Ir ▪ -. 1- métr journalmetro.com lundi 30 novembre 2015 « Ma survie est un miracle » « J’étais disposé à mourir pour protéger ma famille », a confié Jesus Cancino, réfugié mexicain vivant à Montréal, à TC Media./ISABELLE BERGERON/TC MEDIA Témoignage. Menacé de mort à plusieurs reprises au Mexique, Jesus Cancino a défié les cartels, a été torturé, s’est caché, puis, grâce à sa collaboration avec la justice, a pu immigrer au Québec avant de bénéficier de l’asile politique en 2011. ROMAIN SCHUÉ info@journalmetro.com Installé avec sa femme et ses trois enfants dans le quartier de Pointe-aux-Trembles, à Montréal, il tente à présent d’aider d’autres réfugiés et raconte, pour la première fois à visage découvert, son histoire. Le verbe est haut, le ton, précis. Jesus Cancino n’a rien oublié. Aucune date, aucun lieu. Autant d’éléments qui ont permis de rendre « crédible » sa demande d’asile auprès de la Commission de l’immigration et du statut de r réfugié du Canada. Tout commence en 2006. Pasteur évangélique, l’homme âgé aujourd’hui de 43 ans n’hésite pas à aider sa communauté de l’État de Tamaulipas, dans le nord du Mexique, par l’intermédiaire d’un organisme d’aide aux démunis financé par des fonds américains. L’objectif est simple : « Distribuer des vêtements, des cadeaux, de la nourriture aux enfants et organiser des activités culturelles et sportives », raconte M. Cancino, assis dans un fauteuil du Centre d’aide et développement de la famille de l’est de Montréal (CADFEM), qu’il dirige depuis trois ans. Mais M. Cancino n’est pas seul. « La mafia réalisait les mêmes activités pour gagner la confiance des gens et les empêcher de parler aux forces de l’ordre. Ma popularité grandissante a commencé à les énerver. » Les larmes aux yeux et la voix tremblante, il poursuit : « Un des chefs d’un cartel m’a emmené dans une maison. Dans une pièce, il y avait des armes, mais surtout beaucoup d’argent posé sur la table. Il m’a dit : « Prends, c’est Immigration 11 468 Quelque 11 468 réfugiés ont été accueillis par le Québec en 2014. Par ailleurs, 4 478 Mexicains ont immigré au Canada cette même année. pour toi. Tu auras également plusieurs voitures. » Il voulait que je travaille pour eux, pour acheter le silence de la communauté. Mais j’ai refusé. » Le cauchemar débute. Alors qu’il assiste, impuissant, à la vente de drogue aux abords de son église, la mafia lui donne 15 jours pour quitter l’État. « Si tu ne pars pas, on torturera et tuera ta femme et tes enfants, m’at-on dit », se rappelle le pasteur. Jusqu’au dernier jour, Jesus Cancino tente de contrecarrer les plans de ses opposants. Mais, après avoir fui la ville, la mafia le retrouve. « On est allés dans un hôtel, tout le monde dormait, et à 23h, on toque à ma porte. Des assassins envoyés par l’un des chefs me menacent, mais on a pu finalement partir. » « Désespéré », il tente de retrouver un ami dans le sud du pays. La mafia le traque. Encore. Ci e tett Ka se trouve pas seuteKeKi o aKs (es musées On braque des mitraillettes sur lui et on lui ordonne de se taire. « On s’est ensuite cachés dans des camions, des églises ; j’ai prié. Ma survie est un miracle. » À la suite d’un ultime appel au secours, le gouvernement mexicain accepte de le protéger en échange d’informations. Jusqu’à ce qu’un responsable de l’armée tente de le livrer à ses poursuivants. « La mafia avait soudoyé une partie de l’armée pour me retrouver », explique M. Cancino, qui sera ensuite torturé et enfermé durant trois jours dans un garage avant d’être sauvé par cette même armée. Après avoir servi d’appât pour le gouvernement afin d’arrêter une partie des responsables de ce cartel, il demande l’asile politique au Canada. Arrivé à Pointe-aux-Trembles en 2008, le néo-Québécois apprend rapidement le français, multiplie les petits boulots et joint au CADFEM. « Ici, j’ai trouvé une place accueillante, une place de compassion, sécuritaire, en paix, bredouille-t-il, les yeux rouges et humides. Je ne vis pas dans le passé. À moi, maintement, de donner un coup de main. » le lime) c5 4 d'1 Stein |