air de p aris CE N’EST PAS UN COUPLE dans la vie mais en concevant leur studio de création graphique be-poles, en 2000, Antoine Ricardou et Clémentine Larroumet ont scellé un contrat : celui d’unir la complémentarité de leurs talents pour écrire de belles histoires ensemble. Elle vient de l’édition, lui de l’architecture. Vingt ans que ces amis d’enance portent leur regard dans la même direction, pour révéler l’âme des marques et enchanter des espaces. Vingt ans de mises en commun d’idées, de rêves croisés, de réexions et de décisions partagées, de narrations inventées, ormulées, squetchées… Dans leur bureau vitré, perché comme la proue d’un paquebot dans le ciel, ace au Centre Pompidou, les carnets de croquis empilés montrent combien leur conception inuse par l’écriture et le dessin. Hôtellerie, gastronomie, culture, mode ou sport... S’ils se défnissaient au départ comme un studio de création graphique, leur fbre artistique et leur souci de cohérence a fni par tout englober : ils scénarisent désormais les projets de la genèse à la dernière touche, dans les moindres détails. Matériaux, logo, lumière, vaisselle, mobilier, choix d’un bloc-notes, couleur d’un sousbock... «Où et comment habiter les lieux est l’un de nos principaux questionnements», dit-elle. «Dans un hôtel, rater un petit détail peut inguer une réputation», poursuit-il. L’identité visuelle du NoMad Hotel à New York, la direction artistique de l’hôtel Le Pigalle, celle du Barn, c’est eux. 41 Pole position Porté par une démarche d’esthète et une sensibilité afirmée, le studio de création parisien be-poles est devenu v irtuose de la narration dans l’espace. Par Sibylle Grandchamp A Paris, on retrouve leur patte (logo, devanture, packaging) derrière Maison Plisson, le restaurant Jòia, la Chocolaterie Cyril Lignac, le cinéma Beau Regard, le concept store Merci… Dernièrement, ils ont signé la conception de la Brasserie ParisLongchamp. Bientôt, une ligne de cosmétique bio à base d’eucalyptus verra le jour. Tous ces projets recherchent le beau, la noblesse, l’élégance. Ce sont des esthètes, mais sans le côté obsessionnel. «Il aut qu’il y ait du désir et de la spontanéité naturelle pour qu’un projet prenne vie», reconnaît-il. Comme leur collection «Portraits de villes», où ils publient des photographes coups de cœur. Dernier opus : le Téhéran d’India Mahdavi. Quand les idées bloquent, il chausse ses baskets et lance sa silhouette autée sur les quais de Seine pour trouver l’inspiration. Pris dans le cercle vertueux de la création aux multiples acettes, ils parviennent toujours à maintenir une signature unique. Comme si leur exigence joyeuse les ramenait toujours à l’essence des choses. 5 2/A I R F R A N CE M A DA M E D o w n t o t h e det ai l s T HE PA RISIA N DESIGN ST UDIO BE- POLES CREAT ES ELOQUENT SPACES T HAT T ELL A STORY. Clémentine Larroumet used to work in publishing and Antoine Ricardou in architecture. In 2000, the two childhood friends decided to unite their talents in a design agency. Twenty years of giving substance to brands and beauty to commercial spaces. Twenty years of sharing ideas, dreams and decisions. In their glassed-in ofce across from the Centre Pompidou, the piles of sketchbooks reveal how much of their process takes place through drawing. In fact, they had originally focused on graphic design but gradually expanded their scope, handling every detail from logos to lighting, furniture, the choice of a notepad… «How to ‘dress’a space is one of our main preoccupations,» she says. «With a hotel,» he adds, «one little false note can ruin a reputation.» |