métr journalmetro.com Mercredi 12 mai 2021 OPINIONS métr.. Faites-nous découvrir votre Montréal ! Photographes, à vos appareils ! Courez la chance de voir votre cliché publié dans les pages Opinions de votre journal favori... Faites-nous parvenir vos photos de la ville à opinions@journalmetro.com. MÉTRO ÉTUDIANTS CONTRE COMPLOTISTES CHRONIQUE IN LIBRO VERITAS FRÉDÉRIC BÉRARD docteur en droit et politologue Quiconque vivait au Québec au printemps 2012 se souvient du raz-de-marée militant ayant envahi les rues de l’époque. D’abord quelques centaines, ensuite milliers, voire dizaines d’étudiant.es. À s’enfarger dedans. La réponse du gouvernement Charest est alors digne de celles de petits boss (des bécosses) : montrer ses biceps, à grands coups de flics anti-émeute et, surtout, de lois spéciales. La loi 12 alors adoptée est, disons-le franchement, d’un spectaculaire stratosphérique. D’abord, en prévoyant elle-même son TRIBUNE LIBRE Un changement nécessaire de doctrine Avec la doctrine actuelle, que se passera-t-il si les vaccins ne fonctionnent pas autant qu’espéré, si une flambée importante du nombre de cas se produit ou bien si un nouveau virus deux fois plus létal que la COVID -19 apparait en 2022 ? Comme il n’y a aucune marge de manœuvre, ce sera exactement le même scénario de submersion des capacités hospitalières qui conduiront à la réduction de l’offre de diagnostics et de soins médicaux, à la privation de liberté et auto-abrogation imminente, empêchant ainsi une contestation constitutionnelle au fond. Secundo, en permettant aux flics de fouiller, sans mandats, les comptes de réseaux sociaux de quiconque organisant ou participant à une manif. Ensuite, en créant l’obligation d’un itinéraire, accompagnée d’infractions pour quiconque omettant de dissuader tout dissident potentiel. Crime par omission, donc, pour lequel on imagine bien le dernier du peloton de crier (comme un perdu) à GND : « À GAUCHE, IMBÉCILE… À GAUCHE !!! ». Quatro, en interdisant d’activité économique. Comme le dit une vieille expression, « Gouverner, c’est prévoir ». Un changement de doctrine est non seulement nécessaire pour faire face à la crise actuelle et aux différents scénarios possibles, mais aussi pour anticiper et prévoir une future pandémie. Il est temps de passer de « pourvu que les vaccins fonctionnent et que le nombre de cas n’augmente pas » au « renforcement pro-actif de la capacité de traitement des patients en parallèle de la vaccination ». La pénurie de personnel médical est une réalité qui a eu l’effet d’exercer une pression et un stressimportants sur celui-ci, détériorant significativement le climat de travail dans plusieurs hôpitaux du Québec. Cela a poussé de nombreux travailleurs à quitter le système de santé public. C’est pour cela qu’il est d’autant plus important de maximiser l’efficacité de la gestion initialement les rassemblements de plus de 25 personnes, wet dream de tout policier pouvant ainsi déclarer la manif illégale. Conséquences ? Balancer les rébarbatifs dans le panier à salade, poivrer les dissidents et mitrailler de contraventions (inconstitutionnelles) monsieur ou madame s’étant joints, à coups de casseroles, à la révolte (devenue) populaire. Puis, en décernant des amendes variant de 7 000 à 35 000 $ pour les leaders étudiants (allô, suis-je bien au bureau des prêts et bourses), et de 25 000 à 125 000 $ pour leurs assos. La meilleure, enfin, pour le dessert : en assurant à la ministre en charge la possibilité d’apporter des « adaptations » à toute autre loi québécoise si, à son seul jugement, celle-ci devait entraver l’application de ladite loi 12. Une membre de l’Exécutif, donc, ayant maintenant dans sa besace le pouvoir, magique, de renverser unilatéralement les décisions Depuis bientôt un an, des milliers d’hurluberlus envahissent occasionnellement les rues québécoises ayant, comme principal leitmotiv, la lutte aux mesures