journalmetro.com Mercredi 3 février 2021 CULTURE La mémoire du corps Cinéma. Sélection de la France pour la prochaine cérémonie des Oscars, Deux., de Filippo Meneghetti, est un film sur le regard des autres. Celui qui peut être salvateur et destructeur à la fois. MARTIN GIGNAC Écrit sur une période de cinq ans, ce premier long métrage s’avère un hommage aux gens qui ont été importants dans la vie du cinéaste et de sa coscénariste Malysone Bovorasmy. Mais également un hommage au passage du temps, au vieillissement inéluctable des corps qui rappelle, selon le réalisateur, « qu’on a une responsabilité quand on fait des images de représenter de façon honnête les choses ». Portant sur la romance clandestine de deux septuagénaires (magnifiques Barbara Sukowa et Martine Chevallier, récompensées aux Prix Lumière) mise à mal par un AVC, l’œuvre baigne dans l’ambiguïté et les zones d’ombre. Les plans de miroir sont d’ailleurs nombreux, renforçant l’idée de symétrie qui apparaît au cœur du récit et qui oblige les héroïnes à s’échanger de rôle en rompant avec l’imposture et l’autocensure. « Ce mouvement d’inversion m’intéressait beaucoup parce que c’est une contradiction, avoue le metteur en scène, rencontré l’année dernière à Paris dans le cadre des Rendez-vous d’Unifrance. Quand il y a des choses importantes dans la vie, la contradiction est toujours là. » Contradictions Des contradictions, Deux n’en manquent pas. Comme filmer en cinémascope dans un lieu confiné afin d’offrir l’espace nécessaire à cette histoire de prendre forme. Ou de faire Deux met en vedette les actrices Barbara Sukowa et Martine Chevallier./GRACIEUSETÉ « C’est très important pour moi de ne pas avoir un spectateur passif. Je veux qu’il prenne sa place et qu’il construise sa propre ambiguïté vis-à-vis des émotions que le film peut lui provoquer. Chaque spectateur a une machine imaginaire qui est encore plus puissante que la mienne et j’espère la déclencher. » Filippo Meneghetti, réalisateur de Deux basculer le drame sentimental vers le suspense. « C’est un film qui aurait pu être un mélodrame assez classique, admet le cinéaste d’origine italienne. Mais l’idée était de le tourner comme un thriller, avec retenue, en évitant le pathos. Les codes du genre servent à créer de la tension pour faire vivre le film. On utilise le thriller un peu à contrario de ce qu’on fait d’habitude pour créer de l’émotion qui vient de l’amour. C’est l’idée d’amener le spectateur ailleurs. » Le sentiment amoureux n’est cependant pas en reste. Alors que tout est fait pour séparer les deux personnages principaux, le corps, et non la parole finit, par les réunir. C’est lui qui se souvient de tout, rétablissant l’équilibre naturel des choses. Réouverture des musées dès lundi Les musées pourront rouvrir leurs portes dès lundi prochain partout au Québec. Le premier ministre François Legault en a fait l’annonce hier. Les salles de théâtre et de cinéma pourront quant à elles rouvrir dès le 26 février dans les régions en zone orange. MÉTRO « J’ai essayé de filmer l’amour le moins fleur bleue possible, lance en riant Filippo Meneghetti. C’est un sentiment très complexe et il peut y avoir des choses qui ne sont pas forcément très jolies, notamment l’obsession et le mensonge... J’espère avoir rendu 3% de la complexité de ce que c’est l’amour dans la vraie vie. Malgré toutes ses nuances et ses contradictions, l’amour reste un des éléments qui nous font avancer dans la vie, par présence ou par manque. » Deux En vidéo sur demande dès le 5 février 2021 Hip-hop. Une plateforme internationale Saro Derbedrossian, créateur de HotNewHipHop/DENIS GERMAIN/MÉTRO MÉDIA Plus de 10 ans après sa création, le site web HotNewHipHop, axé sur l’actualité de l’univers du hip-hop, est reconnu à l’international et compte chaque mois 12 M de visiteurs uniques. Le Montréalais Saro Derbedrossian est derrière ce succès. LAURENT LAVOIEllavoie@metromedia.ca Il caresse un projet depuis quelque temps : le lancement d’un studio de production à Los Angeles qui sera affilié à son site HotNewHipHop. « Malheureusement, avec la pandémie, nos plans sont plus instables. Ils sont toujours sur la table, mais nous attendons toujours », mentionne-t-il. Il s’agirait d’une nouvelle étape pour la plateforme qu’il a lancée en 2007, 12 ans après avoir migré du Liban au Québec pour étudier. Le site, qui représente un chiffre d’affaires s’élevant à plusieurs millions de dollars aujourd’hui, est rapidement devenu une occasion pour les artistes de se faire remarquer. De gros noms comme Tyga, The Weeknd et Wiz Khalifa ont collaboré avec HotNewHipHop, qui est basé dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Aller plus loin Devant la popularité de la plateforme, Saro Derbedrossian a 80% 8 Estimation de l’audience de HotNewHipHop provenant des États-Unis et du Canada. voulu aller plus loin et traiter la culture entourant ce type de musique. « Lentement, on a intégré du nouveau contenu. Par exemple, si tu aimes le hip-hop, on a réalisé que tu aimais aussi le basketball et un certain de type de mode », explique l’entrepreneur de 47 ans. HotNewHipHop s’est aussi doté d’une équipe de rédaction et s’est assuré d’avoir des correspondants dans de grandes villes comme Los Angeles. L’entreprise compte aussi des bureaux dans la Grosse Pomme, où des événements avaient lieu avant la pandémie. « J’ai réalisé à quel point c’était populaire quand j’ai commencé à aller à New York plus souvent, parler à des gens, dit Saro Derbedrossian. Je me présentais comme le propriétaire de HotNewHipHop et leur réaction […] m’a fait réaliser à quel point on fait quelque chose de bon, qu’on a une influence sur les gens. » S’adapter aux tendances Dans les dernières années, le contenu du site a dû s’adapter aux nouvelles tendances, comme l’apparition de podcasts audio et vidéo. « Les gens consomment les nouvelles de façons tellement différentes et sur des plateformes différentes. Tu dois rendre la nouvelle disponible sur Instagram, Twitter et sur ta page principale », fait savoir l’éditrice en chef Rose Lilah. |