métr É.1 ver OPINIONS métr ae,t journalmetro.com Mardi 31 août 2021 6 TRIBUNE LIBRE Révolution tranquille, crise sanitaire et perspective d'avenir Nous traversons une période grise de l'histoire du Québec qui recèle bien des incertitudes. Avec la pandémie du COVID-19, bon nombre de nos citoyens sont préoccupés par ce qu'ils voient et entendent autour d'eux. Une chose est frappante. Le virus [de la] COVID-19 a fait qu'une certaine idée du sens commun, de l'esprit des Lumières, de la liberté, de la rationalité, des sciences dures, du respect des uns et des autres est mise à rude épreuve. Nous le voyons tous brutalement de différentes manières. Ce moment de distorsion m'inquiète, parce qu'il y aura des conséquences sur le long terme. Il faut regarder les yeux grands ouverts pour constater qu'il y a des mutations idéologico-culturelles. On commence lentement à s'apercevoir - même si L'homme rapaillé TYPO nous sommes assis paisiblement sur le marchepied de l'empire américain - qu'il y a une fissure. La nation québécoise était considérée encore récemment comme un solide rempart contre une façon bien à elle de contrecarrer toutes formes d'obscurantismes. Mais arrive le virus. Notre subconscient collectif se laisse contaminer par des effets secondaires régressifs. La crédulité irrationaliste, les théories du complot, les croyances alternatives, le soupçon immodéré et la recherche de boucs émissaires gagnent plus d'adeptes. On observe même une baisse du système immunitaire culturel et scientifique. Tout cela produit des effets forts indésirables. Sommes-nous suffisamment combatif pour enrayer ou ralentir cette contagion ? Plus prosaïquement, est-ce que l'on enseigne adéquatement à l'école l'histoire des sciences et des religions avec une force de subtilité et de conviction pour faire reculer l'analphabétisme ? Je l'espère vivement, mais j'en doute un peu. Il faut poser une question un peu lapidaire pour remonter le fil d'Ariane qui nous pend au bout du nez. Les enfants (et surtout les petits-enfants) de la Révolution tranquille surmonteront-ils ce choc psychique ? On peut le souhaiter. Mais il y a un bouillonnement et un brouillard qui se superposent. TRIBUNE LIBRE Miron et entrer en littérature Au début de leur aventure, les jeunes auteurs sont parfois confrontés à une peur terrible, celle de ne jamais rencontrer leur style. Chez certains d'entre eux, cette angoisse s'étire dans le temps et parvient même à se loger définitivement sous leurs os. Les années filent, ils continuent d'éplucher les classiques, émus, déchirés chaque fois entre l'émotion Le sociologue Guy Rocher, figure éminente qui a réfléchi au processus de modernisation, de sécularisation (et de laïcisation) du Québec doit sûrement regarder avec déception les dérives actuelles qui gangrènent notre société. Et les esprits forts d'autrefois, si combatifs à son époque ne sont décidément pas au rendez-vous. Tout ceci est finalement bien triste. La Révolution tranquille était censée avoir fait accéder l'État du Québec dans une modernité triomphante. Il faut être reconnaissant à cet effort positif, d'espérance et d'élégance. Dans les années 1960, l'accès des femmes dans le domaine de l'éducation a été une lutte importante. Le secteur des sciences où les femmes ont progressé a permis de faire reculer bien des frontières, des plafonds de verre et des limites. Et pourtant, ce n'est pas tout à fait comme ça que les choses se déroulent avec la problématique sanitaire qui déborde partiellement en changement de paradigme socio-culturel. Avec la persistance du virus (et des variants), l'enjeu des croyances biscornues risque bien d'être amplifiées d'un champ de mines dans des subcultures qui semblent s'enraciner dans les pores de