sanitaires. de l’ensemble de l’Assemblée nationale. De toute beauté. Question, d’ailleurs : combien d’avocat. es-député.es ont voté une telle disposition, soit l’article 9 de la loi ? Quoiqu’il en soit, et pas besoin de vous faire un dessin, l’adoption de celle-ci avait joyeusement fait grimper dans les rideaux tout juriste-démocrate qui se respecte. Retour vers le futur. Printemps 2021. Depuis bientôt un an, des milliers d’hurluberlus envahissent occasionnellement les rues québécoises ayant, comme principal leitmotiv, la lutte aux mesures sanitaires. du personnel médical. Une stratégie de rechange pour gérer cette pandémie serait la mise en place de centres de traitement régionaux dédiés à la COVID-19 d’une capacité ambitieuse et modulable de plusieurs centaines de lits chacun, à l’extérieur des hôpitaux existants. Ils Celles-ci relèveraient d’un obscur complot patenté avec le gars des vues, assimilant maintenant Québec aux pires régimes sinon dictatoriaux, au moins liberticides – nos excuses ainsi aux familles et proches des victimes de ces mêmes régimes, nos bozos-polyglottes confondant probablement ici Dachau et Dollard-Des-Ormeaux. Cette lutte aux mesures fascisantes (merci à Maxime Bernier pour l’expression – à titre d’ancien ministre des Affaires étrangères d’Harper dans l’affaire Kahdr, il s’y connait) leur procurerait ainsi l’doua de bloquer des ponts-tunnels, de contrevenir aux règles sanitaires en se promenant main dans la main, sans masques, de s’échanger des clopes et de se postillonner en pleine face mais surtout, d’annuler une journée vaccination au Stade olympique, qualifiant ce dernier « d’abattoir humain », et intimidant dès lors le personnel médical à bout de souffle, notamment du fait d’avoir soigné, depuis plus de 15 mois, ces fêlés du bocal en manque simultané de neurones et d’empathie. Le tout, on l’a vu, devant l’air hagard, parfois complice, de policiers-pissous en train de faire dans leur culotte devant neuf zigotos armés d’un drapeau de la révolte de 1837-1838 – nos excuses, ici encore, aux familles et aux proches de ces mêmes patriotes pendus –, nos bozos-culturés confondant probablement ici Samuel Grenier et Delorimier. Selon le Larousse, l’expression « deux poids deux mesures » se décrit, essentiellement, comme suit : « juger différemment d’une même chose, selon la diversité des intérêts, des circonstances. » Si les circonstances sont, ici, aggravées par un cadre pandémique grave, reste donc la question des intérêts. Qui, ici, a intérêt à épargner ces zigotos-militants- violantla- règle-de- droit-et- gâchantnos- efforts-collectifs autrement que pour des mobiles électoraux ? Écrivez-nous ! opinions@journalmetro.com Volume : 21 Numéro : 28 À Montréal, Métro est publié par Métro Média, 101, boul. 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Le fait de rassembler les patients, et donc les ressources humaines et matérielles dans ces centres de traitement régionaux, entraînerait probablement aussi une baisse du stress du personnel médical et des contaminations dans les hôpitaux. Et cela rassurerait les citoyens, car nombre d’entre eux ont peur de se rendre à l’hôpital, avec les conséquences invisibles mais bien réelles à venir sur leur santé et possiblement sur leur vie. Enfin, ces centres de traitement régionaux COVID donneraient une marge de manœuvre au gouvernement pour : être moins dépendant des fluctuations du nombre des hospitalisations offrir de nouveau les services de diagnostics et de soins de santé réguliers à la population dans les hôpitaux publics réduire progressivement et durablement les multiples restrictions de liberté et d’activité économique améliorer en temps réel la stratégie et les tactiques pour gérer les flambées de cas définir un plan d’action efficace pour affronter un nouveau virus dans le futur. CYRIL STEIN B.A.A., M.B.A., GESTIONNAIRE D’OPÉRATIONS HUMANITAIRES D’URGENCE 6 |