métr journalmetro.com Mercredi 9 décembre 2020 8 OPINIONS PETIT MOT Pr In RICHARD CHRONIQUE IN LI BRO VERITAS FRÉDÉRIC BÉRARD docteur en droit et politologue Salut Richard, rai lu ta chronique sur « Les Québécois, ces chiens enragés », où tu me désignais de « professeur » (entre guillemets), ceci avant de me traiter de colon. La raison ? J'aurais osé plaider ceci : « les tribunaux sont venus servir de rempart aux humeurs populaires. Je crois que vous devez envoyer un message fort à une société qui dérape. » Je t'admets avoir hésité, au moins un brin, avant d'écrire ceci. Parce que j'adore collaborer auprès de Québécor et que, selon de (persistantes) rumeurs, tu réussis à faire barrer quiconque tenant tête au Roi Richard Oseras-tu, cette fois ? Pour la raison suivante, TRIBUNE LIBRE L'urgence d'agir entraîneDanielleMcCannà ignorerles professionnelles etles professionnels des cégeps Souhaitant agir rapidement pour apporter un soutien psychologique aux étudiantes et aux étudiants du réseau de l'enseignement supérieur, la ministre Danielle McCanna émis une recommandation difficile à accepter pour les professionnelles et professionnels des cégeps. En effet, dans une letlie datée du 23 novembre dernier adressée aux dirigeantes et dirigeants de cégeps, la ministre McCannrappelle que son gouvernement a réservé 10 M$ pour j'ai néanmoins opté pour l'audace, sinon le courage : ton comportement de bully de cour d'école a fait son temps, Richard. Idem pour cette ignoble manie de fabriquer hommes et femmes de paille avant d'y mettre le feu, le tout devant une foule ébahie par ta fougue (p.s. : grâce à ta chronique, je reçois depuis menaces de tout acabit). Or, tes tactiques délétères empoisonnent, pardon de l'euphémisme, la vie publique québécoise. Pourrissent le débat, la discussion, l'échange. Ironiquement, tu revendiques aisément les méthodes terroristes que tu dénonces : poser la bombe, jouir de l'explosion l'enseignement supérieur devant servir à la prévention et à donner des services directs de soutien psychologique aux étudiantes et aux étudiants. Elle ajoute ensuite : « L'achat de services externes nous semble un des meilleurs moyens d'y arriver rapidement » Cette recommandation désolante représente une forme de désaveu pour les professionnelles et professionnels à l'emploi des collèges, qui interviennent déjà efficacement chaque jour, auprès des étudiantes et des étudiants. Comment la ministre de l'Enseignement supérieur peut-elle les ignorer dans cette recherche de solutions ? Nous comprenons très bien et nous appuyons l'empressement de la ministre à vouloir répondre prestement à la crise liée aux besoins psychosociaux des étudiantes et étudiants des cégeps. Nous croyons nous aussi qu'il faut agir rapidement Toutefois, elle fait fausse route en proposant de recourir à des ressources professionnelles du secteur privé sous prétexte qu'il faut aller vite. La ministre se doit de reconnaître la et t'enfuir ensuite. Comme un petit lapin. Question, au fait : sur quoi repose toute cette haine des universitaires ? Pourquoi cet acharnement, déformation des propos (allô, Daniel Weinstock) et attaques ad hominem ? D'aucuns finiront par conclure que tu souffles de complexes, Richard. J'admets d'ailleurs avoir sursauté chaque fois que tu écris (oui, je te lis) que l'université se doit d'enseigner des faits, et non des idées. Une pédagogie universitaire dénuée de concepts ou mouvances idéologiques, donc ? Ceci explique peut-être cela, tu me diras. Reste que c'est justement à un concept, pourtant pas sorcier à comprendre, auquel je faisais référence : celui de l'État de droit. Qui veut qu'en démocratie, les tribunaux agissent à titre de remparts face aux pouvoirs législatifs et exécutifs. Qui s'assurent que ces derniers respectent les règles du jeu, notamment lorsqu'il est Faites-nous découvrir votre Montréal ! Photographes, à vos appareils ! Courez la chance de voir votre cliché publié dans les pages Opinions de votre journal favori... Faites-nous parvenir vos photos de la ville à opinions@journalmetro.com. rerRo question de droits fondamentaux. Fou de même, mon Richard. Par ailleurs, si t'avais pris connaissance de ma plaidoirie (dispo en ligue), Plutôt que de me planter en sauvage en t'arrêtant à huit mots rapportés dans le journal, t'aurais remarqué ceci : je référais alors à l'exemple de Bryden, où les tribunaux abrogèrent une loi de la Colombie-Britannique interdisant aux Canadiens d'origine chinoise de travailler dans les mines. À celui de Switzman, où