18 Journal Métro Mercredi 15 septembre 2021 CAROLINE DÉCOSTE ET MATHIEU CHARLEBOIS Vastufinir.ca Lunch, mais lunch égal Il nous transforme en Sisyphe du sandwich : le lunch scolaire. Tel le coronavirus et ses variants, il faut en produire un nouveau chaque jour. Comme si ce n’était pas assez, en pleine quatrième vague, certains parents ont décidé de se prendre pour des Moment Factory du béloné. On parle de sandwiches taillés à l’emporte-pièce, d’œufs cuits dans des moules de dinosaure, de légumes en forme d’étoile et, évidemment, de photos plastifiées sur lesquelles sont laissés de petits mots d’amour. Nous avons tenté d’imiter celleux qui prennent le temps de sculpter un cantaloup en tableau périodique. Résultat : après trois minutes à agencer les fruits selon leur masse atomique, nous étions couchés sur le prélart, à hyperventiler en pensant à la classe hypoventilée du plus jeune. Vous voulez que votre enfant soit vénéré par ses pairs pour son goûter d’exception, mais sans virer fou ? On a trois idées, testées et approuvées : Enveloppez un Lunch Mate dans du papier d’emballage de Noël. Surprise et joie au rendez-vous ! Mettez une tranche de lime dans sa gourde, ce qui rehaussera le goût du plombdans l’eau de l’abreuvoir. Pour un effet wow, retirez les croûtes de la sénnouiche et recueillez les éloges de votre enfant. Puis, le vendredi, servez lui les croûtes accumulées durant la semaine, pour lui donner une leçon sur le gaspillage alimentaire. Relaxez, les parents. Les lunchs de vos enfants ne sont pas obligés d’être en meilleur état que les écoles où ils vont. Comment voyagerons-nous après la pandémie ? Alors que les adeptes du voyage sortent tranquillement de leur tanière, une question se pose : à quoi ressemblera le tourisme une fois les barrières sanitaires levées ? Benoit Valois-Nadeau collaboration spéciale Passagers coincés sur des bateaux de croisière, situation chaotique dans les aéroports, longue quarantaine obligatoire au retour : les premiers mois de la pandémie ont eu de quoi réduire l’enthousiasme des globe-trotteurs les plus aventureux. Ces événements traumatisants laisseront-ils des traces à long terme dans l’esprit des voyageurs ? Pas le moins du monde, croit Nathalie Guay, directrice générale de l’Association des tours opérateurs du Québec (ATOQ). Les gens ont tellement attendu. Leur liste de pays à voir s’est allongée durant la dernière année et plusieurs personnes ont mis de l’argent de côté pour voyager. », soutient-elle. Même son de cloche du côté d’Ariane Arpin-Delorme, chroniqueuse tourisme et fondatrice de l’agence de voyage Esprit d’Aventure. « Le voyage, c’est très émotif, explique-t-elle. Quand je parle à nos clients réguliers, je sens cet empressement. Il faut rattraper le temps perdu. » Plusieurs obstacles pourraient toutefois freiner les ardeurs des voyageurs, à commencer par la situation sanitaire variable d’une destination à l’autre. « Il y a tellement de facteurs à prendre en compte. Oui, on peut avoir reçu ses deux doses de vaccins, mais qu’en est-il de la présence virale dans la communauté d’accueil ? », questionne Marc-Antoine Vachon, professeur titulaire de la Chaire de tourisme Transat de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. L’offre pourrait également être limitée en raison des difficultés vécues par l’industrie touristique. « Redémarrer une ligne aérienne, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Et c’est sans parler des difficultés de recrutement dans les secteurs de l’hôtellerie et de l’aviation », ajoute Marc-Antoine Vachon. Chose certaine, le touriste moyen se devra d’être beaucoup plus vigilant que par le passé. Des gains durables pour le tourisme local ? Au Québec, la fermeture des frontières a eu un impact positif pour l’industrie touristique régionale, qui a été submergée de touristes lors des deux derniers étés. Cette tendance va-t-elle persister à long terme ? « En tourisme, la source numéro un d’information, c’est le bouche-à-oreille. Et dans la dernière année, le Québec a gagné des milliers de nouveaux ambassadeurs, souligne Marc-Antoine Vachon. Ce n’est pas tout le monde, mais une fraction appréciable du public québécois a intégré la province comme destination vacances. » « Tout dépend de la clientèle, précise Nathalie Guay. Pour certains segments de marché comme les familles, le Québec est la destination idéale parce qu’elle est abordable et sécuritaire. Mais, par contre, pour les couples qui ont les moyens, la tentation pour des destinations exotiques comme l’Asie ou de l’Amérique du Sud est forte. » Et le tourisme durable ? La pause des activités touristiques aura au moins eu comme bienfait de donner un répit à certains sites victimes de surtourisme comme Venise ou Barcelone. Aussi, l’occasion est belle pour se questionner sur les coûts environnementaux de nos périples autour du globe. Selon un sondage mené par la Chaire de tourisme Transat, un voyageur québécois sur deux se dit prêt à modifier ses pratiques de voyage pour réduire son empreinte carbone. « C’est souvent un vœu pieux de la part des consommateurs, mais la bonne nouvelle, c’est que, de plus en plus, le poids financier de la décision n’est plus concentré uniquement entre leurs mains, explique Marc-Antoine Vachon. L’aspect "durable" d’un projet est maintenant considéré comme un critère de financement. » Chez l’agence Esprit d’Aventure, on ne passe pas par quatre chemins : les coûts de compensation carbone sont intégrés à la facture ! « J’espère qu’on va avoir pris conscience qu’on ne peut pas voyager comme ça, qu’il faut être de plus en plus responsable, soutient Ariane Arpin-Delorme. M Réserver ou non ? Les experts du voyage recommandent de bien vous informer avant de confirmer vos vacances pour l'été 2022. « On ne peut plus faire nos réservations les yeux fermés comme avant. affirme Nathalie Guay, directrice générale de l'ATOQ. Les gens devront être plus prévoyants et utiliser davantage les services des professionnels du voyage. » Comment voyagerons-nous : Gabrielle Henderson_Unsplash |