2 MARDI 9 FÉVRIER 2021 DOSSIER YOUNG GRADUATES Sauf que tu ne t’es pas arrêté à l’aspect photo/vidéo et tu as voulu explorer d’autres aspects… « Exactement ! Ce n’est pas seulement l’usage de la caméra qui me passionne, mais aussi le fait de profiter de tout ce qui est à notre disposition au niveau digital et médiatique, pour mener à bien une stratégie qui va donner une visibilité à quelque chose ou à quelqu’un. Lors de mes études, j’ai par exemple créé un jeu vidéo pour mettre en valeur des bouchons d’oreilles qu’on utilise en concert, et ça m’a énormément plu. » On en vient au deuxième tournant de ta carrière, lorsque tu t’es tourné vers les filtres Instagram. « Quand j’ai vu ça, j’ai directement accroché avec le concept et j’ai voulu me lancer. À l’époque, tout le monde ne pouvait pas mettre la main à la pâte et il fallait une autorisation de Facebook. J’ai donc envoyé un dossier avec mon profil pour devenir testeur et j’ai été accepté, donc j’ai pu me lancer dans la création de filtres dont j’ai directement vu le potentiel. C’est devenu une priorité pour moi parce que ça mixe le côté visuel et le côté promotionnel. J’ai pris le temps de trouver un filtre qui pourrait vraiment plaire à tout le monde… » C’est à ce moment-là que t’est venue la fameuse idée du filtre Disney ? « Oui, j’ai commencé à travailler sur le projet « Which Disney are you ? ». L’idée nous est venue des questionnaires que l’on trouvait il y a quelques années sur Facebook, comme par exemple : « Quel type d’ami es-tu ? ». Ça fonctionnait super bien à l’époque, donc on s’est dit qu’on pourrait récupérer le concept, qui était fun et sans prétention. On a réfléchi à mixer une série d’éléments pour présenter ce filtre, un produit aussi attrayant que possible. Tous les filtres Instagram qui attribuent au hasard quelque chose ou quelqu’un à l’utilisateur sont partis de ce projetlà, ce qui explique en partie sa popularité… » Le succès a-t-il été immédiat ? « 24 heures après avoir posté ce filtre, je suis passé de 6.000 abonnés à 10.000. Je me suis un peu demandé ce qui se passait, mais j’étais évidemment ravi. Et puis une des plus grosses influenceuses make-up au monde à utiliser le filtre, ce qui a véritablement lancé le mouvement et ça n’a plus arrêté pendant deux semaines. Durant ce laps de temps, j’ai gagné 600.000 abonnés et le filtre totalisait plus de trois milliards de vues. Tout matchait parfaitement car je l’ai lancé en décembre, quand tout le monde regarde des Disney. C’est aussi l’époque des fêtes de famille, durant lesquelles c’est ludique de faire ce genre de choses. C’était sûr que ça allait fonctionner, même si on ne peut jamais prévoir un buzz. Il faut un peu de chance ! » Cela a été un fantastique coup de projecteur sur ton travail… « Jimmy Fallon a utilisé le filtre durant son « Late show », la BBC, le New York Post, le Daily Mail et CNN ont écrit à mon propos, ce qui m’a fait comprendre la portée internationale de ce que l’on faisait. Beaucoup de demandes de la part de clients ont alors afflué et ne se sont jamais arrêtées. J’ai été rapidement dépassé et je ne pouvais pas répondre à tout, mais j’étais euphorique. Ma passion n’a pas évolué grâce à ce buzz, mais c’est simplement le fruit d’un dur labeur. Pendant des années j’ai travaillé gratuitement, donc obtenir cette reconnaissance en une fois m’a fait réaliser que je devais en profiter, sans me poser de questions. » Est-ce que ce filtre vous a rapporté de la monnaie sonnante et trébuchante ? « Non, malheureusement sinon je serais riche (rires). Toutefois, ça m’a permis de montrer ce que j’étais capable de réaliser dans le domaine et j’ai été approché par de nombreuses sociétés qui voulaient exploiter ce savoir-faire. Ça a donc été un nouveau business qui m’a permis de collaborer avec des grandes marques comme Nike, Aigle, Ikea, Playstation, ou encore Universal Picture, qui me permet de régulièrement collaboré pour les grosses sorties cinéma, c’est ma plus grande fierté. » La crise sanitaire est-elle malgré tout venue impacter tout ça ? « Clairement, parce que ce que je fais de base ce sont des tournées musicales que j’ai dû complètement arrêter. Je vivais ce genre de choses à 200% et j’ai dû en une fois passer à 0%, ce qui a été un gros coup au moral. J’ai d’abord profité de cet arrêt forcé pour me reposer, et puis je me suis naturellement amusé à créer certaines choses, pour me recentrer sur ma passion et ce que j’avais envie de faire. Ensuite, j’ai voulu rebondir et j’ai donc pensé à une nouvelle façon de travailler malgré la crise. J’ai donc commencé à faire des captations de directs, d’abord dans le monde de la musique et puis dans le milieu corporate. Cela me demande d’autres compétences et ça m’a donc enrichi et j’ai accru mon expérience, ce qui me permettra lorsque cette crise sera finie de proposer encore plus de choses à mes clients. » Cela fait une corde de plus à votre arc… « C’est sûr, mais j’ai ce besoin de nouveauté. J’estime que chaque challenge t’apporte quelque chose. Je suis très curieux donc j’ai toujours hâte de découvrir de nouvelles techniques et façons de travailler. Je ne sais pas ce que les filtres Instagram seront devenus dans cinq ans, donc je dois constamment me renouveler. Il est clair que je n’aurai jamais trop de compétences… » Sébastien Paulus Ph. D.R. Le buzz d’Arno en quelques infos Le filtre « Which Disney » totalise plus de 5 milliards de vues à travers le monde et 1,2 milliard d’internautes l’ont utilisé. Des stars comme Lionel Messi, la famille Beckham, Hailey Bieber se sont amusées avec ce filtre. Au total, 597.000 personnes suivent actuellement Arno Partissimo sur Instagram. Sur TikTok, le Belge compte plus de huit millions de vues. « Je ne pouvais pas répondre à toutes les demandes, j’étais euphorique ! » Quelques tuyaux de la part d’Arno Se lancer dans son projet, quelle qu’en soit la nature, n’est pas une démarche évidente. Voici quelques conseils de la part d’Arno Partissimo pour donner toutes ses chances à votre projet : Ne pas se sous-estimer Avoir du culot et ne pas avoir peur de l’inconnu Être curieux Se remettre constamment en question car cela nous permet d’avancer. On peut toujours modifier sa trajectoire en cours de route si l’on réalise qu’elle est mauvaise. Si tu la modifies quand tu es à la ligne d’arrivée, c’est trop tard. Ne jamais perdre espoir et si tu es convaincu que c’est ce que tu veux faire, lance-toi à 200% et pas à 100% pour mettre toutes les chances de ton côté. |