ihtlt métr 1171 Cil LTIP journa[metro.com Mercredi i'septembre 2021 8 Encourager la diversité des corps Art vivant. Depuis la nuit des temps, le corps humain est une source d'inspiration pour les artistes. L'organisme situé au Vieux-Port, propose régulièrement des sessions de modèle vivant. Avec les ateliers Antimodèle et Queer Bodies, il encourage la diversité des corps en invitant notamment des membres de la communauté LGBTQ+ à poser nus. LILA MAITRE imaitre@metromedia.ca La salle située au sous-sol de l'Orbite est calme lors de l'entrée du modèle du jour, Derek August Elliott, enrobé dans un drap noir. Une fois arrivé sur la petite estrade qui lui est dédié, il se dévêt et prépare sa première pose, qui durera une minute. En équilibre sur une jambe, il pivote et lève les bras, afin de proposer une position qui rappelle les sculptures classiques de la Grèce antique. Par la suite, il enchaîne avec des poses de plus en plus longues, qui dureront respectivement 2, 5, 10, 15 et 30 minutes. Face à lui, les participants esquissent le corps, le regard concentré. Seule la musique préparée par Manuel Shink, qui organise l'événement, vient couvrir le bruit des crayons sur le papier. Presque sans un mot, les artistes analysent les ombres, la perspective et les détails du corps du modèle. Favoriser les interactions Ici, pas de jugement, tous les niveaux et les médiums sont acceptés. Certains utilisent de la couleur tandis que d'autres se contentent du noir du crayon. Après les 2 h 30 -ode'Le modèle Derek August Elliott durant un séance de pose d'Antimodèle./MÉTRO MÉDIA passées à dessiner, les participants sont invités partager leurs créations. Pour Manuel Shink, c'est un bon moyen de mettre en place une ambiance conviviale et d'encourager les interactions sociales entre les artistes. Nous sommes à une séance de modèle vivant, Antimodèle, qui prend lieu depuis plusieurs années à l'Orbite, autrefois l'Anticafé. Tous les mardis de 18 h 30 à 21h, et trois dimanches par mois, des modèles expérimentés viennent prendre la pose. Aucun d'entre eux ne se ressemble, les âges, les genres et les corps diffèrent. « On sait que les dessinateurs aiment la variété », souligne Manuel Shink. Modèles LGBTQ+ Manuel Shink a commencé il y a quelques années à participer, comme modèle et artiste, à des sessions de nu. tel (pronom qui désigne une personne non-genrée) a voulu par la suite mettre en place des ateliers qui invitaient des modèles issus de la communauté LGBTQ+. De là est né Queer Bodies. « J'avais envie d'avoir plus de nuances dans ce qu'on dessinait [...], je trouvais que c'était très codé, que c'était soit homme ou femme », explique l'organisateur.ice, qui est également non-binaire. Même s'ils sont souvent des performeurs artistiques, danseurs burlesques ou drag queen, la plupart des modèles de Queer Bodies posent pour la première fois. Ainsi, lors de l'atelier qui a lieu un dimanche par mois, l'Orbite leur offre un accompagnement afin qu'ils se perfectionnent dans cette nouvelle pratique. « C'est une expérience qui peut être hyper positive pour le modèle, pour la confiance en soi, pour l'acceptation de son corps dans le fait d'assumer des postures de façon vulnérable devant des gens qui Une trentaine d'artistes pour la 41e édition du Festival de Jazz Le Festival international de Jazz de Montréal aura lieu du 15 au 19 septembre cette année. Après avoir annoncé les premiers noms il y a trois semaines, le Festival de Jazz a dévoilé hier sa programmation complète (et incroyable), dont Patrick Watson, Elisapie, Beyries et Flore Laurentienne. MÉTRO Les ateliers sont ouverts à tous et l'établissement a mis en place une échelle de prix au choix, entre 8$ et 17 $, afin d'accommoder toutes