bRuITAGE SOPHIE MERIEM ROCKWELL «…et la chute» (Anémone Records/Anticraft) Elle n’a pas de MySpace. Et elle n’a pas d’amis. Qu’elle nous dit. Produisant un album tous les sept ans, elle fait partie des marginaux volontaires de la chanson. Provocatrice, anticonformiste, mais charmeuse, avec une voix de femme-enfant proche de celle d’Elisa Point, Sophie s’est payée le luxe d’aller enregistrer son disque à Stockholm, ce qui donne une couleur à la fois bucolique et psychédélique à ses compositions, rappelant Mercury Rev. Cette fausse ingénue utilise un univers naïf et enfantin pour exprimer des choses graves, évoquant ces poupées de brocantes auxquelles il manque un bras, mais qui gardent imperturbablement leur sourire. On pense tantôt à Björk, tantôt à Françoiz Breut. En cerise sur le gâteau, elle adapte un classique de Dvorak sur Le pont promenade. Enfin, elle remporte haut la main le trophée du «titre le plus improbable de l’année» avec Tut tut pouet pouet. Une curiosité ! www.sophiemeriemrockwell.net Ludochem SMADJ «Selin» (Bassafone !/Anticraft) Baroudeur déchiffreur des sons et des territoires musicaux, Smadj alterne depuis près de vingt ans, projets solos, de groupe (DuOud avec son complice Mehdi Haddab), et collaborations haut de gamme (Ekova, Rokia Traoré, Laurent de Wilde, etc.). Pour son troisième opus, il s’entoure du trompettiste Erik Truffaz et du joueur de tablas Talvin Singh. Si Selin, par l’ancrage de ses musiciens, se place au carrefour des continents (Afrique du Nord, Europe, Inde), il s’affranchit également de genres musicaux par trop compartimentés. D’obédience lounge, puisque porté semble-t-il par le thème de l’amour (Toi et moi, Sel que j’aime, Passionnée, Tendre…), les sonorités électro-acoustiques offrent libre cours à quelques audaces, comme celle d’adapter la chanson popularisée en son temps par Claude Barzotti (! ! !) , Je t’apprendrai l’amour, ou le trop court Geriye au groove délicat. A défaut de révolution, un album de belle facture. myspace.com/jeanpierresmadj Bruno Aubin 70 cotvcERTs F T 5 ï E'jr ^ fHAT6 E LAH6C'M6N 5 i Ar If SAMBUCA «Estéreo» (Sambuca Prod/Irfan) Quand les genres musicaux s’entremêlent et que les limites explosent pour faire un pied de nez au conformisme, de belles choses se produisent. C’est le cas pour le premier essai de cette formation parisienne. Créer sous l’impulsion d’Hélène, flûtiste classique de formation et son frère Scoonie à la programmation et au chant, (ce dernier balance une gouaille hip-hop latin) , le groupe s’est peu à peu étoffé avec Julien à la basse, Clément à la guitare insufflant un soupçon de son manouche, Dan «Adozey» à la batterie, Adrien au Sax, Mimo au scratch et enfin Karima à la voix soul veloutée. Les Ogres de Barback rejoignent d’ailleurs le joyeux combo sur un titre plus slave L’audace séduit. Entre les sons lourds de la batterie et du hip-hop s’oppose la légèreté de la flûte et des ambiances festives.. Tout y passe avec aisance : reggae, salsa, manouche, afrobeat et hip-hop. Pas question de s’ennuyer avec ces 12 titres explosifs. myspace.com/sambucamusic Isabelle Leclercq SORRY FOR YESTERDAY «Sunshine connection» (Sorry Records) Depuis qu’At the Drive-In a créé un séisme international en début de millénaire, on ne compte plus les formations s’essayant au genre «teenage rock» avec plus ou moins de bonheur. Mais il ne suffit pas de réunir quatre ou cinq jeunes garçons répétant dans leur cave, de leur fournir un bon Harrap’s et un pack de bières pour parvenir à un bon résultat. A cet égard, les Bisontins Sorry For Yesterday s’en tirent plutôt bien : guitares cristallines et mordantes, voix haut perchée, mélodies accrocheuses et un son puissant. Si la personnalité du quintette a du mal à s’affirmer en dehors des carcans du genre, leur production efficace ferait presque passer le dernier Stuck in the Sound pour un bootleg slovaque de Scorpions. Sunshine connection a cependant les défaut de ses qualités : jeune, fougueux et aux maladresses touchantes. Attendons donc que la photo jaunisse un peu pour juger. myspace.com/sorryforyesterday Ludochem ouR 12 1ü1a>wT 209 ti usu wWw.terre5du5on.Cort1 VILLAGE ET CAMPING GRATUITS THE RAKES ABD AL MALIK*THOMAS FERSEN CARAVAN PALACE * GENTLEMAN a. FM EAST WU THE ASTEROIDS GALAXY TOUR*EMILY LOIZEAU HORACE ANDYancoinisurrse+w*HUGH COLTMAN*YUKSEK