métr 1171 OPINIONS ÊTRE NAZI CHRONIQUE IN LIBRO VERITAS FRÉDÉRIC BÉRARD docteur en droit et politologue Assurer le commentaire politique, par sa définition même, entraîne son lot de commentaires désobligeants, d'attaques persos, de menaces de voie de faits ou de mort. Merci, encore une fois, à la décomplexion offerte par les médias sociaux, lesquels permettent aux losers de tout acabit une nouvelle vocation : celle d'intimider et de harceler à temps plein ou intermittence, à même le doux confort de leur douillet foyer,i.e. le sous-sol de leur maman. Pensée particulière pour toutes mes amies et collègues chroniqueuses qui, en plus de vivre également ce qui précède, se tapent en journa1m etro.co m Mercredi 11 août 2021 6 Été urbain Un lecteur a pris cette vue du centre-ville, durement touché par ta pandémie. Tout y est pour la reprise : le soleil, les comerces, la verdure et les gens./GRACIEUSETÉ/SERGE AUMONT métr prime une violence misogyne inouïe, photos de zouizouis non sollicitées à titre de déchéance ultime. Mais bon. Si Jacques Parizeau disait que « la politique est un mal nécessaire, mais tant qu'à en faire, mieux vaut bien la faire », son commentaire pourrait aisément s'appliquer, sans trop de nuances, au commentaire public. Parce qu'il en va, en quelque sorte, de la richesse et vitalité de notre vie démocratique, de la circulation d'un maelstrom d'opinions pluralistes. En bref, raide, mais névralgique. Je pense. Ou j'espère, plutôt. Après une dizaine d'années assis dans le wagon du manège médiatique, pas de doute qu'un chroniqueur en a vu de toutes les couleurs. Perso, on m'a d'innombrables fois traiter de gros, de woke, de cheveux sales, de cheveux longs, de reptilien, d'illuminati, de multiculturalisse, de fédérace, de péquisse, de Québec solitaire, d'islamo-gauchisse, de racialiste et autres sympathiques variations sur les mêmes thèmes*. Mention d'ailleurs au fin renard qui, une fois sur la page de TVA, avait rédigé la perle suivante : « Lui, ce p'tit christ-là, on va l'envoyer dans l'État islamique se faire couper la tête, histoire qu'il commence à réfléchir un peu. » J'ai voulu lui rétorquer que son commentaire constituait un oxymore, avant de me raviser. Remarquons que le Québec n'est pas, malheureusement, la seule terre promise côté bêtise. Pour avoir chroniqué quelques temps en France, dans les pages du magazine Le Point, je confirme que la violence du propos est en tous points, justement, similaire TRIBUNE LIBRE Un distributeur censeur à moitié Un distributeur présente au Québec la comédie française OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire, mais il en a modifié le titre (« délicieusement ringard », selon Le Figaro) pour OSS 117 : Bons Baisers d'Afrique, singeant Bons Baisers de Russie, un vieux James Bond. Il aura vraisemblablement estimé que les mots « Afrique noire » heurteraient des personnes à la peau sensible. Je parierais que, pour lui, « Afrique noire » est assimilable à « Afrique n**** », ni plus ni moins. Mais en voyant le film au Cinéma Beaubien le 6 août, j'ai réalisé que le titre original n'avait pas été modifié dans le générique. Ce distributeur a donc été Faites-nous découvrir votre Montréal ! Photographes, à vos appareils ! Courez la chance de voir votre cliché publié dans les pages Opinions de votre journal favori... Faites-nous parvenir vos photos de la ville à opinions@journalmetro.com. MÉTRO J'étais, et suis encore, un brin sous le choc. à ce qui se vit ici, fautes d'orthographe et syntaxiques en moins. C'est ainsi qu'après avoir pensé avoir tout lu, vu et entendu, la vie devait me réserver une belle surprise. À la suite de ma chronique qui en appelait à la reconstruction des ponts avec les anti-vaccins, v'là tu pas le feu qui, non sans ironie, repend dans la grange. Sur la page Facebook du Métro, après plusieurs commentaires d'une désobligeance assez spectaculaire, un dénommé Stéphane Bolduc allait sortir la balle du parc. Il