les bourses. Parfois, les sessions accueillent des musiciens qui performent en direct pendant la séance. te dessinent », assure Manuel Shink. Ces modèles peuvent également participer aux sessions d'Antimodèle. C'est le cas de Derek August Elliott, qui réalise aussi des films, qui a commencé à pratiquer son activité à Queer Bodies il y a deux ans. « Avant, j'étais obèse et j'ai travaillé fort pour surmonter ça mentalement. Pour moi, c'est une preuve de bravoure de mettre de côté mon anxiété à propos de mon corps et trouver la beauté qui pouvait s'en dégager. » Également membre de la communauté LGBTQ+, Derek August Elliott encourage l'espace inclusif créé par Queer Bodies. « Pour la majorité d'entre nous, il est vital d'avoir une représentation de plusieurs formes de corps pour montrer la diversité dans la communauté LGBTQ+ [...] et le faire en passant par l'art est le meilleur moyen. » L'univers avant-gardiste de Suuns avec The Witness Joe Yarmush, Ben Shemie et Liam O'Neill, de Suuns/GRACIEUSETÉ WILL LEW AMÉLIE REVERT areven@journahetro.com Dans quelques jours, Suuns fera paraître The Witness, son quatrième album studio. Cette oeuvre nous plonge corps et âme au coeur de l'univers avant-gardiste du groupe montréalais. Notre journaliste a rencontré l'un de ses membres, Joe Yarmush, pour en discuter. Avec The Witness, Suuns nous emmène ailleurs. Alors qu'ils nous avaient apprivoisés à coups de musiques sensationnelles, les Montréalais - qui se retrouvent en trio à la suite du départ de Max Henry - offrent une version sans fards de ce qu'ils savent faire de mieux. Leur électro-rock expérimental assume ainsi une tendance définitivement plus jazzy, plus obscure aussi ; tout en transparence cependant. Une ambivalence qui se distingue au fil des huit titres qui composent ce disque éclectique, si l'on pense au grand écart entre C-Thru et Go To My Head par exemple. « Même si le résultat s'éloigne de notre idée de départ, nous voulions aller vers un ensemble onirique et cohérent, confie le guitariste de Suuns, Joe Yarmush. The Witness est de fait un accomplissement. Nous avons laissé chaque morceau se construire et s'étendre doucement, de lui-même. » La force Suuns Joe Yarmush précise que l'une des volontés de Suuns était aussi de simplifier leur musique, ralentir, afin d'enregistrer live avec l'esprit d'un concert. « Nos précédentes « Tout ce que nous faisons nous correspond. » Joe Yarmush de Suuns à propos de The Witness chansons — et nous restons très attachés à elles — avaient souvent des arrangements bizarres et des sons délirants difficiles à reproduire sur scène », explique-t-il. Quant à The Fix, elle est certainement l'une des pistes qui reflète au mieux l'essence de Suuns aujourd'hui « La guitare est minimaliste et ça percute, raconte Joe Yarmush. J'affectionne particulièrement cette interprétation d'une ancienne pièce qui date de l'époque de HoldIStill [album de Suuns sorti en 2016,ndlr]. Elle est plus belle que ce que nous croyions qu'elle serait ». Avec un nom aussi intrigant, le thème de The Witness relève, selon le membre de Suuns, de cet aspect très collectif, presque robotique et robotisé de notre époque. « Avec les technologies, nous avons accès à tout ce qu'il se passe, instantanément, que nous le voulions ou pas. Sans avoir la prétention d'y remédier, notre album témoigne de cet étrange quotidien auquel nous assistons et qui aurait rendu folle l'humanité il y a cinquante ans. » À trois semaines du lancement de The Witness dans le cadre du festival POP Montréal (le 25 septembre au Théâtre Rialto), l'optique de cette nouvelle aventure pour Suuns leur permettra « de disséquer [leur] propre répertoire », et de surprendre leur public avec leur magnétisme. |