à se (re)connecter avec elle-même. » Quelle est la part d’Elsa dans Anna, et inversement ? « Il n’y a pas Elsa d’un côté et la comédienne de l’autre. Etre actrice, c’est un tout », affrme celle qui aime comparer le cinéma à une matière vivante en perpétuelle évolution. L’adéquation entre l’image qu’elle renvoie (trop « femme », trop froide parfois) et ce qu’elle est réellement dans la vie a longtemps été foue. « J’ai commencé le cinéma à 18 ans et demi et j’ai enchaîné. J’ai toujours eu beaucoup trop de respect pour ce que je faisais pour me disperser… La première fois que je suis allée en boîte de nuit, j’avais 30 ans ! Alors oui, on peut dire que j’étais un peu trop sérieuse, mais rien ne tombe jamais tout cru. » Le premier « miracle » de cinéma d’Elsa ressemblait pourtant bien à un hasard de casting : en 1991, alors qu’elle n’est que fgurante sur le tournage de Van Gogh, Maurice Pialat lui confe le rôle de Cathy, la prostituée en robe rouge, attribué au départ à une autre actrice. La liste des rendez-vous prédestinés sera longue : sa prestation remarquée dans Mina Tannenbaum lance sa carrière. Femme psychotique dans la série Vénus et Apollon, étudiante dans Beau Fixe, amoureuse romantique dans L’homme est une femme comme les autres ou proustienne en Rachel dans Le temps retrouvé de Raoul Ruiz… La comédienne a endossé une palette de rôles éclectiques à faire pâlir de jalousie ses consœurs du cinéma français, passant du biopic (Lautrec, Modigliani) au flm d’époque (Farinelli), du drame (dans les flms de Werner Schroeter ou Philippe Claudel) à la comédie (signée Tonie Marshall, Jean-Jacques Zilbermannou Jean-Pierre Mocky)… Aujourd’hui, elle se connaît et sait s’abandonner sans peur. Alors les choses « se passent ». Elsa les salue comme la conséquence d’une présence au monde vécue dans sa totalité. « Tout part de soi-même. Etre actrice, c’est savoir aller puiser au plus profond de nous une vérité propre, qui nous appartient. C’est le contraire de faire semblant, ou de vouloir tout contrôler. » A force de « donner au centuple », elle se défnit avec humour comme une actrice tout terrain. Comme pour cette scène désinhibée de vingt minutes de Un + Une, flmée à Allahabad, quand elle plonge dans le Gange, sans protection, en pleine cérémonie de la Kumbh Mela qui réunit 10 millions de pèlerins chaque année. « Quand j’avais 17 ans, je rêvais de travailler avec Claude. Grâce à une connaissance de mon père, je lui avais même écrit une lettre. Il m’a reçue, et il m’a dit : ‘Merci mademoiselle, il faut dix ans pour être actrice.’ » Vingt ans après, la boucle est bouclée, les voilà réunis. Il n’y a vraiment pas de hasard dans la vie. M 204 » J’ai toujours eu beaucoup trop de respect pour ce que je faisais pour me disperser… La première fois que je suis allée en boîte, j’avais 30 ans ! > « I loved the idea of such an unlikely pair, « Lelouch says. « That kind of complementarity can be incredibly powerful. » How much of Elsa is there in Anna ? « There’s no separation between Elsa the person and Elsa the actress, » Zylberstein insists. And yet, for some time it was diffcult to reconcile her real-life personality with her image as a star, a bit too feminine, a bit aloof. « I started in flm at age 18 and just kept working, » she explains. « I never even went out to a nightclub until I was 30 years old ! So yes, one might say that I was overly serious, but nothing comes easy. » Nonetheless, her frst break could seem like a cinematic « miracle. » In 1991, when she was working as an extra in Maurice Pialat’s Van Gogh, the director offered her the role of Cathy, the red-clad prostitute, which had originally been assigned to another actress. And her list of fated encounters grew. After winning a César award for her work in Mina Tannenbaum in 1995, Elsa began rackingup a list of varied roles that would make any actress jealous, ranging from biopics (Modigliani, Lautrec) to period flms (Farinelli), dramas (by Werner Schroeter and Philippe Claudel) and comedies (by Tonie Marshall, Jean-Jacques Zilbermann, Jean-Pierre Mocky…) Today Elsa Zylberstein knows her own capacities and how to « let things happen. » Things that she welcomes as the result of living life to its fullest. « Being an actressis knowing how to fnd a deep inner truth, » she says. « It’s the opposite of pretending. » Having now « given a hundredfold » in so many roles, she semi-jokingly calls herself an allterrain actress. As in the scene from Un + Une in which she plunges, unprotected, into the Ganges during Kumbh Mela, an annual Hindu ceremony that draws millions of pilgrims. « When I was 17, » she recalls, « I dreamedof working with Claude. I wrote him a letter. He agreed to meet me and said, ‘Thank you for the offer, but it takes ten years to become an actress.’ » Twenty years later the story came full circle and they met again. Another fated encounter. M Page précédente : costume en coton de soie, GUCCI. Escarpins en veau velours, MINELLI. Bijoux perso. Page de droite : chemise en coton et pantalon en laine, CÉLINE. Bijoux perso. Maquillage : THIERRY MAUDUIT c/o Marie-France Thavonekham. Création coiffure : SARAH GUETTA. Assistante styliste : ANNABELLE SANGIN. Remerciements aux Appartements La Réserve. www.lareserve-paris.com/fr/appartements |