écrit, en parlant de moi : « Un autre SS qui aurait volontier [sic] gazer les juifs supposément porteurs d'un virus. La même propagande médiatique en plus. » Être un nazi. J'étais, et suis encore, un brin sous le choc. Parce que si, comme je l'expliquais plus haut, la carapace est indubitablement nécessaire à l'activité médiatique, celle-ci, du moins la mienne, n'est pas sans failles. Un nazi, moi, sérieux ? Certains des collègues de combat de Bolduc semblaient d'accord avec lui : en tant que traître, Nuremberg m'attend, question de temps, dans le détour. Nazi, assetie. Parce que je défends l'idée de la vaccination. Celle défendue par l'ensemble de la science. Celle éprouvée. Celle faisant figure de clef de voûte. Wow. Juste wow. Sur le cul, l'effort permettant de comprendre leur adéquation m'appert trop exigeant. Des victimes de la Shoah du fait qu'on leur refusera, incessamment, l'accès aux restos, cinémas et autres trucs ludiques ? Comment un cerveau humain, même crissement limité, puisse-t-il en arriver à une telle bêtise sans nom ? Ont-ils idée de la méchanceté, pure et simple, que revêt leur assertion pour la communauté juive ou quelconque humaniste ? Avec ma fille, je devais visiter Auschwitz, pour un reportage, en 2018. Encore ébranlés. censeur à moitié. (Il faut d'ailleurs féliciter la Régie du cinéma du Québec de ne s'être pas laissé duper.) Les wokes qui ne peuvent digérer le titre original pourraient donc très bien se pointer devant les cinémas et décourager les intéressés de s'acheter une place, comme les anti-SLAV l'avaient fait pour le spectacle de Robert Lepage en 2018. Ce distributeur qui a peur de son Vu, de nos yeux, et senti, de nos trippes, la monstruosité de l'enfer humain Un nazi, moi. Re-assetie. Quelques jours plus tard, une association du Parti conservateur de Duhaime confirmait ma crainte : celle que l'idée d'une Shoah sanitaire fasse son chemin. On y voit Legault, en führer. Le sang me tourne. La publication a été retirée depuis, merci au droit à la diffamation applicable, sinon au sens commun. Reste toutefois le pathétique constat suivant : à force de réconforter ses militants-bozos dans leurs bêtises, le chef a créé, à l'instar de populistes avant lui, un monstre. Hideux. Inhumain. Insensible. Pendant longtemps, plusieurs traitaient Eric Duhaime de clown. Pas faux. Sauf qu'à la suite de recherches, il en existe trois types : des drôles, des tristes, et des épeurants. Le politicien en est aujourd'hui rendu à personnifier, manifestement, le troisième type. * C'est faux : je ne suis pas gros. ombre ne le réalise peut-être pas, mais en s'attaquant au titre original dans ses publicités et affiches, il s'attaque aux créateurs du film, car nous ne parlons pas ici d'une banale traduction. Je ne me souviens d'ailleurs pas avoir jamais vu chose semblable depuis que je m'intéresse aux films. Cela est peut-être survenu du temps où nos curés censeurs scrutaient à la loupe les films provenant de la France anticléricale, des années 1930 aux années 1960, mais pas au cours des dernières décennies, me semble-t-il. On se croirait au pays de Donald Trump, où un nouveau puritanisme sévit. L'actualité vous fait réagir ? SYLVIO LE BLANC, MONTRÉAL Écrivez-nous ! opinions@journalmetro.com Volume : 21 Numéro : 61 À Montréal, Métro est publié par Métro Média, sol, bouL. Marcellaurin, Montréal HAN 2M3 Tél. : 514 286-1066 Imprimé par : Transcontinental Transmag, 10807, rue Mirabeau, Anjou, Québec, Hit 1T7 Distribué par Metropolitan Media Services/Directrice de la distribution : Danielle Tessier Directeur principal des ventes : Patrick Marsa n Contrôleur : François Dallaire Directeur de l'information : Olivier Robichaud Chef de pupitre : Carole Côté Vous avez une opinion à nous faire parvenir ? opinions@journaimetro.com Vous voulez annoncer dans nos pages ? pu blicite@journa lm et ro.com Vous avez une nouvelle à nous faire parvenir ? info@journalmetro.com. ISSN 1716-9895 |