métr I journalmetro.com Week-end 20-22 novembre 2020 PERSPECTIVE 6 Protection. Le masque est-il là pour rester ? Le port du couvre-visage et la distanciation physique pourraient bien expliquer la chute du nombre de cas de grippe saisonnière cette année. Un phénomène qui porte un expert à s'interroger sur la validité de porter le masque à plus long terme, même après la pandémie. L'année dernière à pareille date, les autorités sanitaires comptabilisaient plus de 700 cas de grippe saisonnière au Canada. En ce début de saison grippale, cette année, l'écart saute aux yeux. Au total, 17 Canadiens ont contracté la maladie. Le gouvernement du Québec recense une activité grippale « ruile ». Selon l'expert en santé publique et en risque sanitaire Maximilien Debia, nul doute que le port du masque et la distanciation adoptés en raison de la pandémie de CO- VID-19 facilitent la protection contre des maladies comme la grippe saisonnière. « Quand on met des mesures-barrières, on agit sur tous les virus », explique ce professeur agrégé à l'École de santé publique de l'Université de Montréal (ESPUM). Après le passage de la pandémie, il n'est pas impossible que le masque devienne une partie intégrante du quotidien québécois, pense M.Debia. Comme dans certains pays d'Asie, notamment, où le masque est devenu un réflexe lorsqu'on est malade. Interrogé quant à ses intentions de faire du port du masque une recommandation à long terme, le ministère de la Santé et des Services sociaux soutient qu'il est « beaucoup trop tôt pour répondre à cette question ». Un usager de la STM masqué./JOSIE DESMARAIS/ARCHIVES MÉTRO « Il y a peut-être une culture qui va changer un peu. Si la personne avait le réflexe de porter le masque de la maison jusqu'à la clinique, par exemple, ça serait un gain. » Maximilien Debia, professeur agrégé à FESPUM Une meilleure ventilation Maximilien Debia se réjouit par ailleurs de voir que le gouvernement provincial a identifié les risques d'une ventilation déficiente. Québec est en voie de mettre sur pied un comité d'experts chargé d'étudier les risques associés à la transmission par aérosol dans des milieux mal ventilés, comme les écoles. « Ça aura des mesures à long terme, pas juste pour le SRAS- Cov-2. Il y a toute une série de contaminants, comme le radon, qui sont des problématiques de santé publique et qu'on règle avec une meilleure ventilation », résume l'expert. FRANÇOIS CARABIN Jeux4:3 La référence en matière de jeux vidéo et jeux de société Des médecins veulent un confinement plus sévère Pandémie. Des médecins canadiens lancent une nouvelle stratégie dans la lutte au coronavirus. Le principe « COVID zéro », qui fixe un objectif radical de réduction des cas, est l'unique moyen d'éviter une troisième vague au Québec, estiment-ils. FRANÇOIS CARABIN fcarabin@journaimetro.com Dans la Belle province, la courbe des cas de COVID-19 a atteint un dangereux plateau. Au cours du dernier mois, la moyenne des nouvelles infections quotidiennes dépasse les 1060, rapporte l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQJ. Au yeux du premier ministre François Legault, pourtant, les mesures sanitaires « fonctionnent », soulignait-il mardi. C'est exactement ce discours qu'il faut éliminer, souligne à grands traits le professeur Andrew Morris, directeur médical d'un programme de microbiologie réputé au sein de l'Hôpital du Mont Sinai, de Toronto. « C'est comme si on avait accepté cette courbe », avance-t-il. Avec des collègues, il a lancé dans les derniers jours la philosophie « COVID zéro ». 411-141 ; _ssme cf-I Des médecins souhaitent refaire une pause généralisée, un peu comme celle du printemps dernier pour lutter contre la COVID-i9. JOSIE DESMARAIS/ARCHIVES MÉTRO « Ce que la stratégie COVID zéro dit, c'est qu'on ne peut pas accepter cela. Et qu'à court terme, on doit resserrer le confinement pour voir le nombre de cas s'abaisser réellement. » Andrew Morris, professeur à la Faculté de médecine de l'Université de Toronto « Il y a plusieurs pays qui ont eu du succès dans leur combat contre le virus : la Corée du Sud, la Thaïlande, l'Australie, la Nouvelle- Zélande, observe-t-il en entrevue avec Métro. Ce qu'ils ont en commun, c'est qu'ils ont chiffré leurs objectifs à zéro cas de COVID-19. Ça ne veut pas dire qu'ils les atteignent, mais ils les visent. » Capacité hospitalière Au Québec, le ministre de la Santé réfère régulièrement à des projections hospitalières pour évaluer l'évolution de la pandémie. Pour le moment, rien ne laisse croire que les Articles Guides Vidéos Podcasts lits disponibles pour traiter les patients « COVID positifs » s'apprêtent à manquer, rapporte l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux. « Le gouvernement [de François Legault] tente de trouver un équilibre entre l'économie et le nombre d'infections. Si les choses ne sont pas absolument terribles, il se dit : d'accord, on peut endurer ce nombre d'infections », constate Dr Morris. Les avenues sont multiples pour atteindre « COVID zéro », affirme l'expert, qui convient que tous les gouvernements ne s'y rendront pas de la même manière. Professeure en santé publique, Marie-Pascal Pomey évoque d'importants bémols à l'hypothèse de la « COVID zéro ». « C'est un peu utopique, lance cette experte de l'École de santé publique de l'Université de Montréal (ESPUM). J'ai l'impression que si on y va de manière aussi drastique, on va faire énormément de mal à l'économie. » « Pour l'instant, on n'est pas en perte de contrôle. On ne peut pas tout fermer », ajoute Mme Pomey. Elle remarque que le « défi de santé publique » réside justement dans les choix que doit faire le gouvernement Confinement général ? Selon Dr Morris, expert en maladies infectieuses, un reconfinement général n'est pas nécessairement la méthode à adopter pour se rapprocher de la « COVID zéro ». La fermeture des écoles, par exemple, demeure le dernier retranchement pour les gouvernements, souligne-t-il. Sur la totalité des éclosions actives dans la province, 30% proviennent du réseau scolaire. Selon les plus récents recensements, plus de 1000 écoles composent avec des cas de COVID-19. Concernant les mesures annoncées pour le temps des Fêtes annoncées par le gouvernement Legault hier [à lire en page 3], Marie-Pascale Pomey n'y voit pas un risque trop important pour la transmission du virus, mais elle invite Québec à augmenter sa capacité de tests. |