PLUS D’INFORMATIONS SUR 18 Ils en parlent les défis du cea www.cea.fr juin 2011 PROPOS RECUEILLIS PAR : Claire Abou ANALYSER ET INFORMER DEPUIS LE JAPON 3 QUESTIONS À PIERRE-YVES CORDIER ↖ Conseiller nucléaire mis en place par le CEA auprès de l’ambassade de France au Japon, Pierre-Yves Cordier et son équipe se sont mobilisés 24 heures sur 24 pour suivre l’accident de Fukushima. Témoignages. 1 Quel a été votre rôle au moment de l’accident de Fukushima ? P.-Y.C. | Les premiers jours après l’accident, l’essentiel de notre activité a été de recueillir et d’analyser les informations disponibles sur la centrale de Fukushima, et de les relayer auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et du CEA en France. Des informations très difficiles à obtenir au début : l’opérateur Tepco, les agences nucléaires nippones et tout le gouvernement étaient concentrés sur la gestion de la crise et essayaient d’évaluer la situation. Avec mon équipe, ainsi qu’un ingénieur d’Areva venu en renfort, nous avons travaillé en trois-huit pendant près de deux semaines pour suivre en continu les événements, assurer l’interface avec la France, répondre au plus vite et au mieux aux sollicitations de l’ambassadeur. Un point détaillé par mail était envoyé plusieurs fois par jour auprès des agences françaises, du Quai d’Orsay, puis très rapidement de Matignon, de l’Élysée et de différents ministères. 2 Plus précisément, quel a été votre soutien auprès de l’ambassade de France au Japon ? P.-Y.C. | Nous avons apporté à la cellule de crise de l’ambassade toutes les explications nécessaires à la compréhension des événements en cours à la centrale de Fukushima, comme lors de la première explosion, liée à un relâchement d’hydrogène. Ou encore lors du passage au-dessus de Tokyo d’un panache radioactif de l’ordre de 1 µSv/h pendant quelques heures. Nous avons alors donné des repères objectifs faisant prendre conscience de la relativité du danger, en concertation avec un expert de l’IRSN. Arrivé 3 jours Pierre-Yves Cordier (à gauche), conseiller nucléaire auprès de l’ambassade de France à Tokyo, Thomas Iljic, son adjoint, et leurs trois assistantes francophones. après le tsunami, c’est lui qui a pris en charge la radioprotection au niveau de l’ambassade et pour les ressortissants français. L’expertise française dans le nucléaire étant reconnue à l’international, nous avons aussi été très sollicités par de nombreuses chancelleries européennes. Au plus fort de la crise, plus de 400 mails et une centaine « Nous avons apporté à la cellule de crise de l’ambassade toutes les explications nécessaires à la compréhension des événements en cours… » P.-Y. Cordier, conseiller nucléaire à l’ambassade de France à Tokyo. d’appels, toutes origines confondues, nous parvenaient chaque jour. Enfin, nous avons contribué à la rédaction de la partie technique des télégrammes diplomatiques à destination du Quai d’Orsay, dans lesquels l’ambassadeur informait les plus hautes autorités françaises. 3 Quelles sont vos actions dans le cadre de la phase post-accidentelle ? P.-Y.C. | Nous continuons à analyser la situation sur la centrale de Fukushima et d’en informer l’ambassade, l’ASN, l’IRSN et le CEA. Nous essayons de coordonner et de promouvoir l’aide technique française en identifiant les besoins de nos partenaires japonais. Comme, par exemple, l’accueil de scientifiques japonais dans les laboratoires du CEA en France, le temps que leurs activités redémarrent. Nous évaluons les conséquences de cet accident sur le nucléaire japonais, au niveau des compagnies électriques, des fabricants de réacteurs (Toshiba, MHI, Hitachi…), mais aussi plus généralement son impact sur toute la politique énergétique du pays. CEA |