, la gynécologie médicale s’imposerait en France comme une discipline àpart entière, dans le seul pays de l’Union Européenne où les deux spécialités sont séparées. Concernant la rémunération, les spécialités en bas de classement (médecine du travail, santé publique, biologie médicale, médecine générale) correspondent aux ressources annuelles les plus basses. Pour autant, le contraire n’est pas vérifiable : onnote que les spécialités les plus choisies sont plutôt celles qui promettent la meilleure qualité devie possible, entre revenus confortables et liberté d’exercice. Les généralistes fuient Paris et Marseille Quartiers sensibles et pouvoir d’achat Pour le D r Matthieu Durand, « ces chiffres, s’ils étaient confirmés, pourraient être annonciateurs d’une évolution majeure : les grandes métropoles n’attirent plus les jeunes médecins généralistes ». Comme facteur repoussoir, ilévoque l’angoisse de devoir travailler dans des zones difficiles, des quartiers parfois sensibles, « unphénomène qui pourrait être accentué par la féminisation de la profession ». Àcela s’ajoutent les débats sur la revalorisation des rémunérations des médecins généralistes, qui affecte toute la classe professionnelle entrante : lechoix de s’orienter vers des villes où ils auraient un plus fortpouvoir d’achat paraît alors logique. « Ilfaut savoir être attentif à ces signes de migrations de professionnelles, car ils font le lit des problématiques de démographie médicale que nous rencontrons tous ensuite et contre lesquels il est difficile de lutter, lorsqu’ils sont installés. » Àbon entendeur… |