Les Défis du CEA n°155 novembre 2010
Les Défis du CEA n°155 novembre 2010
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°155 de novembre 2010

  • Périodicité : mensuel

  • Editeur : CEA

  • Format : (200 x 297) mm

  • Nombre de pages : 20

  • Taille du fichier PDF : 5,5 Mo

  • Dans ce numéro : radioactivité... les effets des faibles doses sous surveillance.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
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8 À la une les défis du cea novembre 2010 » > Le vidéomicroscope 4D permet d’observer, dans le temps et l’espace, les mouvements et autres interactions au sein des cellules. hors radioactivité naturelle (2,4 mSv/an en France) et exposition médicale. Elle est en revanche de 20 mSv/an (avec des durées d’exposition plus courtes) pour les travailleurs concernés : professionnels de santé, travailleurs de l’industrie du nucléaire, chercheurs… La relation dose-effet Cette limitation de l’exposition à des rayonnements est une chose, mais le principe de précaution conduit les chercheurs à prendre en compte la relation dose-effet. En d’autres termes, ils estiment qu’il y a une relation linéaire de cause à effet entre une irradiation et des effets nocifs. Si cette causalité existe bel et bien au-delà de 100 mSv, les chercheurs la considèrent également pour les faibles doses. Or, des études menées dans le cadre du projet européen Risc- Rad 3 conduisent à relativiser cette intuition, tel que l’explique Laure Sabatier, chercheuse au CEA et coordinatrice du projet : « Nous avons pu mettre en évidence une notes : 3. Radiosensitivity of Individuals and Susceptibility to Cancer induced by ionizing RADiation. Mis en œuvre dans le cadre du 6 e programme cadre de recherche et développement d’Euratom, regroupant 36 laboratoires de 11 pays. grande diversité de relations dose-effet selon les processus biologiques cellulaires étudiés. » Par exemple, alors que l’amplitude des dommages sur l’ADN ou les aberrations chromosomiques dépendent de la dose, le cycle cellulaire n’est affecté qu’à partir d’un certain seuil de dose. De même, au niveau cellulaire, une dose donnée d’irradiation peut aussi bien produire des effets bénéfiques (protection contre la cancérogénèse) que négatifs (augmentation du risque de cancérisation) au niveau cellulaire. Par ailleurs, des travaux réalisés in vivo ont montré la réalité d’un effet indirect, dit « bystander », qui traduit le fait que des organes qui n’ont pas été irradiés peuvent subir les effets de l’irradiation d’une autre partie du corps. Enfin, les données obtenues indiquent l’existence Le principe de précaution conduit les chercheurs à prendre en compte l’aspect dose-effet. F. Rhodes/CEA
numéro 155 les d éfis du cea P.Avavian/CEA « Il est cependant essentiel de s’intéresser aux effets des faibles doses, y compris dans le domaine médical, compte tenu de l’évolution des pratiques. » Florence Ménétrier, responsable du Prositon au CEA de prédispositions génétiques dans la sensibilité individuelle aux faibles doses. Ces effets indirects ou de sensibilité individuelle pourraient donc s’ajouter aux effets directs de l’irradiation, justifiant une attitude de précaution et la nécessité de les étudier, notamment lorsque l’on pense au domaine médical. « Si l’on sait aujourd’hui que les cellules peuvent réagir à de faibles doses d’irradiation, lors d’examens médicaux par exemple, on a de grandes difficultés pour modéliser leurs effets éventuels », considère Florence Ménétrier. Là encore, le sujet est complexe. Par exemple, il peut s’écouler des dizaines d’années entre un événement d’irradiation et l’apparition d’un cancer dont on ne peut avoir la certitude qu’il est radio-induit… En effet, bon nombre de cancers se notes : 4. Comité scientifique des Nations unies pour l’étude des rayonnements ionisants. LEXIQUE déclarent en lien avec des facteurs individuels (âge, sexe, prédisposition génétique…) ou à des facteurs environnementaux (alimentation, tabac, pollution…) autres que les rayonnements ionisants. « Il est cependant essentiel de s’intéresser aux effets des faibles doses, y compris dans le domaine médical, compte tenu de l’évolution des pratiques », indique l’experte qui s’appuie sur les résultats d’une étude UNSCEAR 4, menée aux États-Unis. Cette dernière révèle, notamment, que l’exposition médicale moyenne est passée de 0,5 à 3 mSv entre 1980 et 2006, et que les examens de type scanner, délivrant une dose de 10 à 12 mSv, ont tendance à être récurrents dans le temps, y compris chez les jeunes enfants. « Il convient de s’assurer de ne rien laisser passer ! Mais, de toute façon, la décision est toujours fondée sur le principe du rapport entre bénéfice escompté de l’examen et risque d’effet indésirable encouru. » Vers une épidémiologie moléculaire À la grande diversité de réponses biologiques dans la relation dose-effet s’ajoute une autre difficulté pour étudier les faibles doses : le manque de visibilité des effets en dessous de 100 mSv. Il est en effet difficile d’observer des phénomènes statistiquement valables à une telle échelle. Le recours à une nouvelle manière d’évaluer les risques associés aux faibles doses s’impose. La biologie moléculaire permet, par exemple, de mesurer la réponse des cellules et d’identifier leurs mécanismes de réparation de l’ADN post-irradiation. Mais, à partir de quand et pour quelles doses ces modifications ont-elles un effet délétère ? L’expert Dietrich Averbeck, expert et consultant en radiobiologie auprès du CEA et de l’IRSN, répond : « Nous avons besoin d’associer les études épidémiologiques à des études des mécanismes biologiques et moléculaires mises en jeu. De plus, il nous faut une cohorte très importante sur laquelle DE L’ART DE MESURER LA RADIOACTIVITÉ Plusieurs unités de mesure sont utilisées pour exprimer la radioactivité. Le becquerel (Bq) caractérise l’activité d’un échantillon radioactif. Il correspond au nombre de noyaux radioactifs qui se désintègrent, en son sein, en une seconde. Les êtres vivants présentent tous une radioactivité, liée à la présence de radio-isotopes naturels : le potassium 40 ou le carbone 14 représentent pour l’homme une activité de l’ordre de 6 000 Bq. Le Gray (Gy) est l’unité qui quantifie la dose absorbée, c’est-à-dire la quantité d’énergie Salle d’irradiation UV des cellules où sont notamment étudiées les brisures et les cassures de l’ADN. reçue par unité de masse d’un organisme exposé à des rayonnements ionisants. Elle est utilisée pour en décrire les effets déterministes et précoces : brûlure, modification de la formule sanguine… Le Sievert (Sv) donne une évaluation du risque d’effets aléatoires de ces rayonnements, c’est-à-dire de type cancer, soit pour un tissu (notion de dose équivalente), soit pour l’organisme entier prenant en compte la radiosensibilité des différents tissus (notion de dose efficace). 9 » >



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