une pour toutes S T YLE P H É N O M È N E Mode, liestyle et beauté entament enfin leur révolution pour plus d’inclusion et de diversité. Décry ptage d’un vent nouveau embrassant les emmes dans toute leur pluralité. Par Lorène Duquesne – Illustration Stefan Vulic SEPTEMBRE 2018. Sous les yeux des invités du défilé lingerie new-yorkais Savage x Fenty by Rihanna, un néo-jardin d’Eden s’anime, peuplé de femmes en dessous dotées de morphologies variées et aux multiples origines ethniques. Au milieu de ces créatures se mouvant au rythme de chorégraphies aux accents mi-primitifs, mi-facétieux, apparaît soudain Slick Woods, mannequin métisse au crâne rasé et décoloré, au terme de sa grossesse – elle donnera naissance à son fils quelques heures après le show. Enserrée dans un body ultra-sexy, la jeune Américaine rebelle déambule fièrement, nimbée de l’aura d’une reine appelée à entrer dans la peau de l’un des rôles les plus déterminants de sa vie. L’image, à la fois forte, un rien provocatrice et extrêmement moderne, suffit à elle seule à envoyer valser les clichés véhiculés par une industrie en quête d’une perfection unique (incarnée par les Victoria’s Secret Angels and Co) tombée en désuétude. Et illustre parfaitement l’esprit de diversité de la Fashion Week printemps-été 2019 qui, selon le (1) « Diversity Report » de The Fashion Spot, n’a jamais été aussi ardent. Quelques chiffres, donc. Entre New York, Londres, Milan et Paris, 36,1% des castings ont été remportés par des mannequins de couleur – une augmentation de près (2) de quatre points par rapport à l’automne-hiver 2018-2019. 54 mannequins dits « grande taille » ont défilé pour quinze marques, quasi deux fois plus qu’à la saison précédente. 1,23% des modèles étaient transgenres ou non-binaires, un record pour l’industrie. 27 mannequins étaient âgés de 50 ans ou plus, soit 50% de plus qu’à l’automne-hiver 2018-2019, même F u l l - s p e c t r u m c h i c si le nombre reste remarquablement bas par rapport à la proportion de la population représentée. Au sommet du podium fashion ? De loin New York, l’Europe peinant visiblement à nuancer ses standards. « Au casting des défilés, nous recevons des adolescentes, des mamans d’adolescentes, des femmes à la taille 34 ou 48, venues des quatre coins de la planète. Ce que je recherche, c’est leur individualité », confiait le créateur made in Big Apple Michael Kors, réputé pour le caractère inclusif de ses shows. Vacillant sous le coup de maladresses récentes (figurine Otto pour Prada, col roulé noir aux lèvres rouges chez Gucci, tous deux taxés de « blackface ») ayant fait l’objet de plates excuses et retraits d’articles de la part des maisons, et humant probablement l’attente croissante de l’opinion AT LONG LA ST, T HE FA SHION A ND BEA UTY WORLDS A RE EMBRACING DIV ERSITY, CELEBRAT ING T HE MA NY DIFFERENT FACES (A ND BODY TY PES) OF FEMININITY. New York, September 2018. The Savage x Fenty by Rihanna lingerie show was in full swing, unfolding in a stylized neo- Garden of Eden populated by women of many ethnic origins and body types. Suddenly there appeared an extraordinary vision : Slick Woods, a mixed-race model famous for her shaved head, wrapped in an ultra-sexy leotard and hugely, proudly pregnant—she gave birth to her son just a few hours later. Her striking presence brilliantly defied the clichés perpetuated by an industry 12 6/A I R FRANCE M A DA M E |