métr 1171 OPINIONS IN LIBRO VERITAS FRÉDÉRIC BÉRARD docteur en droit et politologue journalmetro.com Mercredi 19 Mai 2021 6 LA CRAINTE DES MARTYRS À circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles. Tel serait, je crois bien, un juste titre pour ces 15 mois de crise sanitaire qui, si la tendance se maintient, tirent (enfin) à sa fin. Jamais n'auront autant bougé, et de façon aussi imprévue, les plaques tectoniques de nos idéologies sociétales. Chacun aura été confronté à une rocambolesque aventure à l'extérieur de sa zone de confort, notamment intellectuelle, certains ayant même à insulter au quotidien un lectorat pourtant acquis à coups de sophismes, raccourcis et demi-vérités. TRIBUNE LIBRE Au revoir Ada ! La saison 3 de la série M'entendtu ? s'est terminée sous le signe de l'espoir il y a quelques jours à Télé-Québec. Certainement comme beaucoup, je ne m'attendais pas à voir mourir l'un des personnages les plus attachants de la série. Ada s'est éteinte en même temps que la belle histoire de M'entends-tu ?, qui a tenu en haleine des milliers de téléspectateurs durant trois saisons pleines de rebondissements, où se jouait les destins de Carolann, Fabiola et Ada. Comme le déclarait Nicolas Michon au cours d'une entrevue, acteur interprétant le rôle de Marcel, la série a belle et bien une fin. Carolannobtient son diplôme d'études secondaires, Fabiola vit une vie de famille et Ada... Ada est partie. métr À titre perso, jamais n'aurais-je crû à avoir, un jour, à défendre intempestivement la constitutionnalité de mesures sanitaires, d'aucuns jugent attentatoires au corpus des libertés fondamentales enchâssées à mêmes nos chartes. Comme me rappelle Denis Lévesque à pratiquement chaque show : « Comme constitutionnaliste, t'es pas supposé être un ambassadeur de l'État de droit, toi ? ». Oui, je suis supposé. Et en fait, je crois encore l'être. Au moins en un sens. Parce que si ces mêmes libertés ont un Il y a toujours de l'espoir On ne s'attendait clairement pas à la mort d'Ada. Pourtant, sa mort n'est pas représentée comme une fin. Elle est le début de la vie de sa fille, qui vivra avec son père Nassim, dont le rôle fut interprété par le comédien Medhi Bousaidan. sens, ce dernier doit prendre source, sinon racine, dans le cadre d'un exercice de pondération, soit celui des intérêts collectifs. Un exemple : si la liberté d'expression est névralgique à toute démocratie, elle ne peut, non plus, s'exercer dans l'abstrait. Elle porte, en son sein, ses propres limites. Sans surprise, ma chronique de la semaine dernière comparant le travail policier actuel et celui abattu (sans mauvais jeu de mots) en 2012 a, évidemment, fait crier au meurtre. Je participerais ainsi, et à mon tour, à la construction de cet échafaud dictatorial imposé par Arruda, Gates et autres reptiliens-illuminatisbouffeurs-de-cadavres-en-soussol-de-pizzeria. Soit. J'assume. Parce que des circonstances exceptionnelles en appellent, ou devraient le faire, à des mesures qui le sont tout autant. Celles-ci adoptées, on en assure le Faites-nous découvrir votre Montréal ! Photographes, à vos appareils ! Courez la chance de voir votre cliché publié dans les pages Opinions de votre journal favori... Faites-nous parvenir vos photos de la ville à opinions@journalmetro.com. MÉTRO Le job des flics et, ensuite, du judiciaire. Ainsi va l'État de droit. respect. Le job des flics et, ensuite, du judiciaire. Ainsi va l'État de droit. Or, et comme discuté dans la chronique en question, on assiste présentement à un abandon, refus ou négligence des autorités d'agir, voire sévir, auprès d'une infime minorité mettant en péril les efforts d'une société quasi-entière. Seule hypothèse plausible : l'émission d'une directive « qui vient d'en haut », liant les mains policières. Hypothèse qui m'a été confirmé par une source-amie, proche ou issue des cercles en question. Ne pas échauder, donc, les complotistes-manifestants. Ah bon ? Et pourquoi donc ? Pour quel mobile ? Ne pas en faire des martyrs ? Donne-moi une pause, dirait Au cours des trois saisons de M'entends-tu, les téléspectateurs et téléspectatrices ont vu ces trois