Détail d'un vitrail de Jacques Gruber P.O 10 LorraineMagazine Vous êtes conviés chez les Majorelle ! À peine après avoir franchi le pas de la porte de la Villa Majorelle, nous voilà plongés dans l’époque 1900 à la découverte de cette bâtisse classée « Monument Historique ». Vue de la cage d’escalier depuis le rez-de-chaussée MEN – Cliché Siméon Levaillant, 2019 Nous avions envie que les visiteurs se sentent invités par Louis Majorelle et qu’ils découvrent sa maison comme elle était de son vivant. » Valérie Thomas, conservatrice et directrice du musée de l’École de Nancy et de la Villa Majorelle nous conduit d’abord dans le vestibule : « La particularité de l’Art Nouveau est de créer une unité dans chaque pièce par un thème décoratif ou par des couleurs. Le vestibule est ici conçu sur le thème de la Monnaie du pape, de la grille extérieure jusqu’aux décors de pochoir et aux vitraux. L’Ecole de Nancy s’est beaucoup inspirée de la nature. » Entrés dans la volumineuse cage d’escalier, nous sommes immédiatement attiré par la verticalité imposante de cet espace. « La rampe a été dessinée par Henri Sauvage et exécutée par l'entreprise Majorelle. Les deux grandes baies qui l’éclairent, ornées de vitraux de Jacques Gruber, toujours sur le thème de la Monnaie du pape, créent une cohérence dynamique. » Dans le couloir à gauche, une double porte donne accès à la salle à manger. « LE MOBILIER EST CELUI QUE PUBLIAIT MAJORELLE DANS SES CATALOGUES » « Cette pièce est celle qui a gardé le plus de sa décoration d’origine. » La cheminée imposante d’Alexandre Bigot structure l’espace, les peintures de Francis Jourdain sur le thème des animaux de la ferme et les vitraux de Jacques Gruber embellissent les murs. « Le mobilier est celui que Majorelle publiait dans ses catalogue. Concernant les « luminaires, ils ont été restitués par Olivier Morel, restaurateur de métal. Le CERFAV de Vanne-le-Châtel a, de son côté, créé les vasques en verre soufflé. » Dépose du vernis, parquets totalement repris, mise en place des placages en bois d’Atapa… Le travail dans cette pièce a été minutieux. « Nous avons aussi posé des grilles pour maintenir une température autour de 18 degrés et un taux d’humidité autour de 50% pour les besoins de conservation. » À côté, le thème de la pomme de pin règne sur le salon. Un modèle de siège produit par Majorelle en 1904 qui a connu un grand succès jusqu’en 1913. « Il y a trois ans, un particulier nous a contactés pour nous proposer un ensemble sur ce thème. Nous avons saisi l’occasion ! Concernant la décoration, nous avons sélectionné dans les collections du musée des céramiques conçues par Louis Majorelle, des peintures de son fils Jacques et des verreries de Daum. » LA LUXUEUSE CHAMBRE À COUCHER Lorsque nous arrivons sur la terrasse, l’immense garde-corps en grès créé par Alexandre Bigot attire tout de suite notre attention. « Les Ponts et Chaussées avaient créé un bowwindow car ils trouvaient que la terrasse était trop étroite. Nous l’avons détruit car nous voulions revenir à la maison du vivant de Louis Majorelle qui avait fermé cette terrasse par une baie vitrée en 1907. » La fresque murale aux tons pastels d’Henry Royer habille élégamment cet espace baigné de lumière. À l’étage, la chambre à coucher est la pièce la plus luxueuse en termes de mobilier : « Il s’agit de modèles uniques en frêne, spécialement conçus pour cette chambre. Les décors en nacre et en cuivre sont précis et sophistiqués. » La visite se termine aux deuxième étage avec la découverte du décor mural sur le thème de la Monnaie du pape, réalisé au pochoir sur les rampants du plafond accompagnés de magnifiques vitraux de Gruber de boiseries alternant couleur claire et foncée. La villa que l’on surnomme « Jika », en référence aux initiales de Jeanne Kretz, l’épouse de Louis Majorelle, n’a pas fini d’émerveiller… ± Salle à manger, cheminée d’Alexandre Bigot, mobilier de Majorelle MEN – Cliché Pierre Mignot |