22 Journal Metro Mardi 14 septembre 2021 En mode solution 8 h 20, je prends mon premier café à Val-d’Or. Il fait déjà 28 degrés. « Ça va en être une collante, hein ? », me lance mon voisin de tente. Tu dis ? Notre coqueron de toiles s’est métamorphosé en bain vapeur dès l’apparition des premiers rayons. « Pas grave, je suis en vacances », me suis-je réconforté. Ce jour-là, le 20 août, un record de chaleur a été battu. Encore. Et même en Abitibi, où je pensais avoir fui la canicule qui pèse sur mon îlot de chaleur montréalais. « Pas grave ? » C’est grave. Trop grave. Et les conséquences sont criantes. Pas que pour nos précieux jours de congé passés la face dans l’air clim. On parle de feux de forêt, de tornades, de sécheresses, de décès... Clairement, la crise climatique ne peut attendre la fin de la pandémie (ni des vacances) pour qu’on se retrousse les manches, comme l’ont martelé les rédac-chefs d’une vingtaine de magazines médicaux prestigieux, dont The Lancet, dans un puissant édito la semaine dernière. Pour pallier les inquiétudes grandissantes (et légitimes) en ce qui a trait à l’avenir, dans la section Inspiration de Métro, on s’engage à toujours rester en mode solution. Non, nous ne vous servirons pas une énième taloche moralisatrice en arrière de la tête, mais des plans d’action concrets et accessibles ; qu’on aborde les enjeux environnementaux, la santé mentale, la diversité, les relations de couple, les finances personnelles ou l’immobilier. Et parce qu’on en a tous furieusement besoin, Inspiration vous invitera aussi au répit. Nous décortiquerons les plus récentes tendances en bouffe, en design, en tourisme et présenterons les sorties de l’heure. Le tout avec une vision inclusive, décomplexée et une bonne dose de fun. Vous cherchez la nouvelle buvette à la mode ? Nous vous y trainerons. Vous avez le pouce noir ? Nous le verdirons. Vos plans pour le prochain long week-end sont beeen ordinaires ? Nous vous guiderons. Nous sommes également fiers de vous annoncer que le savoir-faire québécois occupera toute la place. Oui, notre contenu sera certifié 100% local. Envie de vous changer les idées (et d’en brasser quelques-unes) ? Vous pourrez compter sur les chroniques d’humeur de Catherine Ethier, les billets humoristico-gourmands de Vas-tu finir ton assiette ? ainsi que les recos de vins nature des populaires vinfluenceurs derrière Beau Joe. Et si Métro Inspiration peut apporter un peu de fraîche dans votre quotidien qui surchauffe, tant mieux. Bonne lecture. ― Philippe Lépine, Directeur de contenu Inspiration Faut-il normaliser l’écoanxiété ? D’après le Baromètre de l’action climatique, un rapport produit par le média Unpointcinq et l’Université Laval, près de 80% des Québécois se déclaraient « fortement préoccupés » par la crise environnementale en 2019. La dernière mouture du rapport soulignait en 2020 que le même pourcentage de la population pense qu’il est « urgent d’agir ». Des résultats qui ne surprennent pas Karine St-Jean, psychologue et auteure du livre Apprivoiser l’écoanxiété et faire de ses écoémotions un moteur de changement. « Être écoanxieux, c’est-à-dire être préoccupé par l’état de la planète et du climat, c’est tout à fait normal, sain et logique », affirme-t-elle sans détour. Les événements climatiques destructeurs qui se multiplient et nous touchent de plus en plus près nous poussent, selon elle, à prendre conscience des enjeux et à nous en inquiéter. Les inondations qui ont marqué le Québec ces dernières années ou, plus récemment, les incendies qui ont fait rage en Ontario et en Colombie-Britannique causent des inquiétudes bien légitimes. « Il n’y a pas encore d’études qui montrent que plus de gens consultent un thérapeute à cause de l’écoanxiété, mais dans ma pratique, je constate que c’est une préoccupation de plus en plus présente », ajoute la psychologue. Nouvelle normalité Entré dans le dictionnaire tout récemment (en 2019‐2020), le terme écoanxiété décrit un phénomène lui aussi nouveau. En effet, l’environnement et les changements climatiques n’ont pas toujours été au centre des préoccupations de la Zoé Magalhaès et Philippe Lépine zmagalhaes@journalmetro.com, plepine@journalmetro.com Un été en flammes. Le GIEC qui sonne l’alarme. Des décideurs pas toujours décidés à agir… Il y a de quoi commencer (un peu) à angoisser, non ? population, loin de là. Des premiers sursauts écologistes des années 1970 à la normalisation de l’écoanxiété en cours aujourd’hui, la prise de conscience collective aura été lente. « Depuis la signature du protocole de Kyoto en 1997 et l’établissement de cibles de réduction des gaz à effet de serre, le sentiment d’urgence s’est progressivement accentué, renforcé par chaque nouvelle publication scientifique venue préciser le portrait du réchauffement planétaire », souligne la chercheuse en sociologie à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques Julia Rosa. On peut d’ailleurs s’attendre d’après elle à ce que l’écoanxiété continue de progresser dans la société, surtout si les décisions politiques tardent à venir. « La crise climatique n’est plus imminente, elle est en cours, constate la sociologue. Et l’absence d’actions structurantes et ambitieuses de la part des gouvernements alimente l’anxiété des citoyens et citoyennes. Ils se sentent encore plus impuissants face à la crise. » Dépasser le déni Dans ce contexte, est-il encore concevable de ne pas être écoanxieux ? Selon la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier, deux réactions sont possibles : la prise de conscience (qui vient avec son lot d’écoanxiété) ou le déni. « Les bouleversements climatiques touchent à des enjeux comme la destruction de la biodiversité et l’avenir de l’humanité, donc forcément, c’est très anxiogène », explique-t-elle. Et pour ceux qui ne savent pas comment gérer l’information, il est parfois plus simple de faire l’autruche. |