12 Journal Métro Vendredi 8 octobre 2021 Culture CINÉMA Bootlegger Pour son premier long métrage, Caroline Monnet s’attaque à des thèmes délicats : l’identité des peuples autochtones, l’autodétermination et les problèmes d’alcool dans les communautés. Alors que Mani (Kawennáhere Devery Jacobs), étudiante en droit, revient parmi les siens après des années d’absence, un débat fait rage sur la prohibition. En plus d’avoir tourné un film nuancé, illustrant superbement toute la complexité et les zones grises de ces enjeux, la cinéaste aux origines anishinaabemowin et française fait briller à l’écran Samian, Pascale Bussières et Joséphine Bacon. Celle qu’on connaît d’abord comme artiste visuelle agrémente son film de magnifiques et évocateurs plans de paysages hivernaux. En salle — Marie-Lise Rousseau Les choix de Métro Les journalistes de Métro vous livrent leurs coups de cœur culturels de la semaine. PERFORMANCE La Goddam Voie Lactée Quelque part entre danse, théâtre et concert, ce spectacle pensé et mis en scène par Mélanie Demers se vit comme une plaidoirie brillamment féministe. Pendant plus d’une heure, les cinq interprètes exploitent chaque particule de leur être pour livrer un récit à la fois violent et absurde, terrifiant et puissant, chaotique et raffiné. Le rouge et le noir s’y mêlent pour faire ressortir à coups de grands écarts (métaphoriques ou pas) l’animalité de nos existences, où persona et artifices ne sont plus admis. À l’Agora de la danse jusqu’au 9 octobre — Amélie Revert ARTS VISUELS Ragnar Kjartansson, Sumarnótt : La mort est ailleurs Chaque année lors du solstice d’été en Islande, la nuit n’arrive jamais. Au pied du volcan Laki, l’artiste Ragnar Kjartansson a trouvé une source d’inspiration pour évoquer la dualité entre la vie et la mort inhérente au genre humain, tout comme l’amour et la perte. Deux couples formés par des jumeaux et jumelles défilent ainsi, sans jamais se croiser, sur des écrans immersifs et en chanson pour raconter un certain romantisme dépourvu de mièvrerie. Au MBAM jusqu’au 2 janvier — Amélie Revert LITTÉRATURE Quelques jours avec moi Le format de ce charmant récit en fragments évoque la littérature jeunesse, avec ses textes courts accompagnés des magnifiques illustrations d’Agathe Bray-Bourret. Mais les tranches de vie partagées par Marilyse Hamelin sont bel et bien celles d’une grande personne. Une grande personne qui réfléchit à de grandes questions, comme le deuil, la maladie et la dépression. Ce qui n’empêche pas l’autrice de nous faire éclater de rire avec quelques observations. Aux éditions Hamac — Marie-Lise Rousseau DANSE La probabilité du néant Cet ambitieux spectacle hip-hop chorégraphié par Alexandra « Spicey » Landé est électrisant. Huit danseurs de street dance partagent la grande scène du Théâtre Maisonneuve avec le public. Cette proximité joue habilement avec notre inconfort. Au cœur de cette création : le rôle des témoins. Tour à tour, les danseurs sont silencieux, indifférents, complices, engagés, bruyants… S’ajoutent à leurs performances énergiques et conflictuelles des projections, dont celle d’un œil géant qui défie le regard des spectateurs. Puissant. Au Théâtre Maisonneuve jusqu’au 9 octobre — Marie-Lise Rousseau SÉRIE DOCUMENTAIRE T’as juste à porter plainte « Il faut que la honte change de camp. » Léa Clermont-Dion relate avec justesse et aplomble parcours judiciaire des victimes d’agression sexuelle – le sien en ligne directrice, mais aussi celui d’une dizaine d’autres femmes, dont Annick Charette. La doctorante en science politique met en lumière les témoignages bouleversants de celles qui ont souvent dû affronter culpabilisation et parfois mépris de tout un système, sans oublier de mentionner quelques réussites. Parlez-en autour de vous ! Sur noovo.ca — Amélie Revert MUSIQUE AXLAUSTADE Qu’il soit étiqueté « grunge du futur » ou post-punk, AXLAUSTADE semble à coup sûr jouer avec le temps. Lancer le projet instrumental de Dumas, de Francis Mineau et de Jonathan Dauphinais, c’est comme retrouver une vieille cassette des années 90 prêtée par son meilleur ami au fond d’un carton de souvenirs. Au total, dix titres tantôt puissants tantôt planants, mais qui visent toujours juste. Sur les plateformes d’écoute — Martin Nolibé Photos : MK2 Mile-End, Mathieu Doyon, Ragnar Kjartansson, Éditions Hamac, Melika Dez |