4 Journal Métro Mardi 12 octobre 2021 Environnement La restauration des écosystèmes côtiers pourrait contribuer à freiner les changements climatiques. Alerte aux zones océaniques mortes Les faibles taux d’oxygène affectent les fonds marins, mais aussi la couche d’ozone, avertit le candidat au doctorat en biologie océanographique à l’Université de Victoria, Brett Jameson. Dans un texte du média en ligne La Conversation, il explique que les sédiments des eaux hypoxiques sont une source importante d’oxyde nitreux (N 2 O), le premier agent destructeur de la couche d’ozone, dont les émissions augmentent en raison de l’activité humaine. Le N 2 O est un gaz à effet de serre 300 fois plus nocif que le dioxyde de carbone (CO 2) rappelle-t-il. En octobre 2019, il faisait partie d’une équipe de scientifiques qui a navigué au François Lemieux flemieux@metromedia.ca large de l’île de Vancouver afin d’analyser des sédiments marins. Le but était de comprendre comment les faibles taux d’oxygène nuisent aux grands fonds marins. En mourant, les organismes marins coulent et leur décomposition consomme l’oxygène, créant des bandes pauvres en oxygène (dites hypoxiques). Appelées « zones mortes », elles sont inhabitables pour la plupart des organismes. Les zones mortes tendent à apparaître après le déversement d’engrais et d’eaux usées dans les zones côtières, provoquant notamment la prolifération d’algues, qui meurent puis se décomposent. Les sédiments des eaux hypoxiques constitueraient une source importante de N 2 O, qui remonte à la surface pour être libéré dans l’atmosphère lorsque survient une remontée d’eau. Le quart des émissions mondiales de N 2 O proviendrait des océans, une estimation que les scientifiques chercheraient toutefois à préciser, admet M. Jameson. Le réchauffement océanique attribuable aux changements climatiques entraîne l’expansion des zones mortes dans les océans. L’azote, composante essentielle à la vie terrestre, existe sous diverses formes. Certains microbes utilisent des composés à base d’azote (ammoniaque, nitrate) pour produire l’énergie nécessaire au fonctionnement des cellules. C’est au cours des réactions métaboliques qui transforment l’azote en ses différents états que le N 2 O s’échappe dans l’environnement. Les pratiques agricoles sont responsables de plus des deux tiers des émissions mondiales de N 2 O, un composé chimique nuisible à l’environnement. Les mangroves comme banques de N 2 O À l’automne 2020, M. Jameson s’est rendu avec son équipe aux Bermudes pour mesurer les émissions de N 2 O d’une mangrove vierge. Les scientifiques ont étudié en détail le cycle du N 2 O. Ils ont constaté que les sédiments du fond marin des mangroves des Bermudes étaient des consommatrices nettes de N 2 O. La capacité de ces zones à aspirer le N 2 O atmosphérique est liée aux concentrations de nutriments azotés, précise M. Jameson. Lorsque les nutriments azotés sont peu présents, la production d’oxyde nitreux serait inhibée. Et les habitats marins deviennent alors des consommateurs nets. « À l’inverse, les sédiments peuvent agir comme source nette de N 2 O dans l’atmosphère s’ils sont soumis à une charge azotée accrue provenant du ruissellement agricole et des eaux usées urbaines. Les mangroves et autres écosystèmes littoraux dans cette situation tendent alors à devenir émetteurs », explique-t-il. Il reste toutefois à déterminer dans quelle mesure les environnements vierges agissent comme tampons. La mise en œuvre d’actions de conservation et de restauration des environnements côtiers vierges représente tout de même une solution efficace réalisable à court terme, selon M. Jameson. On consacre beaucoup d’attention à réduire la quantité d’azote provenant des engrais qui aboutissent dans l’océan. M. Jameson estime qu’il faudrait adopter une approche multidimensionnelle portant également sur le développement côtier et les déversements urbains. M Volume : 21 Numéro : 87 À Montréal, Métro est publié par Métro Média, 101, boul. Marcel-Laurin, bur. 320, Montréal (Qc), H4N 2M3 Tél. : 514 286-1066 Imprimé par : Transcontinental Transmag, 10807, rue Mirabeau, Anjou (Qc), H1J 1T7. Distribué par Metropolitan Media Services PDG : Andrew Mulé Directrice adjointe, ventes et marketing : Marie-Josée Gravel Directeur principal, Finances : François Dallaire Directeur, Information : Olivier Robichaud Directeur de contenu Inspiration : Philippe Lépine Directeur artistique : Johan Batier Cheffe de pupitre : Carole Côté Vous voulez annoncer dans nos pages ? ventes_montreal@metromedia.ca. ISSN 1716-9895 Photo : 123rf |