6 À la une PLUS D’INFORMATIONS SUR les défis du cea www.cea.fr novembre 2010 RADIOACTIVITÉ Les effets de la radioactivité, naturelle ou artificielle, demeurent mal connus à faible dose. Par mesure de précaution, leur observation et analyse sont indispensables. Dans un souci de santé publique, le CEA et plusieurs organismes de recherche ouvrent grand l’œil. TEXTE : Jocelyne Rajnchapel-Messaï et Aude Ganier ↖ LES EFFETS DES FAIBLES DOSES SOUS SURVEILLANCE Radioactivité naturelle liée aux rayons cosmiques, à certains éléments constitutifs de la Terre 1 ; radioactivité artificielle issue des activités industrielles, nucléaires ou non, des applications médicales… Nous sommes constamment exposés à des rayonnements ionisants, certes à des quantités considérées comme faibles car très inférieures à 100 millisieverts par an (voir encadré). À ces niveaux, les études épidémiologiques n’ont pas réussi à mettre en évidence d’effets délétères sur la santé, avec une signification statistique suffisante. Toutefois, en vertu du principe de précaution, cette absence ne permet pas d’exclure l’existence d’un risque. Les faibles doses sont dès lors placées sous haute surveillance. En particulier au CEA où leur étude est renforcée depuis les années 1990, au sein des programmes de recherche en radiobiologie, pour approfondir les bases biologiques de la radioprotection. Des recommandations internationales Au commencement des travaux sur la radioactivité, les chercheurs ne se méfiaient guère des rayonnements. Alors que la reconnaissance du premier cancer radio-induit date de 1901, il faut attendre plus de vingt-cinq ans pour que notes : 1. Uranium 238, thorium 232 et leurs descendants, dont le radium 226 et le radon. Rayonnements ionisants//Rayonnements qui produisent une ionisation des atomes de la matière qu’ils traversent. Cancer radio-induit//Cancer provoqué exclusivement par une irradiation, comme certaines leucémies. À l’inverse, des cancers comme celui de la thyroïde sont multifactoriels. L’absence d’effets délétères des faibles doses sur la santé ne permet pas d’exclure l’existence d’un risque. soit créée la Commission internationale de protection radiologique (CIPR), qui édite régulièrement des recommandations pratiques. Ce sont surtout les conséquences des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, en 1945, qui sensibilisent la communauté internationale : « Des études épidémiologiques sur des cohortes de ces villes ont fortement contribué à déterminer une valeur au-delà de laquelle il y a un risque significatif d’induction de cancers. Celui-ci a été établi pour des doses efficaces supérieures à 100 mSv », indique Florence Ménétrier, responsable de l’unité Prositon 2 au CEA. Ce seuil s’explique tout simplement par le fait qu’en deçà de 100 mSv, aucune pathologie n’a été observée. Aujourd’hui, la réglementation française en radioprotection fixe la limite de dose annuelle à 1 mSv/an pour le public, notes : 2. Unité d’expertise en radiotoxicologie et toxicologie à la Direction des sciences du vivant au CEA. Cohorte//Ensemble d’individus qui vivent un événement semblable au cours d’une même période et qui constituent un échantillon à analyser dans le cadre d’études statistiques ou épidémiologiques. Doses efficaces//Outil de gestion utilisé en radioprotection pour quantifier le risque d’effets aléatoires des rayonnements, type cancers. Le caractère aléatoire signifie que les effets n’apparaîtront pas chez tous les sujets. » > |