S T YLE P H É N O M È N E cy cle vertueux Réagissant au trop-plein consumériste, l’industrie de la mode trouve un nouveau soufle dans une dy namique alternative : l’économie circulaire. Sans perdre en désirabilité. Zoom sur des initiatives bienvenues. Par Lorène Duquesne – Illustration Stefan Vulic DES VÊTEMENTS AU PLACARD DORMANT. Achetés, puis peu ou pas portés. Les étagères qui dégoulinent, s’asphyxient. Tro p de choix, pas le temps, et puis toujours la même chemise juste, polyvalente, bien coupée, le jean évident. Pourquoi aller voir ailleurs ? De toute açon, plus possible de stocker, la place est tellement rare qu’une partie de notre vie a dû s’exiler dans des boxes à louer. Pour ces raisons, et mille autres, la mode, à l’écoute du consommateur raisonné, se réinvente peu à peu ; au lieu d’un horizon fni prédisant une chute libre açon cascade vertigineuse, elle tente d’arrondir sa trajectoire – et celle du monde – pour esquisser un utur plus rassurant. L’économie circulaire désigne, d’après le ministère de la Transition écologique et solidaire, «un modèle économique dont l’objecti est de produire des biens et des services de manière durable, en limitant la consommation et les gaspillages de ressources (matières premières, eau, énergie) ainsi que la production des déchets». Versus l’économie linéaire, plus très en vogue ces temps-ci, du moins en Europe : extraire, abriquer, consommer, jeter. Pour sauvegarder les ressources limitées de la planète et nourrir des activités durables –pour les humains autant que pour ce qui les entoure. «L’allongement de la durée d’usage des produits par le recours à la réparation, à la vente ou à l’achat d’occasion» est l’un des marqueurs de la consommation responsable. Dans la sphère ashion, la seconde main est loin d’être un phénomène récent mais il progresse. Comme le souligne l’agence conseil en intelligence business & créative Nelly Rodi, «selon une récente étude menée par la Fashion Retail Academy, près de 25% de la génération Z (née environ entre 1995 et 2010,ndlr) a déjà vendu des vêtements via des plateormes de social shopping, usage qui a bondi de 113% au cours des cinq dernières années (…)», alors que cette génération «comptera en 2020 pour (1) 40% des consommateurs à l’échelle mondiale». Les Z, qui gèrent un porte-monnaie plus menu que leurs aînés, ne transigent pas avec les valeurs environnementales, et veulent des alternatives vertueuses. Ce n’est que le début. Sur les podiums, comme sur le web, des acteurs entrent de plain-pied dans ce nouveau cycle durable. Et présentent une ore d’autant plus désirable. M a y t h e ci r c l e b e un b r o k en W IT HOUT SACRIFICING DESIRA BILITY, T HE FA SHION WORLD IS FINDING IMPET US IN A NEW DY NA MIC : T HE CIRCULA R ECONOMY. Clothes that lie unworn in the closet for years. Too much choice and not enough time, so we keep wearing that one well-cut blouse and basic jeans over and over. Why buy anything else ? Plus living space is so expensive now that half of our stuf endsup in storage anyway. In response to these increasingly common quandaries, fashion is listening to consumers and taking steps toward a more user-riendly, and planet-riendly, uture. 1 04/A I R F R A N CE M A DA M E |