VICTOR DEME-THE HERBALISER*BALKAN BEAT BOX STUCK IN THE SOUND*SPORTO KANTESBEAT ASSAILANT THE ELDERBERRIES BABY TOURE * NICOLAS JULES KIEMSA SHAKAPONKMONTGOMERY *BEAT TORRENT * FUMUJ *DOH ROMINI... SCENE ALTERNATIVE + SCENE ELECTRO 46 SATURN «…» (Les Disques de Géraldine/Guerilla Asso) «Support your local punk scene», tel est le conseil que l’on pourrait donner à l’écoute de cette galette catalane. La tramontane punk-rock va décoiffer à vous en coller une otite. «Les antibiotiques c’est pas automatique» et aucun vaccin ne vous protégera de ce virus-là. On est dans l’énergie contagieuse impossible à endiguer. Cha, survitaminée, désintègre les toms, elle est impressionnante de résistance. Cataplasmes et inhalations n’y feront rien, (trop tard) vous êtes plombés dès le premier titre et ça va pogoter sévère dans l’hacienda. Hey Doc ! Quelles sont les news ? C’est foutu… Vous êtes condamnés à passer le CD en boucle ! 39.8° de fièvre, les esgourdes se fissurent, on sent bien l’atavisme Kargol’s dans les gênes, may day, may day, l’arrêt cardiaque est imminent… Attention, recommandation de santé publique : l’abus de Saturn est conseillé, voire même obligatoire à défaut d’être remboursé par la Sécu. saturnpunk.free.fr Maho SPASMODIC JOY «a bunker,» (Pulsar Music) Avec son discret et solitaire projet, Geoff Mendelson prouve que la France peut aussi être une terre de songwriters au sens anglo-saxon du terme. Modeste par l’auto-promotion mais non par la qualité, il livre le premier volet d’un diptyque autour de «l’aversion, l’innocence, la confusion», une somme de compositions entre folk et pop aérienne. L’inaugural Hello porte en lui toute cette fraîcheur délicate qui inonde l’album, d’une tristesse sans lourdeur, légère au contraire, comme une fine pluie d’été. Alternant dans une harmonie parfaite des morceaux plantureux dans leur instrumentation et des chansons folk à la Neil Young, il dresse des ouvrages d’une grâce pure que sa voix douce mais ample habite avec sensibilité. Il y a même de la nonchalance mélancolique d’un Perry Blake dernière période dans ses égrènement d’arpèges, tandis que le sautillant Take it if you go to town rappelle carrément Belle And Sebastian. C’est beau comme un sourire sous les larmes… myspace.com/spasmodicjoy Jessica Boucher-Rétif SHAKA PONK «Bad porn movie trax» (Guess What !) Petit rappel de physique : oubliez tout ce que l’on vous a appris à l’école. La force centrifuge c’est cette galette qui vous colle au siège dès les premiers accords. Une véritable puissance agissant sur le corps tout entier pour lui infliger une trajectoire curviligne et qui tend à vous éclater radicalement vers l’extérieur. Pour situer le genre musical, mais sans aucune comparaison possible, on est dans l’explosion simultanée de Jon Spencer et des Red Hot. Les lois fondamentales sont mises à mal et l’on s‘approche de l’ovni musical. Inutile d’essayer d’être pragmatique et de vouloir comprendre le pourquoi du comment, chaque titre est conducteur et cette propriété à transmettre les vibrations est indéniable. Méthode de transfert efficace, on frise l’aberration anglo-espagnole qui roule les «airs», on est dans la confusion des sens et des genres, on reste pantois. Un vingt sur vingt, coef quatre, avec félicitations du jury. www.shakaponk.com Maho SPRAGGY «Sunshine country» (Autoproduit) Le souci d’ouverture d’esprit de cet artiste donne à cet album un parfum tout particulier. La modernité de certains titres, comme Living in the city, étonnera les adeptes du reggae qui ont l’habitude des textes inculpant Babylone. Spraggy, lui voit plus loin en décrivant la ville sans jugement. Ce Dominicain travaille comme les MC, il pose sa voix chaude sur des riddims jamaïcains, choisissant les mélodies en fonction de l’énergie qu’elles dégagent. L’originalité tient à son choix musical : certains titres sont très roots (clin d’œil aux «lovers» jamaïcains tels que Gregory Isaacs ou Denis Brown) et d’autres au contraire, très contemporains. Le voyage qu’il nous offre avec cet opus est totalement en osmose avec sa philosophie de vie rasta. La musique positive et joyeuse soutient des textes basés sur la paix et la conscience. Cette approche du reggae et son talent l’ont conduit l’année dernière, à être invité en guest star par Tiken Jah Fakoly. www.believe.fr/spraggy Johanna Turpeau |