8 CULTURE MARDI 5/1/2021 metrotime.be L’ACTEUR CLAES BANG À PROPOS DE L’ART, DE MICK JAGGER ET DE ‘THE BURNT ORANGE HERESY’« L’art véritable vous ouvre les yeux » En 2016, Claes Bang était encore un acteur danois inconnu, qui faisait du théâtre et de la télévision. Grâce à son rôle principal dans la Palme d’or ‘The Square’, il a pu entre-temps déposer un European Film Award sur sa cheminée, décrocher le premier rôle de la série ‘Dracula’de la BBC et jouer aux côtés de Donald Sutherland et Mick Jagger dans le thriller ‘The Burnt Orange Heresy’. Il était temps de le rencontrer. ‘The Square’et ‘The Burnt Orange Heresy’se passent tous les deux dans le milieu de l’art. Voyez-vous des parallèles ? Claes Bang : « Ce n’est qu’en me préparant vraiment à ce film que j’ai vu à quel point mes personnages sont proches. C’est comme si le Christian de ‘The Square’avait mal tourné. Comme s’il avait reçu quelque part un job important, avait détourné des fonds, s’était fait prendre et voyageait maintenant pour donner ici et là des conférences sur l’art. La grande différence toutefois, c’est que James, l’homme que je joue dans ‘The Burnt Orange Heresy’, est nettement plus froid et cruel. Son énorme ambition détruit tout. » REVIEW THE BURNT ORANGE HERESY (Proximus Pickx, Sooner, MyLum.TV, VOO) Le critique d’art James Figueras (Claes Bang) ne l’espérait plus quand il se voit soudain offrir la chance de sa vie. Un collectionneur lui propose d’interviewer un peintre célèbre qui vit reclus depuis un demi-siècle. Mais il y a anguille sous roche : en contrepartie, James devra convaincre l’artiste de vendre une œuvre, et cela ne s’avère pas aussi simple. ‘The Burnt Orange Heresy’parle dès la première scène de tromperie, de doubles-fonds et d’intentions secrètes. Autour de cela, le réalisateur Giuseppe Capotondi commence par tisser un drame romantique léger, mais après un temps, les nuages noirs s’accumulent et le ton change complètement. Ainsi se déploie un thriller retors, amer et surprenant, avec des personnages qui découvrent une facette d’eux-mêmes, qu’ils ont eux-mêmes en horreur. (rn) Ph. Jose Haro ●●●●○ Les deux films s’en prennent très durement au monde de l’art, qui semble très cynique et faux. Est-il vraiment ainsi, à votre avis ? « Je n’irais pas jusque là. Le monde de l’art a aussi beaucoup de belles choses à offrir. J’aime bien me rendre à la Biennale de Venise, par exemple. J’ai énormément de plaisir à découvrir dans chaque pavillon un art totalement différent. Tantôt je le trouve fantastique, tantôt ce n’est pas mon truc. L’art véritable vous ouvre les yeux et vous donne une nouvelle perspective sur le monde. Mais dans ce film, c’est tout de même le cynisme qui domine. Le message est ‘Ne vous fiez pas toujours au hype. Faites-vous votre propre opinion’. Cela me fait penser à ce conte de mon compatriote Hans Christian Andersen, ‘Les habits neufs de l’empereur’. Personne n’ose dire que l’empereur ne porte pas d’habits du tout. » PIECES OF A WOMAN (Netflix) Au dernier Festival de Venise -un des rares à avoir eu lieu en vrai cette année, ‘Pieces of a Woman’a gagné le prix d’interprétation féminine. Un avant-goût d’Oscars ? En tout cas, on comprend pourquoi : Vanessa Kirby (‘The Crown’, ‘Mission : Impossible’) est déchirante dans ce portrait d’une femme « en morceaux » suite à un accouchement à domicile qui a mal tourné. Comment ce drame va affecter sa relation avec son copain, son job ou sa famille ? De septembre à mars, on