métr journalmetro.com Week-end 5-7 mars 2021 OPINIONS Faire face à l’itinérance au féminin La Journée internationale des droits des femmes est une occasion de reconnaître les luttes quotidiennes des femmes, dont les milliers de femmes qui vivent l’itinérance. La réalité de l’itinérance chez les femmes est largement sous-estimée, car elle est moins visible. Pour éviter la rue à tout prix, certaines femmes sans logement fixe adoptent des stratégies qui peuvent devenir toxiques. L’itinérance chez les femmes est la pointe de l’iceberg de la pauvreté, souvent due au manque de logement abordable et à la difficulté d’accéder à des services et à des soins de santé adaptés. Elle est le résultat de problèmes sociaux complexes que nous pouvons et devons surmonter en tant que communauté. L’inégalité, encore et toujours Malgré les progrès réalisés, les femmes sont plus susceptibles métr TRIBUNE LIBRE Sous la neige, la plage Cette belle vue du Pont Jacques-Cartier et de la plage de l’Horloge a été capturée au cours de la Grande marche sous zéro du Grand défi Pierre Lavoie./PIERRE LAFLAMME de connaître la pauvreté que les hommes. Elles sont aussi plus nombreuses à occuper un emploi précaire. Le quart des femmes noires vivent sous le seuil de pauvreté au Canada et les femmes autochtones sont surreprésentées parmi les femmes en situation d’itinérance ou encore victimes de la criminalité. De plus, des recherches ont démontré que les propriétaires sont plus réticents à louer un appartement à des mères célibataires, des femmes bénéficiant d’une aide financière ou des femmes autochtones. Dans ces circonstances, la première solution à long terme consiste à augmenter l’offre de logements abordables. Une crise aggravée par la COVID-19 Avant même que la pandémie ne vienne accentuer le problème, les logements abordables se faisaient rares à Montréal, tout comme les solutions et les programmes d’hébergement destinés aux femmes sans-abri. Pour respecter les directives de distanciation physique, les deux plus grandes ressources consacrées aux femmes en situation d’itinérance au Québec, le Pavillon Patricia Mackenzie et Le Chaînon, ont dû réduire leur nombre de lits ou modifier leur fonctionnement. Des mesures d’urgence hivernales temporaires, comme l’accès à des chambres d’hôtel, ont été mises en place par le gouvernement. Ce filet de sécurité est indispensable, mais n’est pas une solution viable à long terme. Il ne permet pas de soutenir convenablement les femmes vivant des enjeux de santé mentale, de toxicomanie ou de violence. Au nom des femmes, nous revendiquons l’accès à des espaces dignes et adaptés à leurs besoins. TRIBUNE LIBRE Faites-nous découvrir votre Montréal ! Photographes, à vos appareils ! Courez la chance de voir votre cliché publié dans les pages Opinions de votre journal favori... Faites-nous parvenir vos photos de la ville à opinions@journalmetro.com. MÉTRO Les femmes itinérantes sont souvent moins visibles que les hommes./JOSIE DESMARAIS/MÉTRO Lettre à Danielle McCann, ministre de l’Enseignement supérieur Madame la ministre, Vous avez demandé, le 4 février, aux enseignantes et aux enseignants de retourner donner des cours en présence dans les locaux des cégeps et universités tout en permettant aux étudiantes et aux étudiants qui le désirent de suivre leurs cours à distance, ce que plusieurs ont qualifié d’enseignement en « comodal ». Permettez-moi d’illustrer votre demande par un exemple qui vous est plus familier : c’est comme si vous demandiez à une infirmière de soigner simultanément un patient de la main droite et une patiente de la main gauche. Les risques d’erreur dans le cas de l’infirmière, vous en conviendrez avec moi, seraient décuplés. Pour nous, c’est La pandémie a créé des défis sans précédent. Et si ces défis représentaient également une occasion unique d’imaginer une société plus juste ? À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, nous demandons à nos gouvernements de poser trois gestes significatifs, soit d’élargir la définition de l’itinérance pour y intégrer la notion d’itinérance cachée et ainsi tenir compte de la réalité des femmes, d’investir dans les modèles d’hébergement le risque d’une mauvaise pédagogie ainsi que d’insatisfactions et de frustrations, tant chez les personnes qui seraient dans la classe que chez celles qui seraient à distance. L’attention ne pourra jamais être au rendez-vous pour l’ensemble du groupe. Il sera difficile de gérer les travaux et échanges en présence et en virtuel, les interactions avec les étudiantes et les étudiants de même que les présences et les déplacements dans la classe, le tout en posant un jugement professionnel sur les apprentissages, entre autres exemples. Si le passé récent se révèle garant de l’avenir, le personnel enseignant servira de bouc émissaire de ces insatisfactions et frustrations sur les réseaux sociaux. Avec des enseignantes et des enseignants déjà psychologiquement fragilisés, cela pourrait bien être la goutte qui fera déborder le vase : des groupes perdront leur titulaire. D’autant plus que les directions d’établissement nous ont habitués à peu de reconnaissance et de défense de leur personnel au royaume du clientélisme. À court terme, les directions ont demandé au personnel enseignant de mettre en place votre demande de manière volontaire. Cependant, compte tenu des frais encourus pour équiper les adaptés à la situation des femmes et de financer adéquatement les services qui leur sont destinés. Prenons dès à présent les décisions d’un avenir meilleur, un Québec qui se donne les moyens d’éradiquer la pauvreté et de venir à bout de l’itinérance. MARIE-HÉLÈNE HOULE, DIRECTRICE GÉNÉRALE DU CHAÎNON ET FLORENCE PORTES, DIRECTRICE DES SERVICES AUX FEMMES DU PAVILLON PATRICIA MACKENZIE classes de matériel technologique, ce que certaines universités font massivement, nous craignons que le « comodal » devienne une demande formelle à l’automne. À cet égard, vous qui avez à cœur la réussite des étudiantes et des étudiants, sachez que votre proposition défavorisera celles et ceux qui seront à distance et qui ont des difficultés d’apprentissage. Madame la ministre, votre demande démontre une incompréhension de notre travail, elle a été faite sans nous consulter, ce qui nous aurait permis de vous faire part de nos solutions. Nous croyons qu’elle est vouée à l’échec à grande échelle et qu’elle constitue un traquenard, un mauvais film dans lequel nous ne voulons pas jouer. RICHARD BOUSQUET, VICE-PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION NATIONALE DES ENSEIGNANTES ET DES ENSEIGNANTS DU QUÉBEC ET RESPONSABLE DU SECTEUR UNIVERSITÉ L’actualité vous fait réagir ? Écrivez-nous ! opinions@journalmetro.com Volume : 21 Numéro : 2 À Montréal, Métro est publié par Métro Média, 101, boul. 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