24 Journal Metro Mardi 14 septembre 2021 Résultats du quiz L’écoanxieux du dimanche (Vous avez obtenu une majorité de A) Vous vous souciez de l’environnement et vous désolez des menaces pour l’avenir de la planète. Vous posez des gestes pour amoindrir votre impact, mais l’écoanxiété n’est pas un fardeau quotidien pour vous. « On ne peut pas se priver des sources d’information qui parlent des problématiques, il faut demeurer informés, mais on peut choisir des médias moins sensationnalistes qui proposent des solutions », explique la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier. « Il y a un équilibre à trouver entre lucidité, et capacité à fonctionner et à agir. » L’écoanxieux actif (Vous avez obtenu une majorité de B) Vous êtes bien conscients des enjeux environnementaux et ça vous préoccupe beaucoup par moments. Vous êtes loin d’être seul(e). Pour pallier les projections futures inquiétantes et votre stress grandissant, vous essayez de faire une différence en passant à l’action. Vous gardez espoir en l’avenir, sans non plus adopter la pensée magique que la Terre s’autosauvera. « Poser des actions, ça nous permet de faire sens avec nos pensées, de s’ancrer dans le présent. Oui, il faut agir, mais pas en regardant la fin du monde », explique Envie de jaser écoanxiété ? Christina Popescu, doctorante en psychologie sociale, qui étudie l’écoanxiété. L’écoanxieux défaitiste (Vous avez obtenu une majorité de C) Vous êtes tellement à l’affût de l’urgence climatique que vous perdez parfois foi en l’humanité, qui vous laisse croire qu’un désastre environnemental est inévitable. S’il est « normal, sain et logique » d’être écoanxieux, selon la psychologue Karine St-Jean, il faut demander de l’aide lorsque l’anxiété « prend de l’intensité, affecte notre sommeil, notre appétit, notre relation avec les autres. [Même chose], si ça affecte notre capacité à nous concentrer ou à travailler ». Autrement dit, avant de penser à vous construire un bunker de fin du monde, partagez vos craintes avec un professionnel de la santé. Si vous avez obtenu une majorité de D, vous vivez peut-être dans le déni, suggèrent les psychologues interviewées. Et le déni, ça fait rarement avancer les choses. Ouin. Aucune étude scientifique ne catégorise les niveaux d’écoanxiété. Ce quiz vise avant tout la conscientisation. Si vous sentez que l’(éco)anxiété a un impact négatif sur votre santé mentale, consultez un professionnel de la santé ou appelez Écoute Entraide. 1 855 EN LIGNE (365‐4463) www.ecoute-entraide.org L’OBNL Éco-motion propose des ateliers, des conférences et des thérapies de groupe ou individuelles dans divers milieux et destinés à une clientèle variée afin de s’adapter collectivement aux changements socioenvironnementaux. www.collectif-ecomotion.org CATHERINE ETHIER À moins quart C’est encore l’été, mais sa lourdeur nous a enfin quitté. Au bulletin météo. Celui d’ici, du moins. Parce qu’à New York, c’est encore *un peu* humide. Et ailleurs, ça brûle, du dedans comme du dehors. C’est tout brisé. Ça fume encore. On enterre nos morts. En silence. Essoufflés. Mais ici, oh ! La belle fraîche. On est-tu assez ben, les fenêtres ouvertes ? Après un treizième été à embrasser mon statut de fière steamée du Plateau, fermement opposée à céder à la vile climatisation, je savoure enfin, victorieuse, la douce brise dans ma chevelure salée du haut du fleuve. Ma petite part à moi : « Je peux certes traverser l’été assise devant le ventilo ! Y’a rien là pantoute, c’est vraiment pas si pire que ça », murmurais-je à tout rompre, drapée de déni et d’orgueil, rubiconde, ruisselante et convaincue de faire partie d’un petit boutte de la solution. On fait tous notre petite part. On trie le plastique et le verre, tout sourire, avant que tout ce beau tri-là soit sacré dans les vidanges, à défaut de centres de tri qui ont de l’allure (et surtout, d’emplois décents entre deux ballots de bouillasse et de vieilles canisses de coke diète souillées). Mais ça y est ! Tout ce labeur à 42 degrés est derrière moi. À présent, il fait frais. Et à compter de maintenant, je vais oublier l’entièreté de l’urgence climatique, bien installée dans mon lazyboy, à minuit et sept, heure du GIEC, à regarder des gens désirables espérer une nuit dans la Maison de l’amour, quelque part dans les Rocheuses, satisfaite. À partir de septembre, chaque année, on oublie tout. On retrouve nos petites habitudes, parce que s’inquiéter pour le sort de l’humanité pendant deux-trois mois, c’est épuisant. C’est éreintant, toutes ces conversations sur l’urgence. Les feux. Les flots. Les cœurs calcinés pis le pauvre monde. Tout va très bien. À partir de septembre, chaque année, on oublie tout. On retrouve nos petites habitudes, parce que s’inquiéter pour le sort de l’humanité pendant deux-trois mois, c’est épuisant. C’est éreintant, toutes ces conversations sur l’urgence. Les feux. Les flots. Les cœurs calcinés pis le pauvre monde. On a participé. On a froncé les sourcils. On a remarqué des affaires, aussi. On s’est indignés, pis pas à peu près, sur le patio de Jocelyne ; on était beaux à voir. Mais il faut bien, à présent, commencer à penser à décorer le balcon avec de beaux feuillages jaune orange pour la Thanksgiving, y’avait tellement des belles affaires, l’autre jour, chez HomeSense. Une citrouille amusante. Des airs de normalité, en bourgogne et en vert menthe. Ça fait trente ans qu’ils hurlent à l’urgence et que nous, on danse. Dans nos oreilles, comme dans celles de Dédé, le beat est bon. On connaît la chorégraphie par cœur ; on se trouve bons ! Et quand on en a assez, parce que le disque est rayé et que ça commence à sentir drôle, on change de chaîne avec le sentiment du devoir accompli. On ouvre les fenêtres. Parce que de toute façon, ça ira. Ça peut pas faire autrement. Hein ? Et puis, l’été prochain, on rechaussera nos pantoufles de martyrs. De citoyens mobilisés qui se pensent à moins quart. De gens engagés qui ont furieusement l’intention de ne rien faire du tout. On est-tu assez ben. |