suit six moments de sa vie. Dans ce premier opus outre-Atlantique du hongrois Kornél Mundruczó (‘White God’, ‘La Lune de Jupiter’), les prestations sont fortes, mais la narration aurait gagné à être épurée. La multiplication des enjeux, et une mise en scène (trop ?) maniérée, alourdissent parfois ce drame bourgeois soigné. (em) Ph. Netflix ●●●○○ Ph. Jose Haro Comment était-ce de tourner avec Mick Jagger ? « Formidable. C’est un homme très gentil et très facile. Un Anglais très simple en fait. Très modeste aussi. Pour ‘The Square’, il y avait beaucoup d’acteurs non-professionnels, et Mick s’est comporté exactement de la même manière. Il a dit carrément que la comédie n’était pas son biotope et que toute aide serait la bienvenue. Cela a donné un bel esprit collectif sur le plateau. Je dois avouer que j’étais nerveux au départ, surtout quand j’ai appris que Mick Jagger et Donald Sutherland seraient mes partenaires de jeu. Je me suis demandé combien d’icônes ils pouvaient mettre dans un seul film. Mais Mick et Donald m’ont très vite mis à l’aise. » ‘The Square’a complètement changé votre carrière. Comment vivez-vous cela ? « Tout d’un coup, j’ai reçu plein de SYLVIE’S LOVE (POUR L’AMOUR DE SYLVIE) (Amazon Prime) Parfois, la bonne personne arrive au mauvais moment. À l’été 1957, Sylvie rencontre Robert, un saxophoniste embauché dans le magasin de vinyles de son père. Le coup de foudre est quasi immédiat, et ils vivent une romance passionnée. Le hic ? Elle est fiancée, et lui part bientôt avec son groupe de jazz en tournée… Mais au fil des années, leurs chemins n’auront de cesse de se croiser… Avec ses clubs enfumés et sa B.O. très (très) riche en mélodies jazzy, ce chassé-croisé amoureux nous plonge dans le New York des sixties. Portée par une Tessa Thompson (‘Thor’) lumineuse, voici une romance délicieusement rétro, avec ses décors et costumes soignés, mais aussi infusée de modernité à travers ses héroïnes (parmi lesquelles on croise Eva Longoria). Parfait pour démarrer l’année en douceur. (em) Ph. Amaeon Prime ●●●●○ propositions dont je n’avais jamais osé rêver avant. À ce moment-là, j’ai décidé d’en profiter au maximum. Un bon scénario se reconnaît tout de suite, et je saisis tout simplement toutes les occasions qui se présentent. Cinéma, télévision, théâtre, peu importe. Si je trouve que c’est bon et que cela cadre dans mon emploi du temps, alors je fonce. Le résultat, c’est que depuis’The Square’, je n’ai pas arrêté une seconde, mais cela en vaut la peine. Je veux que la machine ne s’arrête pas. Qui sait, je n’aurai peutêtre plus ces possibilités demain. » Ruben Nollet @rubennollet THE LAST SHIFT (Proximus Pickx) Stanley travaille depuis 38 ans pour un fast-food perdu au milieu des USA. Un job ingrat, mais qu’il affectionne beaucoup, et qu’il va devoir enseigner en quelques jours à son jeune remplaçant. Celui-ci sort tout juste de prison, et n’a clairement pas l’intention d’en faire plus que le strict minimum… ‘The Last Shift’commence comme mille autres films sur l’amitié paternaliste entre un vieil homme blanc et un jeune Afro-Américain. Mais à l’opposé de ‘Green Book’et consorts, ce drame est bien ancré dans les années Trump, et zappe tout effet feelgood pour mieux montrer l’incapacité du vieillard blanc à se remettre en question. Un constat fataliste mais bienvenu sur les effets clivants de la précarité sociale, qui méritait des dialogues moins banals et une mise en scène plus inspirée. (si) Ph. Sony ●●○○○ |