UN IMMENSE DÉDALE « A l’origine, ce bureau était une maison. Elle m’avait été comde livres et de maquettes. mandée par une amille, un couple et leur enant. Mais le couple La totalité des murs est a eu des jumeaux, le père m’a demandé si ça me paraissait possible recouverte par les pre- d’y vivre à cinq… On a ri du ait que moi aussi j’étais né dans une miers, qui s’infltrent dans amille avec des jumeaux, et fnalement je lui ai racheté la maison les moindres interstices et pour en aire mon bureau. » C’EST se comptent par milliers, Tout son univers est résumé ici, à commencer par ses constructandis que les secondes tions les plus emblématiques, l’île de Naoshima en tête. Toutes s’invitent sur les tables, les moindres rebords. Dans racontent la même chose, des histoires au long cours, aites de l’escalier qui mène à la mezzanine, posé à même le sol, confance et de fdélité mutuelles. L’homme aime les relations qui un tableau reçu du chanteur Bono. C’est ici, dans ses durent et se construisent au fl des projets. « L’architecture, c’est bureaux, que Tadao Ando passe la majeure partie de son quelque chose qui ne se ait pas seul, c’est un travail en duo. Il y temps quand il n’est pas occupé à parcourir le monde, a l’architecte bien sûr, mais à dire vrai, au fnal, celui qui décide un jour à Paris, l’autre à Venise ou à Detroit. « Pendant de ce qui se ait ou ne se ait pas, c’est le commanditaire. » Pour longtemps, j’ai travaillé non-stop de 10 h à 20 h mais Naoshima, sans doute le projet le plus important dans la carrière aujourd’hui j’ai appris l’importance de aire des pauses. de Tadao Ando, le commanditaire s’appelle Soichiro Fukutake. Tous les après-midis, après le déjeuner, je m’arrête une « Le projet a commencé heure pour relire un livre dont le sens m’avait échappé la en 1988, cela ait très première ois que je l’avais lu. » La maladie est passée par exactement trente ans. là, deux ois, inquiétante, amoindrissante, en 2009 puis A ce jour, j’ai signé en 2014. Aujourd’hui Tadao Ando va mieux, et il est plus dix réalisations là-bas, volubile que jamais. certaines d’envergure, Nous sommes à Osaka, la ville de ses débuts, celle qu’il d’autres plus réduites. n’a jamais vraiment quittée – il laisse ses créations le aire Trois autres sont encore à sa place, comme le raconte la passionnante exposition en cours. » Et puis il y a que lui consacre cet automne le Centre Pompidou. François Pinault. » > A u centre et p ag e de droite : l’ancienne maison abritant à Osaka les bureaux de Tadao Ando. Véritable signature de l’architecte japonais, le béton occupe une place centrale dans son univers. Un béton à la qualité extrême et au toucher paraitement lisse. La lumière naturelle qui vient inonder les lieux est elle aussi une marque de abrique de l’architecte. 2 04/A I R FRANCE M A DA M E |