S T YLE P H É N O M È N E bon chic bon sty le La figure de la bourgeoise a ait un retour triomphant sur les podiums automne-hiver 2 019-2 02 0. Décodage d’un look bien sous toutes les coutures, qui trouve dans le monde actuel un écho nouveau. Par Lorène Duquesne – Illustration Stefan Vulic BLAZER, JUPE-CULOTTE, TRENCH, botte cavalière, blouse en soie, tailleur, nuances neutres, coupes impeccables… Il otte sur les nouvelles collections un parum à la Auteuil-Neuilly-Passy. La bourgeoise, merveilleusement incarnée au cinéma par Stéphane Audran, Romy Schneider, Fanny Ardant et Cie, (re)surgit cet automne au détour de clins d’œil 70’s/80’s, de silhouettes paraitement maîtrisées, de réalités et antasmes amalgamés. Comme le rappelle Simone Roux dans Les Racines de la bourg eoisie (2011), cette dernière, née au Moyen Age, ait étymologiquement réérence aux habitants des bourgs, et plus généralement des villes. Elle se défnira ensuite par ses privilèges, ainsi que par la propriété, se constituant progressivement en une élite à dominante marchande. Aux commandes des moyens de production, détentrice des capitaux économique, social, culturel et symbolique (théorisés par Pierre Bourdieu, et auxquels Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon ajoutent le capital scolaire), la bourgeoisie s’invente progressivement un cadre de vie sur mesure, bordé de codes en tous genres. L’habitat, les habitudes… et l’habit témoignent notamment de ces règles plus ou moins implicites. Après s’être souvent adressés aux millennials et pliés récemment aux logiques d’inuence, les créateurs semblent se tourner à nouveau vers l’image rêvée de leur public originel – les emmes dans la eur de l’âge, puissantes, sûres d’elles, reines des villes et C l a s s y c o me b a c k T HE SEDAT E CHIC OF T HE BOURGEOISE IS FINDING NEW RESONA NCE W IT H MODERN- DAY SENSIBILIT IES. Blazers, trench coats, riding boots, silk blouses, neutral colors, impeccable cuts… The latest collections are tinged withupper-class elegance. The look of the bourgeoise, the prim and proper woman o the auent bourgeoisie, is back in style this fall. After catering to millennials, the designers seem to be returning to the idealized image of their original public : women in the prime of life, sure of themselves and their social standing. What are the component factors of this stylistic revival ? Good taste. Possibly in reaction to the logos, fashy colors and baggy cuts o streetwear, the fesh baring o Kim K. and company, and the ostentation of bling, 12 2/A I R F R A N CE M A DA M E bêtes de mode. Comment expliquer le retour en grâce stylistique de la bourgeoise, aussi décriée qu’admirée ? Voici quelques pistes. COME-BACK DU BON GOÛT. Comme une réaction au déluge de logos, couleurs ashy et proportions oversize du streetwear, à l’art de se dénuder promu par Kim K. et sa suite, à l’argent décomplexé qui se montre au travers de marques plus ostentatoires les unes que les autres. La fgure de la bourgeoise appelle à un luxe plus littéral, discret et rafné, antinarcissique, qui se murmure plus qu’il ne se crie. Bye bye le bling, bonjour le beau, le bien-pensé, coupé, ajusté… Le bon, aussi, inuence bobo oblige : oui à des pièces durables, sobres et indémodables. Che de fle incontesté du mouvement, Hedi Slimane s’inspire du Céline des débuts (celui de Céline Vipiana, ondatrice de la grie) et, délaissant son glamour années |