8 Maze Novembre 2015 Cinéma Comment c’est loin Errance sur fond d’humour mordant Après une belle carrière musicale, deux albums dont un disque de platine et une apparition sur le petit écran avec la mini-série Bloqués sur Canal+, Orelsan poursuit son cycle de création avec son premier long-métrage Comment c’est loin. Épaulé par une solide équipe dirigée par Christophe Offenstein, Orelsan offre un premier film percutant et plein d’esprit, partant de situations qu’il connaît bien, mais s’éloignant de toute forme d’egotrip. Aucun acteur véritablement confirmé ne participe au film. Leur bande de potes pleins de charisme (Skread, Ablaye, Claude...) et la famille jouent les quelques personnages que l’on croise dans le film : les potes, la famille, les copines. En guest star, on a même le droit à la présence de la véritable grandmère d’Orelsan dans une scène du film, offrant un passage d’une grande authenticité (normande) et d’une sincérité où l’Orelsan du film et celui de la vie de tous les jours se confondent, avec tendresse. Les lacunes qui peuvent transparaître dans un jeu amateur s’effacent dans ce film, où l’amateurisme nous offre finalement des personnages authentiques dotés d’un savoureux naturel. 24 h pour se débloquer À l’écran, au côté de son acolyte Gringe, Orelsan propose une comédie au ton parfois grave, où le drame et l’humour se côtoient sans cesse. En mal d’inspiration, deux amis caennais Orelsan et Gringe ont 24 heures pour écrire un morceau de rap, sous la pression de leurs producteurs Skread et Ablaye. « Pas de single, pas d’radio, pas d’radio pas d’vente d’album, pas d’vente d’album pas d’SACEM, pas d’SACEM pas d’oseille. » Au gré des heures qui défilent, le fil conducteur et les thématiques de leur premier album Orelsan et Gringe sont les Casseurs Flowters se retrouvent, confirmant l’apparence de bande originale de cet album. Le film débute ainsi avec une tentative de tournage de Stupide ! Stupide ! Stupide, on retrouve le débat sur la prostitution du morceau Les putes et moi, l’attente de Deux connards dans un abribus etc. Le film et l’album affichent ainsi une complémentarité nécessaire. Dans les dialogues, on retrouve le même concept, l’humour noir et le langage singulier présents sur leur premier album. les vingt-quatre heures du quotidien de ces deux antihéros attachants défilant à l’écran, ce sont celles de cet album au ton si singulier. Leurs vieux démons, la peur de l’échec, l’errance, la procrastination, les amis envahissants, la quête des sandwich en triangle, l’impossibilité de se projeter dans l’avenir et les soucis de couple défilent. « A nos histoires mortes avant d’avoir démarré, aux heures laissées passées, aux potes jamais rappelés, au job que j’ai lâché, aux portes que j’ai claquées ». Tout ce film tourne autour de l’inachevé, de ce sentiment d’incapacité de terminer quelque chose (sauf une bonne vanne). La force du format long-métrage est de pouvoir dépeindre un portrait abouti de leur génération, cette génération qui trouve en la procrastination une sortie de |