ils invalidèrent la loi sur le cadenas. À Roncarelli, où ils confirmèrent que dans un État de droit, les femmes et hommes politiques demeurent assujettis à la règle de droit A Morgentaler, où ils bottèrent le cul d'un Parlement refusant d'accorder le droit à l'avortement À Burns, où ils refusèrent le droit de sous-traiter la peine de mort À Vriend, où ils stoppèrent une discrimination subie par véritable force des professionnelles et des professionnels offrant les services psychosociaux dans les collèges : le caractère multidisciplinaire de leur expertise, leur connaissance du milieu et des caractéristiques des collégiennes et collégiens, ainsi que leurs liens étroits avec les équipes internes. Les ressources externes, quelles que soient leurs compétences, ne sont pas en mesure d'offrir des services les conjoints de même sexe. PTT, un dénominateur commun unit l'ensemble de ces décisions : l'humeur populaire s'était dressée, dans chaque cas, à l'encontre des groupes visés. La pognes-tu, Richard ? Si oui, tu comprendras que ton argument « qu'une majorité de Québécois appuie la loi 21 » ne tient que dans les régimes refusant le contrôle judiciaire, l'État de droit, et donc, la démocratie. Pas sûr ? Alors trouve-moi une démocratie dénuée socle de l'État de droit Bonne chance. Reste maintenant à savoir si, toutes proportions gardées, le Québec dérape. Tu l'ignores manifestement, mais de récentes études du professeur (sans guillemets, dans son cas) Paul Eid, témoignent que 32% des Québécois souhaitent interdire l'immigration musulmane. Un sur trois, pratiquement La question qui tue, maintenant : à partir de quel pourcentage, Richard, conclurais-tu au dérapage ? 50% ? 100% ? 1500% ? Jamais ? comparables. Se peut-il que la ministre de l'Enseignement supérieur méconnaisse cette expertise unique offerte par le personnel professionnel de nos cégeps ? Si c'est le cas, cela s'explique peutêtre par le manque de reconnaissance que le personnel professionnel subit depuis des années. Un manque que la ministre McCannperpétue une fois de plus à travers sa recommandation Sont aussi d'intérêt les propos de François Legault à Radio-Canada, expliquant le pourquoi de la loi 21 : « Pour éviter les extrêmes, il faut en donner un peu à la majorité. [...] Je pense que c'est la meilleure façon d'éviter les dérapages. On délimite le terrain, parce qu'il y a des gens un peu racistes qui souhaiteraient qu'il n'y ait pas de signes religieux nulle part, même pas sur la place publique. » Remplace ici le mot « raciste » par « homophobe » ou « misogyne », et tu devrais saisir de quoi il en retourne. Avant de te laisser, j'aimerais te faire découvrir les mots d'un Camus autre que Renaud, (heureusement) sans lien de parenté avec celui-ci. Il s'appelle Albert, et a jadis prononcé ces (sages) paroles : « La démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité, mais bien la protection des minorités. » Cordialement, Un colon (avec ou sans guillemets) malheureuse aux directions d'établissements collégiaux. Les professionnelles et les professionnels qui soutiennent les étudiantes et les étudiants sur le chemin de la réussite et contribuent à leur santé méritent mieux. Plutôt que de se tourner vers des ressources externes, la ministre de l'Enseignement supérieur devrait revoir sa position et encourager l'embauche de personnel professionnel régulier au sein même des cégeps. Si la ministre est sincère, comme nous l'espérons, dans sa volonté de renforcer les services professionnels de soutien psychologique offerts aux étudiantes et aux étudiants, elle doit faire en sorte que nos cégeps redeviennent rapidement des employeurs de choix pour ces professionnelles et professionnels hautement qualifiés. [...] ÉRIC CFR, FÉDÉRATION DR PERSONNEL PROFESSIONNEL DES COLLÈGES Écrivez-nous ! opinions@journalmetro.com Volume : 164 Numéro : 2 À Montréal, Métro est publié par Métro Média, 101, boul. Marcel-taurin, Montréal H4N 2M3 Tél. : 514 286-1066 Imprimé par : Transcontinental Transmag, 10807, rue Mirabeau, Anjou, Québec, H1.1 1T7 Distribué par Metropolitan Media Services/Directrice de la distribution : Danielle Tessier Directeur principal des ventes : Patrick Marsan Contrôleur : François Dallaire Directeur de l'information : Olivier Robichaud Chef de pupitre : Carole Côté Vous avez une opinion à nous faire parvenir ? opinions@journalmetro.com Vous voulez annoncer dans nos pages ? publicite@journalmetro.com Vous avez une nouvelle à nous faire parvenir ? info@journalmetro.com. ISSN 1716-9895 |