12 Journal Métro Mardi 21 septembre 2021 Chasser les noix du Québec Située à une heure de Montréal, la noiseraie Au jardin des noix est un lieu parfait pour s’essayer à l’autocueillette des noisettes. En arrivant sur les lieux, on se fait rapidement expliquer comment identifier les noisettes mûres, et ça y est, on est prêt à partir se promener dans le verger, panier sous le bras. « Les noisettes sont très faciles à cueillir à la main, explique Alain Perreault, propriétaire d’Au jardin des noix. Il suffit de repérer les trochets – là où les noisettes sont regroupées sur la branche –, de vérifier qu’elles sont mûres et puis de les détacher. » Une perche est parfois nécessaire pour accéder aux fruits les plus mûrs, mais on peut souvent les ramasser à bout de bras. Une fois rentré à la maison, il n’y a plus qu’à enlever les involucres (ces sortes de feuilles qui recouvrent la coque) et à laisser sécher les noisettes quelques jours. On peut ensuite les conserver plusieurs semaines dans un endroit sec pour les manger nature, en faire de la pâte à tartiner ou les ajouter aux gâteaux. Un produit d’ici « nouveau-ancien » Pionnier dans la culture des noix nordiques au Québec, Alain Perreault a repris le terrain agricole de ses parents en 2007 pour y planter des noyers et des noisetiers. Presque 15 ans plus tard (ça pousse lentement ces arbres-là !) , sa noiseraie a bien grandi et produit une belle quantité de noix chaque année, au point d’approvisionner de nombreux restaurants et artisans gourmands. « On a ici une majorité de noyers noirs (environ 70%) et de noisetiers (20%) , mais aussi des noyers hybrides, des Zoé Magalhaès zmagalhaes@metromedia.ca Septembre est là, les feuilles commencent à prendre des couleurs et comme chaque année, on court au verger pour cueillir… des noix ? Eh oui, on fait changement ! Cette année on part à la (re)découverte des noix d’ici. noyers cendrés et des noyers en cœur. Et puis, on a des châtaigniers, des caryers, et quelques chênes », détaille le nuciculteur. Si ces différentes variétés ne vous disent pas grand-chose, c’est bien normal. Jusqu’à très récemment, les noix du Québec n’étaient tout simplement pas cultivées ; on les trouvait seulement en forêt. Pas étonnant donc que la noix de Grenoble et la pacane leur aient volé la vedette. Pourtant, les noix et les noisettes d’ici faisaient déjà partie de l’alimentation des peuples autochtones. « C’est un produit nouveau-ancien, adapté au climat nordique, qu’on a sorti du bois pour en faire une culture », résume Giulio Feri, président du Club des producteurs de noix comestibles du Québec. D’après lui, l’engouement pour les noix du Québec ne fait d’ailleurs que commencer. « On voit qu’il y a un fort intérêt de la part des chefs québécois et des clients curieux de découvrir ce terroir, ajoute-t-il. De plus en plus de producteurs implantent des vergers de noyers et de noisetiers pour diversifier leur culture. » Au jardin des noix, la cueillette est devenue si populaire qu’on propose des visites guidées pour en apprendre davantage sur les variétés de noix de chez nous, leur culture, leur histoire et, bien sûr, leurs saveurs tout à fait uniques. M Où faire de l’autocueillette ? La fée Noisette – Cookshire-Eaton Ferme Joseph Thifault – L’Épiphanie Au Jardin des noix – Saint-Ambroise-de-Kildare Les noix d’ici, ça goûte quoi ? LA NOISETTE Ingrédient phare d’une certaine tartinade de renommée mondiale, la noisette n’a pas besoin d’être présentée. Tout en rondeur et en gourmandise, elle est la noix la plus commune du Québec. LA NOIX DU NOYER NOIR Si sa texture est proche de celle de la noix de Grenoble, son goût est complètement original. Moins amère, sa saveur se démarque par des accents de sous-bois, de fromage bleu et de bleuet. LA NOIX CENDRÉE Cette noix douce, que nos voisins du Sud appellent butternut, se déguste juste après avoir été ramassée, contrairement aux autres noix qu’il faut d’abord laisser sécher. Son goût rappelle la noix de Grenoble, mais est légèrement plus sucré et sa texture, plus huileuse. Le noyer cendré est menacé. LA NOIX DE CARYER OVALE Ce n’est pas pour rien qu’on la surnomme « la pacane du Nord » : son goût ressemble à s’y méprendre à celui de la pacane cultivée dans des régions plus chaudes. LA FAÎNE DU HÊTRE Trop souvent oubliées, les faînes du hêtre peuvent se manger fraîches ou salées puis grillées au four. On en fait aussi des gâteaux, des tartes ou des mélanges pour la rando (avec des fruits secs et des grains). Photos : Chasser les noix : Gracieuseté : Au jardin des noix ; Les noix d’ici : iStock-Mindstyle |