notre société. Je le dis en toute sincérité. Il faudra réévaluer la portée des théories de la sécularisation qui se dégage normalement puissante et toujours pure de l'épatement, mais aussi celle, largement plus vile, de la rancoeur. Au milieu des nuits sans sommeil, ils se questionnent : « Comment Flaubert a-t-il pu écrire quelque chose d'aussi parfait ? Et si moi, au fond, je n'étais pas fait pour ça ? ». Cette semaine, je suis plongé dans des lettres du poète Gaston Miron envoyées à un ami entre 1949 et 1951. Miron avait à peine 20 ans, écrivait déjà de la poésie, mais son verbe s'exerçait à défaut d'éblouir déjà. Miron était pauvre comme la gale, ne tenait pas en place, apprivoisait tranquillement un enthousiasme, à bout de souffle, un esprit qui l'incitait à lire un peu trop de tout, à s'éparpiller surtout. Faites-nous découvrir votre Montréal ! Photographes, à vos appareils ! Courez la chance de voir votre cliché publié dans les pages Opinions de votre journal favori... Faites-nous parvenir vos photos de la ville à opinions@journalmetro.com. MÉTRO de certains travaux universitaires. Car certains courants idéologiques plus ou moins sectaires qui se déploient ne disparaîtront pas d'un coup de baguette magique progressiste. Nous sommes définitivement entrés dans un univers mental où pullulent malheureusement des esprits fragiles en Ces lettres destinées à un ami s'adressent aujourd'hui aux jeunes auteurs de demain. Elles constituent de très grandes leçons d'humilité, de courage. Il faut lire Miron essayer de retrouver une langue, tenter aussi de trouver son style « tourmenté, qui se cherche, qui se dépouille ». Miron nous écrit que cette battue l'étourdit, lui pince la gorge, l'épuise jusqu'à le renvoyer constamment au dictionnaire « pour les mots les plus usuels et les plus simples ». Les jeunes défricheurs sont parfois persuadés que pour entrer en littérature, le talent seulement est convoqué. Miron, lui, est pourtant catégorique, « c'est le travail qui compte. » quête de vérités alternatives. Des nouvelles formes du croire émergent. Le temps nous dira si notre période un peu turbulente au niveau des croyances sera éphémère ou persistante. PIERRE BRASSARD, ÉCRIVAIN Miron a eu faim, Miron a eu peur et en 1950, il ne croyait même plus à une carrière littéraire. On connaît pourtant la fin. Un recueil, L'Homme rapaillé, est publié en 1970. Un ouvrage repris par l'auteur à de nombreuses reprises, à toutes les fois embelli d'un vers, d'une virgule ou d'une perle. L'oeuvre québécoise la plus lue de toute la francophonie. Oui, décidemment, il en faut du travail avant d'arriver « à ce qui commence ». RÉMI VILLEMURE, MONTRÉAL Écrivez-nous ! opinions@journalmetro.com Volume : 21 Numéro : 69 À Montréal, Métro est publié par Métro Média, 101, bouL. Marce[-Laurin, Montréal H4N 2M3 Tél. : 514 286-1066 Imprimé par : Transcontinental Transmag, 10807, rue Mirabeau, Anjou, Québec, H1J 1T7 Distribué par Metropolitan Media Services/Directrice de la distribution : Danielle Tessier Directeur principal des ventes : Patrick Marsa n Contrôleur : François Dallaire Directeur de l'information : Olivier Robichaud Chef de pupitre : Carole Côté Vous avez une opinion à nous faire parvenir ? opinions@journahetro.com Vous voulez annoncer dans nos pages ? pubLicite@journa [met ro.com Vous avez une nouvelle à nous faire parvenir ? info@journalmetro.com. ISSN 1716-9895 LE MOT CACHÉ ANTIDOTE TELMELUAT Reordonnez les lettres pour trouver le mot qui correspond à la définition. nom féminin - Brin de bois ou de carton à l'extrémité imprégnée d'un produit inflammable par friction. ♦ [CUISINE] Gâteau allongé, mince, feuilleté et recouvert de sucre. Présenté par métr) Anti D Cre Corrigez sur tous vos écrans |