8 Ei CULTURE MARDI 16/3/2021 I metrotime.be LES ECOSSAIS FÊTENT LEUR 25E ANNIVERSAIRE AVEC « AS THE LOVE CONTINUES » Mogwai nous embarque pour un dixième voyage Depuis 1996, les Écossais de Mogwai font office de référence en matière de post-rock, avec une régularité à toute épreuve. Bousculés par le confinement, ils reviennent avec un dixième album qui prend l'auditeur par la main et l'emmène vagabonder... à peu près où il le veut ! Car pour Stuart Braithwaite et ses comparses, la musique n'est qu'un moyen de laisser libre court à son imagination... Cela fait 25 ans que Mogwai existe et « As the love continues » est votre dixième album. Est-ce que vous commencez à sentir le poids de l'âge ? Stuart Braithwaite : « Non, vraiment pas ! Je vois des groupes de petits jeunes de 21 ans qui éclosent et ça me rappelle forcément le moment où nous avons nous-mêmes commencé, mais c'est une bonne chose. Pour être honnête, cela fait simplement plaisir de voir que les gens continuent à prendre du plaisir à écouter notre musique. » Quelle est la place de cet album dans l'histoire de votre groupe ? S. : « Il est vraiment très important car il a été réalisé dans des circonstances particulières et cela a été difficile, donc je m'en souviendrai toujours. Evidemment, c'est le cas pour l'écriture de chacun des albums, mais dans ce cas-là il servira de repère durant cette période trouble. On se rend aussi compte que sortir un dixième disque, c'est énorme ! Il n'y a pas beaucoup de groupes que j'apprécie qui ont sorti dix albums. Ou plutôt : il n'y a pas beaucoup de groupes que j'apprécie qui ont sorti dix albums que j'apprécie (rires) ! » « As the love continues » est-il une référence au fait que l'aventure Mogwai n'est pas près d'être terminée ? S. : « À l'origine, c'est une phrase que la fille de Martin (Bulloch, le batteur de Mogwai, NDLR) a prononcée, alors qu'elle n'a que 6 ans. As the love continues'est une phrase lisible de tellement de façons différentes ! Nous voulons toujours laisser à l'auditeur la liberté de l'interpréter de la façon qu'il veut, mais c'est certain que ce que vous évoquez est une des lectures possibles. Nous ne sommes clairement pas prêts à nous ranger prochainement (rires) ! » Comment le confinement a-t-il influencé l'écriture de l'album ? S. : « C'était très différent car nous avons chacun dû écrire de notre côté et que nous n'avons pas pu nous rassembler. Nous avons enregistré des mor- Ph. A. Crook ceaux que nous répétions chacun de notre côté. Ceci dit, le fait de pouvoir effectuer ce processus durant le confinement a été salvateur pour chacun d'entre nous parce qu'il nous a permis d'avoir des perspectives et des objectifs malgré la morosité ambiante. » L'album est lancé avec l'étrange phrase « To the bin my friend, tonight we vacate earth » (« A la poubelle mon ami, ce soir nous quittons la terre ») , que veut-elle dire ? S. « C'est un ami à nous qui a prononcé cette phrase lorsqu'il était profondément endormi. Nous nous sommes dit que cela donnait une bizarrerie psychédélique que nous aimons approfondir dans notre musique. Donc sans avoir aucun sens, cela en avait tout de même un, d'une certaine manière. » On retrouve un titre intitulé « It's what I do mum ». Est-ce que vous avez eu du mal à avoir le soutien de vos parents au moment de vous lancer dans la musique ? S. : « Pas du tout, mes parents m'ont toujours montré un soutien indéfectible. Je crois que les autres ont dû se montrer un peu plus persuasifs, mais ils l'ont obtenu aussi (rires). Le grenier de Martin nous a d'ailleurs souvent servi de salle de répétition. C'était d'ailleurs une grande faveur de la part de ses parents parce que nous étions très bruyants ! » Peut-on considérer que chacun des titres de l'album est une sorte de voyage, ou peut-être même d'invitation au voyage ? S. : « Oui, c'est ce que l'on aime penser. Nous concevons la musique comme une façon de s'échapper de la normalité. Chacun effectue cette escapade à sa manière en fonction de sa sensibilité et c'est ce qui rend le trajet si beau. Nous aimons nous dire que notre musique permet à l'auditeur d'accomplir ce voyage. » Vous racontiez un jour que les fans vous envoient des interprétations complètement différentes de certains de vos morceaux. Comment expliquez-vous ce contraste ? S. : « Je ne peux pas l'expliquer ! Chacun a son rapport très personnel à la musique et c'est ce qui rend cet art aussi magique. J'apprécie beaucoup ce contraste et je pense que sans cela, la musique serait quelque chose d'ennuyant. Au final, c'est pour ça que l'on fait ce métier, pour laisser une empreinte dans la vie des gens et peut-être rendre leur vie meilleure. » Sébastien Paulus |