métr journalmetro.com Lundi 2 décembre 2019 8 C111. 11Pw Noël en musique et au grand air Le 26e festival Noël dans le parc bat son plein jusqu'au 25 décembre. Près d'une centaine de spectacles gratuits seront présentés à la place Émilie-Gamelin, ainsi qu'au parc Lahaie et au parc des Compagnons-de-Saint-Laurent. Des performances de Valaire, Sara Dufour, Jérôme so et Sarahmée sont notamment au menu. Plus de détails au noeldansleparccom raban Trente ans après, un livre pour prendre « la pleine mesure » Commémoration. Comment le féminisme a-t-il évolué au Québec depuis la tragédie de Polytechnique, en 198g ? Comme société, que peut-on tirer de cette transformation ? Trente ans après le drame, la journaliste Josée Boileau tente de répondre à ces questions essentielles en donnant la parole à plusieurs femmes affectées de près ou de loin par la tuerie dans le livre Ce jour-là, parce qu'elles étaient des femmes. il 1 HENRI OUELLETTE-VÉZINA houlette-vezina@joumalmetro.com.7 « J'espère que ça deviendra un repère dans l'histoire du Québec, explique à Métro l'auteure à propos de son livre, mais surtout à propos de ce qu'il traite. Ça va aider à prendre la mesure de l'importance de cet événement, à plusieurs niveaux, dans notre histoire collective. Il y a plusieurs angles à creuser dans cet ouvrage pour en savoir plus ou pour mener ses propres recherches et pousser ça plus loin. » Peu de gens savent par exemple, avance Josée Boileau, que le milieu de l'ingénierie s'est fortement inquiété au tournant des années 1990 de l'absence des femmes dans la profession. « Des bourses ont été mises en place. C'est ce genre de repère historique qui est mis en lumière » dans l'ouvrage, note-t-elle. En plus de mises en perspective, l'ouvrage de Josée Boileau raconte l'histoire de plusieurs victimes dont la vie a été bouleversée par la tragédie./ARCHIVES MÉTRO Des témoignages En plus de ces mises en perspective, la journaliste raconte l'histoire de certaines victimes dont la vie a été bouleversée par la tragédie. « Ça m'a permis de constater à quel point on a amalgamé les victimes, alors que ces femmes sont toutes très différentes et intéressantes, poursuit-elle. Elles étaient presque des pionnières et elles ont laissé leur marque dans le paysage québécois. » Ce jour-là, parce qu'elles étaient des femmes laisse aussi la parole à des figures peu connues du grand public. « Si on avait l'impression qu'après 30 ans tout avait été dit, c'était faux. Il y avait encore des gens qui n'avaient pas parlé, qui avaient gardé ça pour eux toutes ces années. Ça donne du recul quant à la société de l'époque », constate Josée Boileau. L'évolution des perceptions Au début de novembre, la Ville de Montréal a reconnu officiellement la tragédie de Polytechnique comme un « attentat antiféministe ». Un nouveau panneau commémoratif sera d'ailleurs installé à l'angle de l'avenue Decelles et du chemin Queen-Mary pour marquer le coup. Selon Josée Boileau, la mesure, résolument positive, témoigne de l'évolution naturelle de la société. « Je n'ai pas fait ce livre pour dénoncer, mais bien pour essayer de comprendre ce qu'était le mouvement féministe dans les années 1980 et comment il a ensuite repris du poil de la bête. » Dosée Boileau, journaliste « Un jeune de nos jours se demanderait pourquoi on ne l'a pas défini comme tel bien avant. Mais dans les années 1980, on n'en était pas à raffiner le vocabulaire sur les questions féministes. On était encore en train de prendre acte des violences faites aux femmes », raisonne-t-elle. « Le harcèlement, par exemple, était un concept qu'on ne comprenait pas trop à l'époque. Aujourd'hui, on est plus précis dans notre façon de nommer les choses », poursuit-elle. Porté par des centaines de milliers de femmes dans le monde, le mouvement #MoiAussi « est bien loin d'être terminé », lance l'auteure. « C'est très présent chez les jeunes femmes : pas de compromis, pas de concession. Cette prise de conscience va durer dans le temps », fait-elle remarquer. Au Québec, cette sensibilité se traduit par des gestes politiques comme la création d'une table de travail pour mieux traiter les cas d'agression sexuelle dans le système de justice, dit Josée Boileau. Le mouvement « grandissant » dans les universités pour l'égalité des sexes en fait aussi la démonstration, ajoute-t-elle. Cependant, il reste encore « beaucoup de travail à faire », nuance l'auteure. Un débat à avoir sur les armes à feu Qui dit Polytechnique dit aussi débat sur la prolifération des armes à feu au Canada. L'organisme PolySe- Souvient, composé de plusieurs membres ou proches des victimes, en fait d'ailleurs un cheval de bataille depuis quelques années. « S'il y a une chose très décevante à ce sujet, c'est le peu de gains faits pour la lutte qui est menée, reconnaît Josée Boileau. La manière dont le gouvernement Harper a défait tout ça et, plus récemment, la démission de [la survivante de Polytechnique] Nathalie Provost sur le comité du gouvernement Trudeau montrent que ça n'allait nulle part. » Lors de la dernière campagne électorale, les libéraux fédéraux s'étaient engagés à bannir les armes d'assaut, dont les fusils semi-automatiques AR-15, s'ils étaient réélus. Seul hic : l'interdiction des armes de poing serait refilée aux municipalités, ce qui déplaît à plusieurs villes, dont Montréal. « Les gens de PolySeSouvient vont être très à l'affût. C'est clair que, quand on voit l'explosion du nombre d'armes à feu dans les grandes villes canadiennes, on ne peut que constater le sérieux travail de réforme à faire de ce côté-là », laisse tomber Josée Boileau. Ce jourlà, parce qu'elles etaient des femmes Aux Éditions La Presse 4tc En librairie le 4 décembre |