78 Maze Novembre 2015 Cinéma En dehors du fait qu’il soit lâche d’un point de vue politique, le vrai problème du film d’Elie Wajeman est qu’Adèle Exarchopoulos et Tahar Rahim n’incarnent pas des personnages. Ils font ce qu’ils savent faire de mieux au cinéma : être eux-mêmes. Au grand damn de l’œuvre, les deux comédiens ne sont pas du genre caméléons ; ils s’adaptent assez mal aux histoires si les histoires ne sont pas écrites pour eux. Ils sont faits pour leur siècle. Dans Les Anarchistes, Adèle Exarchopoulos a la même façon de parler, de marcher et de faire l’amour que dans La vie d’Adèle. Si elle sait incarner magistralement un personnage de son temps, un rôle fin XIXe lui va comme une moufle. Lointain, perdu, rêveur, gêné, Tahar Rahim est le même dans tous ses films : dans Grand Central de Rebecca Zlotowski où il joue un amant discret et un ouvrier, c’est génial. Dans Les Anarchistes, il ne sert pas son personnage. Les Anarchistes est un film lâche. Il se cache derrière deux noms, il veut nous faire croire à sa propre originalité en pensant nous tromper l’œil à coup d’images bleutées, de costumes et de discours politiques. Mais nous ne sommes pas dupes, il raconte juste une histoire d’amour légèrement impossible entre deux gueules sympas du cinéma français du XXIe siècle, dans un siècle qui ne leur va pas. Benoît Michaely Mars Distribution |