La suite des aventures d’Harry Potter au théâtre est une très bonne nouvelle, et ce à différents niveaux : d’une part le fait que ce bonus tant attendu soit une suite, et non le préquel précédemment évoqué. Evidement, si ça avait été un préquel, nous n’aurions pas été assez crasse pour cracher dans la soupe, cependant, en écrivant sa saga, JKR nous a donné suffisamment d’informations sur le passé pour qu’une histoire concentrée dessus (certes appréciable) ne soit rien de plus que connecter les points et ajouter quelques anecdotes. En revanche, se concentrer sur l’avenir est une bonne nouvelle pour plusieurs raisons : Avoir la « version officielle » de L’Après est clairement quelque chose qui intéresse les fans qui -faut-il le rappeler ? - sont l’une des plus actives fanbases de la planète. Le nombre de fanfictions centrées sur le personnage d’Albus Severus Potter est inversement proportionnel aux nombres de lignes dans lesquelles il est mentionné. Cette suite permet de transformer un épilogue abrupt, au sujet duquel les réactions à chaud avaient été assez sévères, en une ouverture, une promesse de futur. Et, l’internet est assez formel : après avoir vécu dix ans dans un placard et passé sept années poursuivi par un furieux sociopathe, nous voulons savoir qui est Harry Potter. Quel genre d’adulte il est devenu, quelles sont ses relations avec Ron et Hermione, comment sont ses enfants... Une autre raison pour laquelle cette annonce est une très bonne nouvelle, est le changement de genre. Harry Potter a permis à des milliers d’enfants de prendre goût à la lecture dès leur plus jeune âge, parfois malgré de mauvaises expériences ou un manque d’intérêt préalable pour l’activité. Rowling a ouvert une porte au genre romanesque qui était à la fois accessible et fascinante, laissant à la fin de la saga (ou même entre chaque tome pour les enfants des 90’s) non pas une fin, mais une ouverture vers tout un tas d’autres livres et tout un tas d’autres histoires. (Les plus Luna Lovegood d’entre nous titreraient : JKR Crée Sa Propre Armée d’Hermione Granger). Et, de la même façon qu’avec le roman, elle va offrir aux plus jeunes et aux moins susceptibles du genre une autre façon de le découvrir ou de de le considérer. Car si le théâtre est avant tout une scène et des comédiens, c’est aussi un texte qui sera lu et relu, et qui sera sans doute joué et rejoué, et c’est aussi ça le cadeau que fait Rowling avec l’utilisation du théâtre : la possibilité pour de futurs enfants, adolescents, étudiants et adultes de partager leur lecture et d’être leurs personnages. Tout comme avec Pottermore, elle fait de Harry Potter une expérience communautaire, un lien entre les gens, un véritable partage. June De Witt 26 Maze Novembre 2015 Littérature Je suis tout à fait d’accord avec le précédent paragraphe. Je voudrais également ajouter qu’à mes yeux, le vrai théâtre, le grand théâtre, est tout autant capable de livrer de la profondeur, de l’émotion et de la complexité. Cela ne se fait pas forcément par le biais de la description,mais l’émotion passe par le jeu des acteurs, par le décor, les costumes et surtout par « l’atmosphère théâtrale ». Tout cela offre une dimension vivante et évolutive, moins présente dans le roman. Cette dimension est présente lorsqu’un acteur joue le texte, évidemment. Mais je pense qu’elle existe également pour le spectateur, qui, sans être sur scène, assiste à l’action « pour de vrai » et rentre ainsi dans l’univers de Harry Potter. Si une telle initiative permet à des jeunes de tomber amoureux du théâtre, comme les livres d’HP nous ont fait révèrer la lecture, alors oui, JK Rowling est bien un génie de la littérature jeunesse. Mary Laduoad Je pense honnêtement que ça sera le cas, le théâtre à l’école ça reste un truc assez rébarbatif, déjà parce qu’on y vient uniquement par les classiques, c’est pareil au Royaume-Uni, les difficultés de langue sont déjà une barrière contre le plaisir qu’on peut éprouver au théâtre. C’est très étrange qu’on évoque pas des contemporains avant de parler des classiques, ne serait-ce que parce qu’ils n’ont pas cette barrière (et l’anglais de Shakespeare, c’est une barrière). Après l’effet Harry Potter au niveau de la lecture en générale, je pense que cette ouverture à un théâtre accessible sans difficulté aux plus jeunes et néanmoins fascinant (a priori dans la mesure où on parle de Harry Potter) montre qu’il y a d’autres théâtres. J’ai toujours aimé le théâtre, dès le début, et pourtant, malgré ça il m’a fallu huit ans de théâtre dans les jambes avant que je ne tombe sur des auteurs contemporains, et je n’y avais jamais pensé avant parce que dans ma tête le théâtre c’était les Classiques. Quelle surprise pour les enfants de découvrir un théâtre qu’ils seront plus d’une poignée à apprécier ! June De Witt |