métr journalmetro.com Mercredi 24 février 2021 PERSPECTIVE Déconfinements comparés Pandémie. Devant l’ampleur du défi, tous les États ne prennent pas les mêmes moyens. Alors que le Québec fermait, rouvrait, puis refermait son économie, des pays comme la Nouvelle-Zélande ont adopté d’autres stratégies de déconfinement pour contrôler la transmission, constatent des experts. FRANÇOIS CARABIN fcarabin@journalmetro.com Nous avons voulu comparer le Québec et la Nouvelle-Zélande, l’un des pays qui a le mieux réussi à contrôler la pandémie dans le monde. Si, depuis mars, la Santé publique québécoise a rapporté 32 000 cas par million d’habitants, au « pays des Kiwis », c’est 487 par million. Premier constat : au contraire du gouvernement de François Legault, celui de la première ministre néo-zélandaise Jacinta Ardern a moins souvent fait appel à son pouvoir exécutif pour fermer ou rouvrir l’économie. Depuis mars, on compte 16 annonces majeures en Nouvelle-Zélande par rapport à 27 pour le Québec. La STM a vu son achalandage chuter cette année, en raison de la pandémie./JOSIE DESMARAIS/ARCHIVES MÉTRO « On n’a pas des taux si faibles que ça de propagation. La réalité, c›est qu›on risque de voir une augmentation après la semaine de relâche. » Maude Laberge, professeure adjointe au Département d’opérations et systèmes de décision de l’Université Laval Selon l’experte en économie de la santé Maude Laberge, c’est la stratégie « d’éradication » du pays insulaire qui a fait son succès. « On a vraiment voulu se rendre à zéro cas plutôt que d’essayer de seulement faire en sorte que notre système de santé survive », observe cette professeure adjointe à l’Université Laval. Au Québec, observe l’experte en santé publique Roxane Borgès Da Silva, c’est plutôt une stratégie de « mitigation » Pour tous vos besoins publicitaires, contactez-nous ! 438 989-6325 ydaigneault@metromedia.ca Yvon Daigneault Chef d’équipe qui a été priorisée : ouvrir certains secteurs lorsque possible, si la situation épidémiologique le permet. Comme dans un miroir Étrange hasard : le premier cas d’infection apparaissait le 28 février 2020 en Nouvelle-Zélande, tout comme dans la Belle Province. Ce jour-là, Jacinta Ardern demande la fermeture des frontières et envoie des équipes de santé publique Annie Venne Directrice de compte dans les aéroports. Au Canada, la fermeture des frontières, de compétence fédérale, surviendra le 16 mars. Après le grand confinement du printemps, le Québec, comme la Nouvelle-Zélande, déconfinent en juin. Les bars et les restaurants rouvrent. Le nombre de cas continue de descendre. Montagnes et vallées Jusqu’alors synchronisés, les pays vont adopter des approches différentes à partir de l’automne. La Nouvelle-Zélande possède déjà son système à quatre paliers depuis mars. Le Québec se dotera d’un système semblable en septembre. En septembre, la transmission au Québec commence à grimper. La moyenne quotidienne des nouveaux cas augmentera presque sans arrêt jusqu’en janvier. Pendant que le Québec ajoute plus de 200 000 cas à son bilan, la Nouvelle-Zélande comptabilise 600 nouveaux cas en cinq mois. Effet yo-yo Maude Laberge convient que le caractère insulaire du territoire néo-zélandais lui rend la vie plus facile. Cependant, rien ne devrait empêcher le Québec de tenter sa chance avec une stratégie d’éradication, avance-t-elle. La stratégie a eu l’effet Valérie Gilbert Directrice de compte 27 Métro a compilé l’ensemble des fermetures et des réouvertures majeures de l’économie au Québec depuis mars. Il s’avère que Québec a procédé à 27 annonces de ce genre, soit une à toutes les deux semaines. d’accentuer l’effet de yoyo des cas et des mesures, ajoute Roxane Borgès Da Silva, qui est professeure à l’Université de Montréal. « Il y a eu pire stratégie, comme l’immunisation collective. Mais la mitigation, ça a des impacts élevés sur la santé publique, la santé mentale et l’économie », affirme-t-elle. Oui, sur l’économie aussi. Maude Laberge considère qu’en adoptant la stratégie de la Nouvelle-Zélande, le Québec aurait pu sauver davantage d’entreprises. « Là-bas, certains pans de l’économie sont restés ouverts parce que la stratégie de dépistage et de traçage était ciblée et agressive », lance l’experte. Alerte aux variants Avec l’arrivée des variants du coronavirus au Québec, M me Laberge émet des doutes quant à la stratégie mise de l’avant. La semaine dernière, Québec a donné le feu vert à la réouverture des cinémas, des arénas et des piscines pour la semaine de relâche. Le couvre-feu demeure en place jusqu’à nouvel ordre par contre. 4 Isabelle Moineau Petites annonces classées 514 286-1066 poste : 348 imoineau@journalmetro.com |