jeunes femmes et leur entourage se démener pour simplement survivre. C'est avec beaucoup de joie qu'on les voit sourire et gouter à la vie. C'est une leçon de vie que nous enseigne un Anglais. Des martyrs, ils s'en auto-créent eux-mêmes, depuis le début, à chaque deux jours. Faudrait donc accepter leurs propres règles du jeu, au-delà de la loi ? Violer la loi au nom d'une théorie du complot (par définition) débile ? Tu refuses de porter un masque ou de respecter le distanciation physique ? Deviens complotiste ! Eh ben... Et qu'on se comprenne bien : jamais je n'encouragerai la brutalité policière. Mais entre celle-ci et décerner une contravention ou déclarer une manif illégale - particulièrement celle qui empêche une journée de vaccination sous le nuage de l'intimidation - me semble qu'il y a une sacrée marge. Au moment d'écrire ces lignes, le gouvernement de la Nouvelle-Ecosse vient d'obtenir des tribunaux une injonction interdisant les prochaines manifs anti-vaccins et anti-mesures sanitaires. M'entends-tu ?. Malgré les parents toxiques, la violence conjugale, les problèmes de drogues, la précarité dans tous ces aspects, les péripéties et les obstacles qui se dressent sur notre chemin ne sont pas des fatalités qui nous empêchent fatalement d'atteindre le bonheur. Le bonheur se crée, il se construit. L'éducation, une clef ? On ne peut que constater que la réussite scolaire est au coeur de l'émancipation de certains personnages de la série. Dans le dernier épisode, la fille d'Ada, née de parents d'origine supposément arabe et au moins à moitié italienne, passe l'examen du barreau pour devenir avocate. Passionnée de lecture depuis le début de la série, Carolanndevient enseignante. Ce sont des messages forts pour les personnes les femmes issues de l'immigration ou qui constitue la « minorité visible québécoise », mais également une réalité. Les parents qui ont vécu la précarité poussent généralement leurs enfants Appelé à témoigner à titre d'expert, Dr Robert Strang - soit l'Arruda néo-écossais - a réussi a faire la preuve de l'évidence : les manifs du type, sans masques ni distanciation physique, bousillent les efforts sociétaux. En gros : « We cannot let a small group of individuals who willfully dismiss the science, willfully dismiss the evidence around how their actions could put other people at significant risk. We cannot allow that to happen and l'm very pleased with the judgment. o Boum. Comme l'écrivait Bukowski : « I am not the cruel type, but they are, and that's the secret. » Devant cette cruelle bêtise, soit celle de minimiser ou nier 3,3 millions de morts à travers le monde, restent les mesures exceptionnelles. Celles-ci requièrent, cela dit, non-électoralisme, courage et volontarisme. Pas donné à tous, malheureusement. à faire des études supérieures, afin que leur progéniture n'ait pas à vivre les difficultés qu'ils ont connues. Ici, Carolanns'est élevée toute seule, se dirigeant vers les études et c'est elle qui donne la piqure à la fille d'Ada. C'est aussi cela, la solidarité, l'amitié. Certains jeunes adultes n'ont pas eu la chance de grandir dans un environnement où ils ont été encouragés à développer leur capacité, leur rêve. Nous devrions tous et toutes en apprendre de ces femmes, orpheline de mère, victime de violence conjugale, qui ont choisi l'élévation et la transmette à d'autres. L'actualité vous fait réagir ? CAMILLE CUSSET Écrivez-nous ! oninions@iournalmetro.com Volume : 21 Numéro : 31 À Montréal, Métro est publié par Métro Média, loi, boul. Marcel-Laurin, Montréal H4N 2M3 Tél. : 514 286-1066 Imprimé par : Transcontinental Transmag, 10807, rue Mirabeau, Anjou, Québec, Hit 1T7 Distribué par Metropolitan Media Services/Directrice de la distribution : Danielle Tessier Directeur principal des ventes : Patrick Marsa n Contrôleur : François Dallaire Directeur de l'information : Olivier Robichaud Chef de pupitre : Carole Côté Vous avez une opinion à nous faire parvenir ? opinions@journalmetro.com Vous voulez annoncer dans nos pages ? publiciteejournalmetro.com Vous avez une nouvelle à nous faire parvenir ? info@journalmetro.com. ISSN 1716-9895 |